Pocket/Presses Pocket

ABECASSIS Agnès – Les tribulations d’une jeune divorcée

Réf: rf-p12551
2,00 € TTC
 Hors stock
Ajouter au panier
Description

Extrait

   Plus que cinq heures avant le grand rendez-vous (de ma vie) de ce soir.

   J’avais tellement de choses à faire pour retrouver apparence humaine après mes deux grossesses, que je ne savais pas par où commencer. Assise en pyjama sur le rebord de ma baignoire, je cogitais fébrilement.

   A mon avis, de quelle façon valait-il mieux que je m’épile ? Tandis que je parcourais du regard le mobilier de ma salle de bains, cette question me taraudait. Devais-je utiliser mon rasoir comme d’habitude, ou était-il raisonnable d’envisager de me lancer toute seule dans l’épilation de mon maillot à la cire, sans aucune formation d’esthéticienne (ni d’anesthésiste) au préalable ? Je laissais de côté l’éventualité de tenter un désherbage de mes poils à l’aide d’une crème à épiler. La seule et unique fois où j’en avais étalé sur cette zone, de petites touffes avaient vaillamment résisté, et je m’étais retrouvée avec un maillot comme atteint de pelade. Obligée d’attraper un rasoir pour finir le travail à la hache. Une horreur.

   Plongée dans ces réflexions d’une intensité dramatique, je farfouillais dans mes mèches pour y débusquer mes cheveux blancs et les arracher d’un coup sec. A seulement vingt-huit ans, je m’en fabriquais des kilomètres. En particulier ces derniers temps.

   Normal. C’est terrible, pour les nerfs, une rupture.

   Tenez, moi par exemple. Il y a à peine huit mois, je demandais mon mari en divorce.

   Je pensais que tout se passerait simplement. Et effectivement, ce fut le cas.

   Du moins au début.

   « Je veux divorcer. », lui avais-je déclaré un soir, coupant la parole à Claire Chazal qui monologuait toute seule dans un coin du salon. Assise face à Jean-Louis, les doigts croisés sous son menton, les coudes posés sur la table où nous étions en train de dîner, je ne le quittais pas du regard. Le souffle court, je guettais sa réaction.

   C’était la première fois que je lui proposais de divorcer, et j’espérai au fond de moi qu’il ne m’en voudrait pas d’avoir été si peu imaginative dans l’énoncé de ma déclaration. Pour le souvenir de ce moment unique dans nos vies, peut-être aurais-je dû lui jeter mon alliance à la figure ? Ou bien encore mettre un genou à terre et le supplier de dire « oui », en lui expliquant qu’il devait accepter car je pouvais très bien vivre sans lui ? Peut-être aurait-il fallu l’inviter dans un restaurant où j’aurais payé deux violonistes pour venir près de notre table jouer « Tout, tout, tout est fini entre nous », le tube planétaire de Lara Fabian ?

 

Extrait 2

   Aujourd’hui, de bon matin, j’ai attrapé mon papa par les lunettes, pour qu’il me conduise en voiture dans un grand magasin de meubles nordiques en banlieue parisienne. Dans la mesure où je n’ai pas mon permis, ni même assez de biscottos pour pouvoir porter des cartons d’un poids supérieur à celui d’une brique de lait, il me paraissait nécessaire d’être aidée par un homme.

   Et pour arriver à dénicher un étui de testostérone disponible un dimanche matin, prêt à vous aider gratuitement et sans contrepartie, mieux valait se rendre à l’évidence : il n’y en avait pas. Ou alors éventuellement mon frère Jonathan, le type qui, le week-end, n’ouvrait pas les yeux avant trois heures de l’après-midi, et n’émergeait pas de sous sa couette avant quatre. Donc non, vraiment, il n’y en avait pas.

   Il devenait alors inévitable de basculer sur le programme « allo papa au secours ».

   Ce programme consistait à culpabiliser l’auteur de vos jours en lui racontant les aléas de votre vie quotidienne afin qu’il vole à votre rescousse. Lui dire combien les hommes que vous rencontriez ne lui arrivaient décidément pas à la cheville, combien vous vous désespériez de trouver un jour un travail correct qui vous permette de vivre décemment et autres complaintes à propos de votre inaptitude chronique à vous en sortir toute seule.

   Pour parfaire le tout, il ne fallait pas hésiter à ponctuer généreusement chacune de vos phrases de la mention : « Alors que je suis seule avec deux enfants ».

   Cas pratique :

   Comparez l’impact de la phrase « Je suis fatiguée », avec celui de la phrase « Je suis fatiguée, parce que je suis toute seule avec deux enfants ».

   Dans le premier cas, tout le monde vous prendra pour une grosse feignasse qui se plaint.

   Dans le second cas, vous attirerez la sollicitude empressée de votre famille, vos amis et tout votre entourage. Vous verrez votre frigo se remplir miraculeusement de petits plats préparés par votre maman, qui en profitera également pour venir faire régulièrement le ménage afin de vous soulager. Votre papa vous proposera de vous conduire faire vos courses en voiture – ne vous laissant évidemment pas les payer. Et même ce lourdaud de Jonathan insistera pour vous faire (gratuitement) du baby-sitting, histoire que vous puissiez sortir rencontrer quelqu’un, si possible ayant une jeune sœur à balconnet bien garni.

    

 

Descriptif

Editions Pocket 12551 année 2006 ISBN 2266152718, bon état général, couverture souple, tranche et dos légèrement marqués et passés, intérieur assez frais, livre d’occasion broché format poche de 11,2x17,8 cm, 352 pages   

Produits pouvant vous intéresser