Julliard

AISTROP Jack – Lili Marlène

Réf: re-jcjalm
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Description

Traduit de l’anglais par Simone Jouglas

Extrait 1

   A cinq heures Willi frappa à la porte et entra, portant deux grands pots d’eau chaude qu’il plaça sous le lavabo. Les deux officiers américains étaient allongés sur leur lit, les yeux fermés. Willi remonta le store sans faire de bruit.

   - Quelle heure est-il Willi ? demanda Johnnie en ouvrant les yeux et en montrant sa montre pour appuyer sa question. L’heure ?

   Willi leva cinq doigts et Johnnie mit sa montre à l’heure après l’avoir remontée. Willi sortit sur la pointe des pieds. Il avait servi d’ordonnance à un colonel allemand et marchait encore comme un chat

   - Ah, il est cinq heures. Si nous voulons être prêts à l’heure pour ce souper, il faudrait peut-être commencer de bouger.

   Al se roula sur le côté et le regarda.

   - D’accord. Lave-toi le premier. Je vais nettoyer mes chaussures.

   - Willi  a nettoyé nos deux paires. Johnnie se leva et se dépouilla de sa chemise. Je n’aime pas dormir l’après-midi. Ça laisse un mauvais goût dans la bouche. Il était très élancé, et quand il enleva son tricot, ses omoplates saillirent. Mais il avait de longs muscles, un visage mince et long et une bouche généreuse. Allez, dit-il, debout mon gars.

   - OK, monsieur Sullivan, dit Al, se levant sans enthousiasme, et puis se rasseyant sur le bord du lit. Cette inaction me tue. Dormir l’après-midi.

   - C’est samedi, tu l’as oublié. Week-end anglais. Johnnie se rasait. Son rasoir électrique emplissait la chambre d’un bourdonnement paisible qui devenait un son quand l’instrument appuyait sur le visage du jeune homme. Il faudrait peut-être leur dire que nous ne serons pas là pour souper.

   - Bon. Mais à qui il faut le dire ?

   - Je ne sais pas. En Tous cas pas au colonel !

   Johnnie remit le rasoir dans son étui et commença à se laver. Al enlevait sans hâte sa chemise et son tricot.

   - Je vais prendre une douche, dit-il.

   - Où ça ?

   - Oh, flûte ! J’oublie toujours qu’il n’y en a pas ! Bon, alors sors de ce lavabo. Je vais me raser et me laver.

   - Tu peux te servir de mon électrique.

   - Non, merci. Ma barbe est trop dure. Il passa sa main sur son menton bleu, se rassit sur le lit, et prit une cigarette dans un paquet de « Camel ». Johnnie s’éloigna du lavabo tout en s’essuyant.

- Allez, dit-il, je me laverai les dents quand tu auras fini.

 

Extrait 2

   Lili rentra chez elle, lasse et affamée. Elle monta jusqu’à sa chambre et jeta son chapeau et son manteau sur le lit, puis elle descendit chez sa sœur. Elles partageaient leurs rations et mangeaient toujours ensemble. Leurs maris étaient tous deux dans un camp de prisonniers en Angleterre, du côté des Midlands.

   - ‘Jour Lisel, dit-elle. Y a quelque chose à croûter ? Je meurs de faim.

   Sa sœur l’embrassa.

   - C’est prêt. Le peu qu’il y a. Une goutte de soupe et un petit morceau de pain. Il faudra aller doucement avec les rations. Je n’arrive pas les faire durer.

   - Où est Yurgen ? demanda Lili. En train de jouer sur la berge ?

   - Oui, il est rentré et il m’a demandé s’il pouvait emporter son souper. Il a dit qu’il aimerait des sandwichs à la viande. Je te demande un peu : des sandwichs à la viande ! Il a toujours faim. Il devient maigre comme un coucou !

   Lili s’assit et attendit que Lisel arrivât avec la nourriture.

   Elles étaient jumelles mais leur aspect physique était aussi différent que possible. Lili était une grande blonde élancée. Lisel était une petite boulotte aux cheveux châtains. On eût dit que Lili était venue au monde la première et qu’elle avait pris toute la beauté et toute la grâce au détriment de Lisel. Leurs natures étaient différentes que leur aspect. Lili vivait au jour le jour sans plus penser au passé qu’à l’avenir. Lisel vivait surtout dans le passé avec des incursions craintives dans l’avenir. Lili était aimée dans l’Ile : elle était habile aux travaux d’aiguille ; capable de raccommoder, de retourner, de refaire, de tailler, de faire des manteaux dans les couvertures militaires, de réparer ce qui semblait au-delà de tout espoir de réfection. Elle chantait aussi, depuis les airs de danse jusqu’aux airs d’opéra. Elle parlait assez bien l’anglais avec des éclipses soudaines au cours de son travail. Lisel ne possédait aucun talent de société. Elle était encore capable de faire la cuisine et le ménage, mais la guerre avait été au-dessus de ses forces, et depuis longtemps elle avait commencé à se laisser aller ; elle pleurait trop et trop souvent. Elle serait devenue une véritable souillon si son cœur chaud et compatissant ne s’était arrangé pour gagner chaque bataille livrée par son apathie et son dégoût. Elle adorait son mari et Yurgen et Lili. Elle aimait les enfants et tous ceux qui lui montraient quelque sympathie.

 

Descriptif

Editions Julliard collection Capricorne année 1948, état général moyen, jaquette, couverture souple, tranche et dos moyennement marqués et passés, pages jaunies, livre d’occasion broché grand format de 14,5x19,3 cm, 240 pages   

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