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ALEXANDER Bruce – La nuit des contrebandiers

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Description

Titre original « Smuggler’s moon » Bruce Alexander, 2001.

Traduit de l’américain par Jean-Noël Chatain

Extrait 1

   Il fallut plus d’une journée de voyage pénible pour nous conduire à Deal. Comme prévu, la voiture à quatre chevaux de lord Mansfield nous attendit à la fin des audiences de sir John. Le sergent de ville Perkins et moi tendîmes nos sacs et valises au cocher, qui les rangea et les arrima au-dessus du véhicule, comme il sied avec toute diligence. Ce qui nous laissa davantage de place pour être brimbalés à l’intérieur. Si je suis certain que le conducteur s’acquitta à merveille de sa tâche pour traverser Londres, il ne put visiblement pas s’empêcher de lancer les chevaux dès lors que nous nous retrouvâmes sur la grand-route. En conséquence, après avoir eu des heures durant nos fondements éreintés, nous fûmes ravis de descendre à une auberge quelque part au-delà de Chatham, laquelle nous avait été recommandée par le président de la Haute Cour.

   Le lendemain, ce fut toutefois un peu différent. Peut-être nous étions-nous habitués à être secoués de la sorte, à moins que nos arrière-trains ne se fussent endurcis ou encore (bien que cela se révélât peu probable) le cocher avait-il eu pitié de nous et ralenti l’allure de manière appréciable ?... quoi qu’il en fût, le confort de notre voyage se révéla tel qu’il nous fut en vérité possible de converser. Cela dut commencer quand nous roulâmes moins vite pour traverser Canterbury. Clarissa observa que c’était la première ville fortifiée qu’elle voyait. Toujours prêt à l’emporter sur elle, je contrai alors que Londres elle-même était une cité fortifiée… ou l’avait été. Lorsque Clarissa réagit pour défier mes propos, sir John régla l’affaire en déclarant que c’était en effet vrai, mais que tant de siècles s’étaient écoulés depuis qu’à sa connaissance il ne restait presque plus aucun vestige de remparts.

   Puis, sans doute pour éviter de nous voir nous chicaner plus avant, le magistrat interpella le quatrième passager, en l’arrachant à une somnolence agitée.

   - Monsieur Perkins, dit-il, que pouvez-vous nous dire de ce territoire où nous nous rendons. En ce qui me concerne, le Kent de l’Est n’est qu’une terra incognita.

   - Terra quoi ?

   - Oh, ce n’est qu’une expression signifiant « terre inconnue ». Veuillez m’excuser d’avoir eu recours au latin, je vous prie.

   - Bien sûr, monsieur.

   Puis comme il était enfin pleinement réveillé, le sergent de ville porta son regard sur nous tous et reprit :

   - Vous souhaiteriez donc en savoir plus sur le Kent de l’Est, alors ? Pour commencer, vous savez comme on l’appelle, n’est-ce pas ?

 

Extrait 2  

   - Entendu, monsieur. Pour l’essentiel, j’ai dit que moi, avec mon unique bras, je valais davantage que n’importe lequel d’entre eux… non, mieux encore, que tous les trois.

   - Cela avait-il valeur de défi ?

   - Je ne pense pas, monsieur. J’énonçais de simples faits.

   Malgré lui, le magistrat esquissa un sourire.

   - Poursuivez.

   - Eh bien, c’est alors que tous les trois se sont rapprochés et se sont mis à chuchoter entre eux. Puis, tout en faisant quelques remarques désobligeantes et deux ou trois gestes grossiers, ils ont quitté La Tête de Turc, et je me suis dit : » Bon débarras ! » Ma foi, je suis resté là-bas jusqu’à ce que je finisse ma bière et que je décide qu’il soit temps de m’en aller. Et en sortant, monsieur, je les ai trouvés au-dehors qui m’attendaient. L’un d’eux a dit : » On veut juste voir si tu es aussi vaillant que tu le penses. » Et, en toute modestie, monsieur, je crois le leur avoir prouvé. Encore un détail : je suppose que je ne me suis pas battu loyalement… ou disons, pas comme à l’accoutumée. Mais comme je n’ai qu’un bras, je crois avoir droit à une certaine liberté d’action en la matière. Certes, oui, j’ai flanqué des coups de tête et des coups de pied aussi – en vérité, je suis doué pour les ruades -, mais ils étaient trois et moi tout seul.

   - Vous pouvez vous rasseoir, monsieur Perkins. Agent Trotter, voulez-vous avancer, je vous prie ?

   Le sergent de ville obtempéra à la demande de son chef ; il prit place devant lui, les pieds bien plantés au sol, le couvre-chef sous le bras.

   - Voudriez-vous nous livrer votre compte rendu dès l’instant où vous êtes parvenu sur les lieux ?

   - Oui, monsieur.

   Il s’éclairci la voix et commença son récit. A dire, il n’avait pas grand-chose à ajouter, car à son arrivée les trois fauteurs de troubles de La Tête de Turc étaient tous étendus sur le trottoir, gémissant de douleur ou plongés dans un silence pantois. En fait l’agent trotter aurait pu prendre M. Perkins pour l’un des badauds rassemblés devant l’estaminet, sauf que lorsque l’un des membres du trio avait remué et tenté de se lever, le « manchot » (tel que le gardien de la paix le décrivit) s’avança et lui décocha un vif coup de pied dans l’arrière-train. Ayant vu cela, il saisit M. Perkins par l’épaule et sa matraque prête à servir, lui demanda s’il était responsable de tout cela.

 

 

Descriptif

Editions 10/18 Grands Détectives 3498 année 2003 ISBN 2264035668, bon état général, couverture souple, tranche et dos légèrement marqués et passés, intérieur assez frais, livre d’occasion broché format poche de 11x18 cm, 336 pages   

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