Fayard

ARNAUD André – Pierres de sang

Réf: pt-fpaaps
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Description

Extrait 1

   En arrivant rue Baudricourt, Mattei fut frappé par l’élégance sobre de la boutique d’antiquités. Les objets d’art, peu nombreux, mais élégants, étaient disposés avec harmonie, si bien que l’espace en réalité restreint en paraissait agrandi.

   Derrière un étroit comptoir en forme de vitrine exposant des bijoux et des colifichets asiatiques, Nguyen Duc était assis, plongé dans la lecture d’un quotidien du matin. Il leva la tête à l’entrée de l’inspecteur, sans manifester de surprise particulière.

   « Rebonjour, inspecteur. Pour être franc, je m’attentais à votre visite à bref délai. Mais je ne l’imaginais pas aussi rapide. J’en conclus que l’affaire est particulièrement grave, est-ce que je me trompe ? »

   Mattei hocha la tête. Il fallait qu’il livre au moins un bout d’explication.

   « Nous n’avons aucune nouvelle de l’homme qui vous a remis cette enveloppe hier.

   - Cet homme qui était censé vous prévenir de ma venue ?

   Mattei acquiesça.

   « Et vous craignez de plus en plus qu’il lui soit arrivé quelque chose de très fâcheux… Je comprends… Je reconnais que son comportement, hier, ici même, a de quoi accréditer cette hypothèse.

   - Justement. J’aimerais revoir avec vous le déroulement de toute la scène. Peut-être pourrons-nous en tirer une indication, une direction de recherche ?

   - A votre disposition, inspecteur. »

   Il tira deux chaises auprès d’un gracieux guéridon. Sur la tablette laquée, il posa un panier d’osier contenant un rembourrage où s’encastrait une théière en terre vernissée.

   « Voulez-vous du thé ? dit-il. J’en bois toute la journée. Cet objet matelassé permet de le maintenir au chaud pendant des heures. Une version asiatique de la marmite norvégienne, en quelque sorte. »

 

Extrait 2  

   Sarun se retourna, faisant grincer le lit de fer. Il essaya de se lever, fit quelques pas, tituba et dut se rasseoir sur le bord de la couche étroite. Dieu, qu’il se sentait mal ! Il ne parvenait pas à se débarrasser de cette horrible nausée qui lui crispait l’estomac. Sa tête aussi était douloureuse. En y portant la main, il avait senti, sur le côté droit, ses cheveux collés par un liquide séché, épais, du sang évidemment. Il avait tâté la blessure et s’était rendu compte, avec un certain soulagement, qu’elle était superficielle.

   Combien de temps avait-il passé dans cet état ? Plusieurs heures devaient s’être écoulées depuis qu’il était revenu à la conscience, mais il n’aurait pu le dire avec exactitude, étant retombé à plusieurs reprises dans des accès de somnolence.

   Il resta assis longtemps, l’esprit vide, incapable de garder les yeux ouverts pendant plus de quelques secondes sans être repris par les nausées.

   Ces nausées… Elles étaient insupportables, lui donnaient l’impression qu’il allait mourir, lui donnaient l’envie de mourir… Il fallait qu’il leur échappe, qu’il rassemble les débris de sa volonté et les surmonte… Dans le flou de son cerveau, l’idée s’installait en force, ne laissant place à aucune autre pensée.

   Il garda les yeux fermés et entreprit de concentrer toute sa conscience sur la sensation pénible qui lui vrillait l’estomac. Ce fut difficile, infructueux d’abord, puis à mesure qu’il reprenait ses esprits, qu’il pouvait contrôler et maintenir son effort, la vieille méthode des moines bouddhistes commença de faire son effet. Le malaise se calma peu à peu et disparut. Il joignit les mains sous son menton, et eut une pensée de reconnaissance posthume pour son père, qui l’avait envoyé, vingt-trois ans auparavant, s’initier, comme tous les enfants cambodgiens de l’époque, aux secrets et aux mystères de la vie des pagodes du Cambodge.

   Il, des yeux le tour de la pièce. Une table, une chaise et une petite armoire constituaient, avec le lit de fer, le plus clair du mobilier. Il y avait deux portes. L’une ouverte, donnait sur un minuscule cabinet de toilette réduit au strict minimum. L’autre, fermée, était de toute évidence la porte d’accès à la chambre. Le jour venait d’une imposte au-dessus de cette porte, et l’on pouvait voir, de l’autre côté, des feuillages agités par le vent… Sarun prêta l’oreille et se rendit compte qu’aucun bruit de circulation, aucune rumeur de grande ville ne parvenaient jusqu’à lui. Il en conclut qu’il devait se trouver en dehors de Paris, dans un lieu isolé. Pourquoi ? Pourquoi l’avaient-ils amené ici ?

 

Descriptif

Editions Fayard poche année 1999 ISBN 2213604053, Bon état général, couverture souple, tranche et dos un peu marqués et passés, intérieur assez frais, livre d’occasion broché format poche de 11,2x17,8 cm, 318 pages   

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