Fayard

BALASKO Josiane - Cliente

Réf: rf-fjbc
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Description

Extrait 1

   Le problème chez Maggy, c’est l’épaisseur des cloisons. Maggy et Karine se partagent la chambre d’à côté. D’habitude je fais attention, mais des fois, je peux pas me contrôler, je manifeste. Comme ce soir. Je jouis, je manifeste. Un coup contre la cloison. Fanny posa sa main sur ma bouche. Je me dégage.

   - J’en ai marre de faire ça en silence !... Ça te fait pas chier, toi ? Ce serait pas mieux si on pouvait faire autant de bruit qu’on veut ? C’est comme si on s’empêchait de rire !

   - Je sais bien, mais faut faire avec… Donne-moi un baiser.

   Ce que je fais et refais et re-refais. Elle est blottie dans mes bras, on parle tout bas comme à l’église. On est yeux dans les yeux, elle me chatouille la paupière avec ses cils.

   - Heureusement qu’on a pas de loyer à payer en plus… Comment on ferait avec les traites de la boutique ?... Comment on ferait ?

   C’est sûr que je peux pas faire plus que ce que je fais. Ça serait dangereux.

   Bien obligés de rester chez Maggy. Dans la chambre de Fanny, avec le papier peint décoré nuages et l’abat-jour en broderie anglaise, avec les étagères recouvertes de jouets en peluche. Bien contents que Maggy nous accepte.

   - Tu crois qu’on va y arriver ? chuchota Fanny.

   - Evidemment… Il nous reste quoi ?... Huit mois à tenir ?

   - Dix.

   - On a fait le plus dur… Après on se trouve un appart !

   - Même un studio… Au début…

   - Non, un appart’, un vrai… Moi je veux un vrai appart’. Au moins deux pièces. On sera chez nous…

   Et je rajoute pour moi-même : « et j’aurais plus à mentir ». Bientôt.

   Fanny s’est endormie contre mon épaule. Elle est belle. C’est la fille la plus douce que je connaisse. C’est l’amour de ma vie.  

 

Extrait 2

   Et voilà, c’est arrivé. J’aurais voulu la rattraper, mais je suis resté planté sur le seuil de la chambre, à poil dans le peignoir éponge. Ma cliente m’a bousculé pour sortir, en me lançant qu’elle n’avait jamais vu ça et qu’elle aurait mieux fait de passer par une agence. J’étais dévasté, j’arrivais même plus à penser. Ou plutôt je pensais qu’à un seul truc : j’allais perdre Fanny. Je l’avais perdue.

   Tout seul dans la chambre, je me suis bourré la tête de coups de poing et je me suis mis à chialer sur le lit. Puis je me suis dit que tout n’était pas perdu, qu’il me restait encore une chance, une chance qu’elle m’aime suffisamment pour me pardonner. J’ai jamais mis aussi peu de temps pour aller chez Mémée. Je conduisais comme un malade. J’ai eu du pot de pas avoir d’accident. Je me suis douché, changé à toute pompe. Il s’était passé à peine deux heures depuis l’instant où Fanny avait sonné à la porte de la chambre.

   Quand j’ai déboulé à la maison, Maggy qui faisait du repassage, m’a regardé d’un sale œil. Karine était en train de recharger sa caméra. Pas de Fanny en vue.

   - Fanny est là ?

   - Dans sa chambre. Je sais pas ce qu’il s’est passé mais je l’ai jamais vue dans un état pareil, m’a répondu Maggy d’un ton glacial.

   J’ai bondi sur la porte, mais elle était fermée de l’intérieur.

   - Ouvre-moi, Fanny ! S’il te plaît !

   Karine s’est remise à filmer. Enfin quelque chose d’intéressant. De l’intérieur Fanny a crié qu’elle voulait plus me voir, que je foute le camp.

   - Il faut que je te parle, Fanny ! S’il te plaît !

   Maggy s’est arrêtée de repasser. J’ai tambouriné contre la porte. Maggy s’est levée en criant que j’étais un malade et que j’allais défoncer la porte. Mais je l’entendais même pas et je continuais à taper.

   Finalement la porte s’est entrouverte sur Rosalie, l’air hostile. Je suis entré dans la chambre, en refermant la porte au nez de Karine.

   - Qu’est-ce qui t’as pris d’aller coucher avec une vieille ? m’a lancé Rosalie.

   Elle est retournée près de Fanny, qui était couchée en chien de fusil sur le lit, et qui a détourné son regard dès qu’elle m’a vu.

   - Fanny…

   Elle s’est redressée un instant, son visage était gonflé de larmes.

   - Fout le camp d’ici ! Tu me dégoûtes !

   J’ai eu une seconde l’envie de partir, de me cacher, d’aller me bourrer la gueule et de plus penser à rien. C’était la dernière chose à faire. Je regardais Fanny sangloter dans les bras de Rosalie qui la berçait comme une enfant. Je me suis assis au bord du lit, Fanny s’est blottie au maximum contre Rosalie. Rosalie me regardait en hochant la tête, elle avait l’air navré.

 

Descriptif

Editions Fayard année 2004 ISBN 2213617473, bon état général, couverture souple, tranche et dos un peu marqués et passés, intérieur assez frais, tranches des pages moyennement salie, livre d’occasion broché grand format de 13,7x21,7 cm, 288 pages

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