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BAYARD Georges – Michel maître à bord

Réf: j-hbv244
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Description

Illustrations de Philippe DAURE

Extrait 1

   Michel et Daniel se bousculèrent un peu lorsqu’ils franchirent la porte de l’abri de navigation pour suivre les deux marins.

   Ceux-ci, sur le pont, scrutaient le ciel bas, les mains en visière. Un ciel où pétaradait un moteur. Le vrombissement précéda de peu la vision fantomatique d’un petit avion de tourisme, bleu et blanc, si bas que l’on put craindre qu’il allait accrocher les mâts au passage.

   Il apparut dans une sorte de transparence, à travers la brume molle et la fine poussière de pluie.

   Son unique moteur crachait des flammes ; des ratés, des explosions donnaient l’illusion d’une arme, en train de tirer.

   « Les malheureux ! balbutia le commandant. Ils n’iront pas loin. »

   Michel et Daniel échangèrent un regard angoissé. Le second, lui, paraissait étrangement indifférent.

   « Vous voulez dire que cet appareil est perdu, commandant ? demanda Michel.

   - Il va vraiment tomber à la mer ? poursuivit Daniel.

   - Je le crains, garçons, je le crains ! répondit le marin. Est-ce qu’on a idée, aussi de faire du rase-flot, par un temps pareil ? Ce pourrait bien être un appareil perdu. Il doit chercher la côte, mais dans cette crasse ! Et il n’a sûrement pas la radio ! Sinon, Trèvier aurait capté un SOS depuis un moment déjà ! »

   Le bruit s’atténua, mourut. L’avion avait disparu dans les nuages.

   « Si seulement le pilote nous avait aperçus ! grommela Porion. En amerrissant à côté de nous, il avait une chance qu’on puisse aller le repêcher !

   - Faible chance, monsieur Porion ! riposta le commandant. Voudriez-vous aller dire au lieutenant Trévier d’envoyer un message pour signaler cet avion désemparé… volant… sur-sud-est, je pense. Je doute que cela serve à quelque chose mais si cela n’autorise qu’un petit espoir d’obtenir du secours à ce malheureux, je… »

   Le commandant Pamier s’interrompit. Porion s’éloignait déjà. Il n’avait pas fait deux pas : le vrombissement redevint perceptible, de plus en plus proche.

   « Attendez ! » hurla Pamier.

   En même temps, il filait vers l’abri de navigation et plaçait la manette du transmetteur d’ordres en face du STOP.

 

Extrait 2

   La cloche de la passerelle venait de piquer deux coups. Elle marquait ainsi la fin de la première heure du troisième quart. Il était donc bien vingt et une heures.

   Michel n’avait pas eu besoin de consulter sa montre.

   Il s’étira, savoura l’agréable sentiment de bien-être, de sécurité, surtout procuré par l’idée que, sur le cargo, des marins veillaient. Au moins celui qui venait de tirer la corde de la cloche.

   Il se reprocha aussitôt cette pensée égoïste.

   « Bah… ceux qui veillent maintenant iront se reposer aussi, une fois leur quart achevé », se dit-il.

   Le cargo poursuivait sa route, sud-sud-ouest, avec cette régularité des bêtes de somme qui, sans autre intervention de leur conducteur, connaissent imperturbablement le chemin routinier, d’un point à un autre.

   Michel soupira et, de nouveau, s’endormit.

   Des marins veillaient, en effet.

   Des marins qui pensaient à l’incident de l’avion, comme à une histoire pittoresque à raconter dans la prochaine lettre à leur famille, et aussi à des auditeurs complaisants dans les cafés de l’escale.

   Sur la passerelle, l’homme de vigie se tenait près de la cloche ; l’homme de barre, dans la timonerie vaguement éclairée par la petite lampe du compas, surveillait la rose des vents. Dans l’abri de navigation, le commandant Pamier attendait sans impatience la relève du lieutenant, en somnolant un peu.

   Dans sa cabine, le radio luttait, lui aussi, contre le sommeil. Une minuscule ampoule verte symbolisait, dans le réduit sombre, le lien que l’appareil émetteur constituait avec le monde extérieur ; à la fois celui des terriens, mais aussi celui des autres bâtiments en mer.

   « Et même des aviateurs », pensa-t-il.

   Le lieutenant Porion, avant de monter relever le commandant, venait de boire un ultime café, à la cuisine, et prenait le frais sur le pont. Il se donnait un peu l’illusion d’être le maître à bord.

   « Comme cela devrait être », se répétait-il, amer.

   Dans la machinerie, deux autres marins veillaient, un graisseur et un nettoyeur. Mais c’était presque inutile : la machine ne donnait aucun souci. Ses révisions fréquentes, les vérifications de l’officier mécanicien, Rancier, mettaient le cargo à l’abri de toute surprise, de ce côté-là.

   Brave et bon navire, le Trépan filait ses dix nœuds, à travers une mer encore agitée, sur laquelle tombait toujours la petite pluie tiède du grain.  

 

Descriptif

Editions Hachette Bibliothèque Verte 244 année 1970, état général moyen, couverture rigide, tranche et dos moyennement marqués et passés avec de petits accrocs sur les coins, pages jaunies, livre d’occasion relié format poche de 12,3x17,2 cm, 252 pages   

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