Extrait

   Voici bientôt vingt ans, James Burnham, dans un ouvrage qui devait connaître un grand retentissement et être traduit dans toutes les langues, L’ère des organisateurs, prédisait l’avènement d’une société technocrate mondiale, contrôlée par un groupe de « directeurs » détenant les véritables pouvoirs, c’est-à-dire décidant de l’emploi des moyens de production et des hommes et imposant leurs vues aux capitalistes comme à l’ensemble des travailleurs.

   La prédiction de Burnham est-elle en train de se réaliser en France ? La question est d’actualité : la solution technocratique du problème du pouvoir, à peine soupçonnable en 1941, a aujourd’hui ses partisans et ses détracteurs. Elle fait l’objet de discussions passionnées.

   Il ne s’agit d’ailleurs déjà plus d’une querelle d’école : les « directeurs » représentent désormais dans notre pays une force considérable ; ils occupent dans les cabinets politiques, les administrations, l’armée, le secteur nationalisé, les affaires, des postes-clés qui leur confèrent un rôle prépondérant dans l’élaboration des décisions qui régissent l’avenir économique et social du pays.

   On conçoit que le progrès technique, l’expression économique, la nécessité d’une organisation accrue de la production aient considérablement facilité la montée du pouvoir technocratique en France depuis 1944. Les circonstances politiques n’y ont-elles pas aidé aussi ? Et ne s’est-il pas constitué entre les technocrates un esprit de corps qui facilite leur ascension sociale et étend sans cesse leur pouvoir ? C’est là une des premières questions auxquelles ce petit ouvrage s’efforce d’apporter des éléments de réponse.

   Mais là n’est pas le point le plus important : il s’agit surtout de déterminer si, face au pouvoir politique, la technocratie constitue déjà ou peut devenir un jour prochain le pouvoir dominant dans un pays comme la France dont les structures sont restées capitalistes et qui compte encore d’importants secteurs rebelles à l’organisation et à un progrès technique rapide.

Descriptif

Editions Presses Universitaires de France Que sais-je ? 881 année 1960, état général correct, quelques traces de stylo billes, couverture souple, tranche et dos passés, pages jaunies, livre d’occasion broché format poche de 11,5x17,7 cm, 128 pages