Fleuve Noir

BREHAL Marc – Kergan ne s’endort pas

Réf: esp-fnesp51
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Description

Extrait 1

   Philippe de Kergalane boucla sa dernière longueur de bassin et jaillit hors de l’eau sur sa lancée, après avoir pris appui des deux mains sur le rebord de ciment, dans un mouvement tellement rapide, tellement enchaîné avec son dernier mouvement de crawl, qu’il était passé pratiquement inaperçu.

   Un coup d’œil au chrono géant fixé au fronton de la piscine couverte. Si les Suisses avaient toujours la même réputation au sujet de leur horlogerie, le temps pour un mille mètres était parfaitement honorable !

   - Fantastique !

   Kergan se retourna, sourit à la jeune femme blonde qui venait de laisser échapper cette exclamation. Elle avait le droit de donner son avis. Un avis de connaisseuse puisqu’elle était monitrice de natation, responsable pour l’heure de la sécurité à l’intérieur de la piscine.

   Elle lança une serviette-éponge à Kergan et inclina légèrement la tête sur le côté droit, visiblement songeuse.

   - Je vous donnais perdant dès la dixième longueur de bassin, monsieur Kergalane, dit-elle.

   Snas chercher à dissimuler une certaine admiration.

   Kergan se frictionna vigoureusement, restitua la serviette à sa légitime propriétaire et murmura :

   - J’ai failli abandonner bien avant la dixième longueur !

   Ses yeux verts riaient. Il les riva à ceux de la jeune femme, engloba du même regard ses épaules rondes, et ses muscles longs et arrondis qui sont le propre des professionnels de la natation, puis acheva :

   - Quand je vous ai aperçue sur le bord du bassin, je me suis sincèrement demandé si je n’allais pas couler à pic !... M’auriez-vous secouru, miss Carel ?

   - Certainement pas ! Il est certains risques qu’une femme fidèle à son mari doit éviter de prendre !

   Kergan la regarda tourner les talons et esquissa une grimace amusée. C’était cela, l’ennui avec cette fille ; elle était mariée.

   Et au Québec, on ne plaisante généralement pas avec l’adultère !

   Kergan soupira et se dirigea vers les vestiaires. Il profitait souvent de l’heure de midi pour s’entraîner un peu, afin de ne pas perdre son éblouissante forme physique, et il y avait peu de monde dans les installation modernes et claires.

 

Extrait 2

   La pression du doigt de Kergan sur le bouton de la sonnette déclencha à l’intérieur du bungalow un carillon mélodieux.

   Pendant un peu plus d’une minute, ce fut la seule réaction appréciable et Kergan décida de renouveler sa tentative. Cette fois, il laissa le doigt sur le bouton. Après tout, Sebina Irouyou avait peut-être le sommeil lourd !

   Il entendit un léger bruit de l’autre côté de la porte, et une voix inquiète et un rien ensommeillée demanda :

   - Qui est là ?

   Une question somme toute assez pertinente étant donné les circonstances !

   - Philippe de Kergalane, répondit Kergan. Je suis chargé d’enquêter sur la mort de Walter Nyanda.

   Premier temps : une ampoule s’alluma au-dessus de la porte, et il comprit que la jeune femme l’observait par le truchement d’un judas optique. Deuxième temps : l’examen dut être satisfaisant car le battant s’ouvrit sur une apparition des plus inattendues. Sebina Irouyou était enveloppée dans ce qui devait être tout simplement un morceau de la moustiquaire, ou à la rigueur un drap d’une extrême finesse. Ça ne cachait finalement pas grand-chose de ses charmes naturels et généreusement distribués par une nature pas avare pour deux sous, mais ça faisait au moins la preuve d’intentions pures, au départ !

   Ouais… Enfin, presque pures. Cette garce devait connaître très exactement le pouvoir des charmes en question sur la gent masculine, et elle aimait sans doute jouer avec le feu.

   - Enquêter sur la mort de…

   Elle inclina légèrement la tête sur le côté droit. Il y avait quand même un peu d’orage dans les yeux sombres, légèrement étirés vers les tempes.

   - Vous enquêtez toujours à des heures aussi bizarres, monsieur de Ker…heu…

   - Kergalane, miss, sourit Kergan. Mais vous pouvez m’appeler Philippe, ou Phil, ou même encore Kergan. Je réponds toujours à ces quatre noms !

   - Mais pas aux questions qu’on vous pose, renvoya-t-elle avec une impertinence calculée. Enfin, vous pouvez entrer quand même.

   Elel désigna sa tenue légère, précisa :

   - Je couche toujours nue, alors j’ai pris ce qui me tombait sous la main quand vous avez sonné.
   Tout simplement ! Elle avait le réveil plutôt gai, la petite Sebina ! Si Kergan avait espéré un état semi-comateux pour obtenir des réponses sans arrière-pensées, c’était raté. Elle semblait parfaitement maîtresse de ses réactions.

 

Descriptif

Editions Fleuve Noir Espiomatic 51 année 1975, état général assez bon, couverture souple, tranche et dos un peu marqués et passés, pages jaunies, tranches des pages moyennement salies, livre d’occasion broché format poche de 11,2x17,8 cm, 224 pages

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