Extrait

   Quatre jours se sont écoulés.

   C’est durant cette période que je me suis aperçu qu’il était difficile, voire impossible, à un apprenti de ne pas être sorcier.

   Que se passait-il en moi ? Je sentais rôder quelque chose qui ressemblait à un danger… qui était toutefois suffisamment vague et brouillé pour que je décide, mais était-ce vraiment une décision, de ne pas lui conférer une importance m’entraînant à arrêter l’expérience.

   Des racines se raccourcissaient sous l’effet d’une pulvérisation d’ordre chimique. Et alors ?

   Il n’y avait pas là de quoi baliser.

   Quant à l’épisode des oiseaux morts, il n’avait aucun lien rationnel avec le reste. Simplement une coïncidence, voilà tout. Le soir même où les pulvérisations aveint débuté, des oiseaux sans doute empoisonnés par des voisins étaient venus mourir sur ma fenêtre où ils avaient l’habitude de se tenir, l’un d’eux avait eu la tête arrachée par un obstacle en venant s’abattre contre la vitre.

   J’ai donc continué à asperger consciencieusement de produit le rosier bagué.

   Pourquoi est-ce que le fais en douce ? Pourquoi est-ce que je n’en parle pas à Hélène ? Qu’est-ce qui me trouble et me gêne ?

   Aucune nocivité dans le liquide utilisé. Si j’ignore les proportions de ses composants, je les connais et j’ai suffisamment de lumières sur leurs effets pour savoir qu’ils ne peuvent présenter aucune dangerosité pour l’humain et l’animal. Moins dangereux que n’importe quel pesticide dilué au cent millième. J’avais bien sûr pensé à la possibilité que ce soient les vapeurs dégagées par les gouttelettes qui puissent être mortelles pour les moineaux. Impossible.

   Alors pourquoi cette inquiétude ? Je ne me l’explique pas.

   Nous arrivons à la nuit du 27 mars.

Descriptif

Editions Albin Michel année 2003 ISBN 2226137947, bon état général, couverture souple, jaquette, tranche et dos un peu passés et marqués, intérieur assez frais, livre d’occasion broché grand format de 14,2x20,7 cm, 292 pages