France Loisirs

COBEN Harlan – Faux rebond

Réf: pt-flhcfr
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Description

Titre original « Fade away » Harlan Coben, 1996.

Traduit de l’anglais par Martine Leconte

Extrait 1

   Ridgewood est l’une de ces banlieues ultrarésidentielles, petit paradis préservé qui se prend pour un village, où quatre-vingt-quinze pour cent des jeunes vont à l’université et n’ont pas le droit de fréquenter les cinq autres pour cent. Il t a, bien sûr, un petit lotissement de pavillons préfabriqués, mais en périphérie. Ridgewood, malgré tout, demeure un lieu privilégié où les villas datent d’une époque soi-disant bénie.

   Myron n’eut aucun mal à trouver la maison des Downing. Style victorien. Vaste et cossue mais sans ostentation. A gauche, l’incontournable tourelle au toit pointu. Tout autour, des vérandas, avec balancelle et rocking-chair, façon Alabama et Scarlett O’Hara. Une bicyclette d’enfant reposait négligemment le long d’un mur, à côté d’une luge parfaitement incongrue – il n’avait pas neigé depuis au moins six semaines. Au-dessus du garage, l’inévitable panier de basket, un peu rouillé, un peu mité. L’allée était bordée de vénérables chênes postés telles des sentinelles un tantinet blasées veillant depuis des siècles sur une forteresse de carton-pâte.

   Win n’était pas encore arrivé. Myron se gara et abaissa sa vitre. Mi-mars. Froid sec, ciel azur. Quelques oiseaux pépiaient, annonçant le printemps. Myron tenta d’imaginer Emily dans ce décor. En vain. Ça ne collait pas. Il la voyait plutôt au quarantième étage d’une tour new-yorkaise, ou dans l’une de ces résidences de Long Island tapissées de faux marbre et de trop nombreux miroirs. D’un autre côté, ça faisait dix ans qu’il l’avait perdue de vue. Elle avait peut-être changé. Ou bien c’était lui qui l’avait mal jugée, à l’époque. En matière de psychologie féminine, il n’en était pas à son premier échec.

   Ça lui faisait tout drôle de se retrouver à Ridgewood après toutes ces années. Jessica avait grandi ici et refusait d’y remettre les pieds. Mais c’est curieux, la vie : les deux femmes qui avaient le plus compté pour lui – Jessica et Emily – avaient en commun Ridgewood, cet étrange microcosme. Ça et tout le reste, comme le fait d’avoir un jour rencontré Myron, de lui vaoir tapé dans l’œil, d’être tombées amoureuses de lui, puis de lui avoir piétiné le cœur sous leurs talons aiguilles, comme une tomate bien mûre. Oui, ainsi va la vie.

   Emily avait été son premier grand amour. Première année à la fac. Un peu tard pour perdre sa virginité, à en croire les copains. Mais s’il y avait effectivement eu une révolution sexuelle pour les teenagers américains à la fin des années 70, Myron était passé complètement à côté. Il avait du succès auprès des filles, là n’était pas le problème. Mais tandis que ses potes se vantaient de leurs exploits et racontaient dans les moindres détails leurs soirées orgiaques, Myron semblait toujours tomber sur des oiseaux rares, des jeunes filles bien qui disaient non. Encore eût-il fallu qu’il osât poser la question cruciale. Chez toi ou chez moi ?

 

Extrait 2  

   Myron réussit à convaincre Joe et Bone de ne pas appeler la police. Ce ne fut pas bien difficile : la plupart des gens sont réticents à l’idée d’avoir recours aux forces de l’ordre, même quand ils n’ont rien à se reprocher. Ils le mirent dans un taxi sans poser de questions.

   Le chauffeur portait un turban et écoutait de la musique country. C’est ce qu’on appelle le multiculturalisme. Myron lui indiqua l’adresse de Jessica à Soho et s’effondra sur les coussins déchirés. Le chauffeur n’avait pas l’air d’avoir envie de faire la conversation. Tant mieux.

   Myron compta mentalement ses abattis. Rien de cassé. Juste quelques côtes fêlées, il s’en remettrait. Quant à la tête, c’était une autre affaire. Du Tylenol associé à de la codéine le soulagerait pour ce soir. Demain matin il passerait à quelque chose de plus fort. En cas de trauma crânien, le mieux est d’essayer de contrôler la douleur et de laisser faire le temps.

   Jessica vint lui ouvrir la porte en peignoir – ce qui, comme d’habitude, fit grimper sa tension artérielle, malgré le piteux état dans lequel il se trouvait. S’abstenant de tout reproche, elle lui fit couler un bain, l’aida à se déshabiller puis le rejoignit dans la baignoire. L’eau tiède sur sa peau était comme un baume. Il s’allongea contre elle et, tandis qu’elle appliquait un gant de toilette sur son front, laissa échapper un profond soupir de contentement.

   - Tu ne m’avais pas dit que tu avais fait médecine !

   - Ça va mieux ? murmura-t-elle en l’embrassant dans le cou.

   - Oui, docteur. Infiniment mieux.

   - Dis-moi ce qui s’est passé. Enfin seulement si tu le souhaites…

   Il le souhaitait. Elle l’écouta sans l’interrompre tout en lui massant doucement les tempes. Ses doigts si légers endormaient peu à peu la douleur. S’il y avait dans la vie quelque chose de plus divin que d’être ainsi étendu dans une baignoire contre le corps de la femme aimée, Myron aurait bien voulu qu’on lui dise quoi.

   - A ton avis, qui étaient ces deux types ? demanda Jess quand il eut terminé son récit.

   - Aucune idée. Des hommes de main, mais payés par qui ?

   - Et ils voulaient savoir où se trouve Greg ?

 

 

Descriptif

Editions France Loisirs année 2006 ISBN 2744195766, bon état général, couverture souple, tranche et dos légèrement marqués et passés, intérieur assez frais, livre d’occasion broché grand format de 12,8x20,2 cm, 458 pages   

 

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