Julliard

DANINOS Pierre – Le veuf joyeux

Réf: rf-jpdvj
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Description

Dans cet ouvrage

- Le veuf joyeux

- Le participant

- Le grand après

- L’air de…

- Vie et mort des Biolet

- Les hommes du soir

- Le grand large

- Sue

- Le procès-verbal

- Coup de théâtre dans la Creuse

 

Extrait 1 de « Le Veux joyeux »

   En pensant à Iris je me demandé si, de nos jours, on mourait encore d’amour. Sans doute, quand on n’a rien d’autre à faire. Mais on n’en parle pas, ou très peu, sinon cela se saurait, surtout avec la télévision : ce serait une première. Notre siècle, bavard mais peu éloquent, ne fournit pas d’explication à ce phénomène. Les faits parlent pour lui : il est souvent question de suicides par le fer, le vide, le feu, pour des motifs idéologiques, par désespoir nationaliste ou passion contestataire, pour la défense des droits de l’homme, pour Confucius, Bouddha ou Marx (Engels beaucoup moins) – mais on ne cite aucun cas de mort d’amour. Si la chose se produit, on ne donne pas d’explication.

   Là encore le social l’emporte sur l’individuel. On admet très bien que l’on se tue pour une cause – marxiste-léniniste, alpinisme, séparatisme, automobilisme – pas pour une personne. Là où il n’y a pas de message on ne reçoit pas, et l’on n’est reçu par personne. Pour un mort, c’est très décevant.

   Sur un poste de radio périphérique, j’ai entendu une jeune étudiante-militante qui traitait Che Guevara de « minet de la révolution », mais ne cachait pas sa passion pour les « Grands » :

   - Bon… J’avais investi un maxi sur Mao. J’ai même été disons tellement amoureuse de Marx que je me serais suicidée pour lui. Oui… Tellement que j’ai appris le russe pendant un an.

   - Et, lui dit l’interviewer, quand vous avez découvert la vérité, vous avez appris l’allemand ?

   - Non, c’était trop tard.

 

Extrait 2 de « L’air de… »

   Je n’aime pas tellement fréquenter les gens de mon âge : ils me rappellent le mien quand ils ne me donnent pas davantage – une des rares façons de donner qui ne coûte rien et que l’on reçoit mal.

   Le plus ennuyeux, disait Oscar Wilde, ce n’est pas de vieillir mais de rester jeune. On pourrait ajouter : et de rencontrer tant de débris ambulants qui se recollent soudain pour vous dire qu’ils ont un an de moins que vous.

   Non, je ne prise guère la conversation de ces septuagénaires qui troquent une sciatique contre deux arthroses, échangent leurs âges comme au lycée leurs billes, et font le compte de leurs petits-enfants. Si je regrette parfois de ne point en avoir, je suis fort soulagé de ne pas être appelé grand-père, et plus encore pépé, tant ces dénominations me réfrigèrent – comme me répugne en général la terminologie de la parentèle : brus, sœurs de lait, frères utérins et autres collatéraux – sans parler de ces cousins issus de germains dont j’imaginais, enfant qu’ils avaient surgi de l’Elbe dans le sillage d’Attila et des Huns.

   La jeunesse – autrement mieux balancée que les gringalets à têtes chercheuses de ma génération – me procure un plaisir esthétique, si du moins elle n’est pas cachée par trop de poils et de cheveux. Mais je ne peux pas dire que j’obéisse, vis-à-vis des « jeunes », à cette obligation de sympathie de toutes parts imposée.

 

Descriptif

Editions Julliard de 1981 ISBN 2260002676, Bon état général, couverture souple, tranche et dos un peu marqués et passés, intérieur assez frais, livre d’occasion broché grand format de 13,5x20,3 cm, 242 pages   

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