DEAVER Jeffery – Le rectificateur

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Description

Titre original « Garden of beasts » Jeffery Deaver, 2004.

Traduit de l’américain par Pierre Girard

Extrait 1

   Il soutint un instant le regard de Gordon avant de reporter son attention sur les photos de navires de guerre qui décoraient le mur. La salle… Il y avait ici quelque chose de militaire. Ça faisait penser à un mess d’officiers. Paul avait gardé un bon souvenir des années passées à l’armée. Il s’y était senti chez lui. Il avait des amis, une raison d’être. La vie était agréable – simple. A son retour, elle était devenue compliquée. Et quand la vie devient compliquée, il ne vous arrive rien de bon. Au contraire.

   - Vous ne cherchez pas à me piéger ?

   - Allons donc !

   Sous le regard aigu de Manielli qui lui interdisait tout geste brusque, Paul glissa la main dans sa poche et en tira un paquet de Chesterfield. Il en alluma une.

   - Continuez.

   - Vous avez cette salle de sport sur la Neuvième Avenue. Elle n’a rien de formidable, n’est-ce pas ?

   La question s’adressait à Avery.

   - Vous y êtes déjà allé ? demanda Paul.

   - Je ne pratique pas ce genre de frime, dit Avery.

   - Pour la frime, c’est de la frime, renchérit Manielli en riant.

   - Mais vous étiez imprimeur avant de changer d’activité, poursuivit Gordon. Ça vous plaisait, l’imprimerie, Paul ?

   - Oui, dit Paul prudemment.

   - Vous étiez un bon imprimeur ?

   - Oui, j’étais un bon imprimeur. Quel rapport avec l’âge du capitaine ?

   - Que diriez-vous si on vous proposait de jeter votre passé aux oubliettes ? De repartir de zéro et de redevenir imprimeur ? nous pouvons faire en sorte que personne ne vous poursuive jamais pour ce que vous avez fait depuis quelques années.

   - Et, intervint le sénateur, nous mettons un peu de fric sur la table. Cinq mille dollars. De quoi prendre un nouveau départ.

   Cinq mille ? Paul cligna des yeux. Il lui fallait deux ans pour gagner une telle somme.

   - Comment pourriez-vous me faire disparaître des archives de la police ?

   Le sénateur se mit à rire.

   - Vous connaissez le Monopoly, ce nouveau jeu ?

   - Mes neveux en ont un. Je n’y ai jamais joué.

   - Vous pouvez tirer une carte qui vous envoie en prison, expliqua le sénateur. Mais il y a aussi une carte qui dit : » Sortie de prison. Vous êtes libre. » Eh bien, nous pouvons vous procurer cette carte. C’est tout ce que vous avez besoin de savoir.

   - Vous voulez que je tue quelqu’un ? C’est dingue. Dewey ne peut pas accepter ça.

   - Le procureur ne sait pas ce que nous attendons de vous. Il n’en a pas été informé, dit le sénateur.

 

Extrait 2  

   Du travail par-dessus la tête.

   Il y avait des dizaines de sujets susceptibles d’occuper l’esprit du gros homme qui transpirait, en cette fin d’après-midi du samedi, dans son vaste bureau du ministère de l’Air, achevé depuis peu et qui, avec ses mille deux cents mètres carrés, dépassait en superficie la Chancellerie plus les appartements d’Hitler.

   Hermann Göring aurait pu, par exemple, se remettre au travail sur la création du gigantesque empire industriel qu’il projetait (et qui, bien sûr, porterait son nom). Il aurait pu rédiger une note à l’adresse des gendarmeries rurales pour leur rappeler que la loi sur la protection des animaux, dont il était l’auteur, devait être appliquée avec la plus grande rigueur et que tout individu surpris à chasser le renard avec des chiens devait être sévèrement puni.

   Il y avait aussi la question de la réception qu’il devait donner à l’occasion des Jeux Olympiques, pour laquelle Göring faisait construire son propre village à l’intérieur du ministère (il s’était débrouillé pour connaître les projets de Goebbels et entendait surpasser de plusieurs dizaines de milliers de marks le gala offert par ce misérable ver de terre). Et il y avait, bien sûr, la question tout aussi cruciale de la tenue qu’il arborerait à cette occasion. Il aurait pu également organiser une réunion avec son état-major au sujet de la mission qui était actuellement la sienne au sein du Troisième Reich : la mise sur pied de la première force aérienne au monde.

   Mais ce qui occupait à cet instant les pensées d’Hermann Göring, quarante-trois ans, était une veuve retraitée deux fois plus âgée que lui qui habitait dans une petite villa à l’extérieur de Hambourg.

   Cet homme, qui comptait parmi ses nombreux titres ceux de ministre sans portefeuille délégué à l’Air, de commandant des forces aériennes, de ministre-président prussien, de ministre de l’Air et de maître de chasse de l’empire, ne s’acquittait pas lui-même, bien entendu, de la collecte de renseignements concernant Frau Ruby Kleinfeldt. Une douzaine de ses sbires, agents de la Gestapo, s’activait dans Wilhelmstrasse et à Hambourg pour éplucher des dossiers et interroger des gens.

   Göring, tout en réfléchissant, regardait par la fenêtre de son somptueux bureau et mangeait une énorme assiette de spaghetti. C’était le met favori d’Hitler et Göring l’avait regardé, la veille, en chipoter distraitement un plein saladier. A ce spectacle un déclic s’était produit chez lui, vite transformé en un désir furieux ; il en était à sa troisième assiette de la journée.

 

 

Descriptif

Editions des 2 Terres année 2004 ISBN 2848930365, bon état général, couverture souple, tranche et dos légèrement marqués et passés, intérieur assez frais, livre d’occasion broché grand format de 15,7x24,3 cm, 542 pages   

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