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HORNBY Nick – 31 songs

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Description

Titre original « 31 songs » Nick Hornby, 2003

Traduit de l’anglais par Christine BARBASTE

Extrait 1

« I’m like a bird » Nelly Furtado

   Oh, bien entendu, je comprends tout à fait que l’on puisse mépriser la musique pop. Beaucoup de chansons pop, presque toutes, sont, je le sais, des chansons de pacotille, sans grande imagination et dotées de piètres qualités d’écriture. Je sais que la pop est une musique habilement produite, inepte, répétitive et juvénile – notons toutefois qu’au moins quatre de ces récriminations pourraient tout aussi bien qualifier les incessantes attaques à son encontre dans les magazines et les journaux qui se la pètent. Je n’ignore pas non plus, croyez-moi, que Cole Porter était « meilleur » que Madonna ou Travis, ni que la plupart des chansons pop ciblent effrontément un public de trente ans mon cadet, et que le genre a, de toute façon, connu son âge d’or il y a trente-cinq ans et n’a produit depuis que très peu de bonnes choses. Mais il se trouve que j’ai entendu cette chanson à la radio, que j’ai acheté le CD et, maintenant, il me faut l’écouter dix ou quinze fois par jour…

   Voilà ce qui m’épate chez ces gens qui estiment que la musique pop d’aujourd’hui (et j’inclus là-dedans la soul, le reggae, la country, le rock) est indigne d’eux ou ringarde : cela signifie-t-il que vous n’entendez jamais ou du moins ne craquez jamais pour de nouvelles chansons ? Que tous les airs que vous sifflez ou fredonnez ont été écrits il y a des années, des décennies, des siècles ? Vous refusez- vous vraiment le plaisir d’apprivoiser une mélodie (un plaisir, incidemment, dont votre génération est peut-être la première dans l’histoire de l’humanité à se priver) par crainte de passer pour quelqu’un qui ignore qui est Harold Bloom ? Waou ! Je parierais que vous êtes de joyeux drilles dans les fêtes.

   Cette chanson qui m’a assez plaisamment obsédée ces derniers temps s’intitule I’m like a bird, de Nelly Furtado. Seule l’histoire jugera si Mlle Furtado se révélera appartenir à la catégorie des artistes, et j’ai beau me douter que cette jeune femme ne modifiera en rien notre vision du monde, je dois avouer que cela ne m’ennuie pas outre mesure : je lui serai toujours reconnaissant d’avoir instillé en moi ce besoin narcotique d’entendre et de réentendre une chanson. Un besoin, après tout, inoffensif et facile à satisfaire, et ils sont peu nombreux en ce monde. Je ne veux même pas me lancer dans un plaidoyer en faveur de cette chanson plutôt que d’une autre – même s’il s’agit, à mon sens, d’une très bonne chanson pop, que sa langueur rêveuse et son optimisme meurtri démarquent immédiatement de ses comparses anémiques et attardées.    

 

Extrait 2

« Mama you been on my mind » Rod Stewart

   Nous écoutions la face B de « Smiler » car, du milieu à la fin de mon adolescence, j’étais immensément fan de Rod Stewart. C’est difficile à imaginer aujourd’hui, mais aimer Rod Stewart en 1973, c’était comme aimer Oasis en 1994, ou les Stone Roses en 1989 – en d’autres termes, même s’il ne faisait pas de vous le gamin le plus cool de la classe, cet engouement n’avait rien de honteux. L’un des plus grands mérites du film Presque célèbre, de Cameron Crowe, est de reconnaître cela et de rendre justice à Rod, quand le groupe part en bus, ils écoutent Every Picture Tells a story. C’est à peu près le seul élément à décharge dont le dispose aujourd’hui, car il y a quelques années de ça, les motifs d’avoir honte étaient légion : par exemple, Britt Ekland. Ainsi que plusieurs autres blondes interchangeables qui n’étaient pas Britt Ekland mais auraient très bien pu l’être. Et Do ya think i’m sexy. Et Ole ola, la chanson de la Coupe du Monde en Ecosse en 1978 (dont le refrain disait « Ole ole, ole ola/ We’re going to bring the world cup back from over thar » [« Ole ole ole ola/ Nous allons rapporter la coupe du monde de là-bas »]. Sans compter cette obsession à l’égard de L.A, les bouteilles de champagne et les canotiers sur les pochettes de disques, le dessin sur la pochette d’Atlantic Crossing, l’album live des Faces (dont la face B s’achève avec Stewart déclarant d’un ton mauvais et concupiscent : » Thank you for your time… and your money » [ Merci pour votre temps… et votre argent]), et le rock passe-partout, traîne-savate, sous-Stones qu’on peut trouver sur toute sa production post-Faces, et dont Hot legs constitue l’étalon… « Bon, en voilà u qui ne te déçoit jamais », a tranché un ami, une fois où j’avouais mon faible pour Rod Stewart, et c’est vrai que son dossier n’est pas sans taches.  

 

Descriptif

Editions 10/18 Domaine étranger 3604 de 2004 ISBN 2264037482, Bon état général, couverture souple, tranche et dos un peu marqués et passés, intérieur assez frais, livre d’occasion broché format poche de 11,2x17,8 cm, 208 pages   

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