Fleuve Noir

HOUSSIN Joël – L’autoroute du massacre

Réf: fh-fng2
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Description

Extrait 1

   L’Aîné et le Cadet traversèrent le bayou, poursuivis par un nuage de moustiques. Les insectes savaient reconnaître les bonnes choses. Ici, tous les pieds des arbres étaient plaqués de boue séchée qui en recouvrait l’écorce et leur donnait l’aspect d’immenses champignons à base scrofuleuse. L’Aîné avait montré au Cadet comment des colonies de petits verts blanc à la chair laiteuse se réfugiaient dans ces attelles de terre glaise. Le chemin qui séparait la Boîte Blanche des bonnes choses vivantes n’était pas véritablement long mais il grimpait à fort pourcentage et était parsemé d’obstacles, ronces et marécages. Un tenace fumet de végétation pourrissante stagnait au-dessus de la vase. Le mélange de l’eau et du liquide épais qui suintait des tonneaux tuait lentement la terre.

   L’Aîné paraissait savoir où il allait. Le Cadet le suivait de moins en moins rassuré. Il ne s’était jamais autant éloigné de la Boîte Blanche. Il ignorait s’il serait capable de retrouver son chemin. Il avait peur, très peur, mais son appétit était plus fort encore.

   L’Aîné ne se pressait pas. Il s’arrêtait fréquemment pour surveiller la descente du soleil vers l’horizon. Le Cadet mit un certain temps à comprendre que les meilleures choses vivantes du monde se chassent toujours la nuit.

   Enfin, alors que le ciel commençait à s’assombrir, l’Aîné montra au Cadet une chose qui le plongea dans la stupeur. Derrière un rideau d’arbres, au-delà d’un gros talus herbeux, le Cadet aperçut des centaines de boîtes en mouvement. Il y en avait tant que le Cadet fut saisi d’un vertige et qu’il dut prendre appui sur un tronc mort pour ne pas tomber. Mais les bonnes choses vivantes étaient à l’intérieur des boîtes et le Cadet ne voyait vraiment pas comment l’Aîné allait s’y prendre pour les en faire sortir.

   L’Aîné poursuivit son chemin, longeant la grande langue de terre grise où se déplaçaient les boîtes, à l’abri de la forêt. Le Cadet suivait toujours tremblant de tous ses membres, terriblement excité. C’était la première fois qu’il se trouvait devant une nourriture aussi abondante. Il y avait sûrement là de quoi manger des jours et des jours, une inépuisable réserve de viande tout aussi savoureuse que celle qu’il avait flairée en suçant la blessure de l’Aîné. L’impatience et la faim le rendaient littéralement fou.

 

Extrait 2

   Christina poussa un cri aigu et bref. Nils se tourna vers elle. L’Américaine désignait un objet sur le sol. Nils s’accroupit et ramassa la petite pelle US de Kurt. Quelques taches sombres en maculaient le manche. Le doute n’était plus permis ; il était arrivé quelque chose à Kurt.

   Nils se redressa, le regard farouche. Un instant, il regretta d’être parti sans même songer à s’armer d’un couteau. A mains nues, il ne craignait personne, mais Kurt était au moins aussi fort que lui et il avait malgré tout eu le dessous. L’adversaire devait être coriace.

   Il tendit la main vers les ronces quand une pluie de fines épines s’abattit sur le couple. Christina secoua vivement sa longue chevelure, s’épousseta les épaules tandis que Nils levait les yeux vers le ciel. Quelque chose s’agitait au sommet de ce pin géant ! La lumière était insuffisante. Nils ne distinguait même pas les premières branches de l’arbre. Il poussa un soupir. Sans doute s’agissait-il d’un oiseau… Il écarta les ronces, s’avança et aperçut la rivière, large bras liquide constellé de reflets d’argent.

   Cathie distinguait la masse sombre du Westphalia et la lueur fantomatique du campement derrière le van. Quelle mouche avait donc piqué Enki ? Il avait réellement eu l’air épouvanté. Alors que Kurt, ce grand saucisson fier-à-bras, s’était tout bonnement perdu dans le bois. Il n’y avait vraiment pas de quoi en faire un fromage. Quant à ce mystérieux gros type, il était probablement né de l’imagination névrotique de cette femme, Isabelle. Elle s’était sûrement aperçue que son mari en pinçait drôlement pour Sandrine et avait trouvé ce moyen pour se mettre en avant. Tout cela n’était qu’une histoire de cul, comme d’habitude.

   Cathie poussa un petit rire mutin, baissa son short et s’accroupit sur le sol. Elle n’eut pas le temps d’uriner. L’attaque fut aussi féroce que soudaine. Elle fut brutalement renversée, sentit une première brûlure au niveau de sa gorge, puis une seconde dans le bas-ventre tandis qu’une vague de sang mêlé de bile aigre noyait sa bouche. Elle lança son bras, à l’aveuglette. Quelque chose happa sa main, lui déchira l’avant-bras, lacérant les chairs. Un atroce rictus de douleur déforma le visage de Cathie. Elle éprouva la terrifiante sensation d’être dévorée vivante, déchiquetée par saccades nerveuses, comme on ronge un pilon de volaille. Mais ce n’était pas possible, ça ne pouvait pas être !

   Pour Cathie, l’univers cessa d’exister.

 

Descriptif

Editions Fleuve Noir Collection Gore n°2 année 1985 ISBN 2265029424, état général moyen, couverture souple, tranche et dos moyennement marqués, pages jaunies, livre d’occasion broché format poche de 11,2x17,8 cm, 160 pages   

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