Fleuve Noir

KENNY Paul – Sans issue

Réf: esp-fne28
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Description

Extrait 1

   L’homme masqué, qui avait senti venir la riposte du gros Arménien, se plia en deux ; la matraque de caoutchouc, lancée avec une force terrible, s’écrasa contre le mur de pierre. Dans la même fraction de seconde, l’inconnu se propulsait avec une souplesse de félin vers Diliman qui n’eut pas le loisir d’esquisser une parade ; il encaissa dans l’estomac un coup de tête qui le fit basculer à la renverse.

   Emporté par son élan, l’homme masqué fit un atterrissage brutal sur le ventre de l’obèse et, avec une maîtrise parfaite de ses gestes, gratifia l’Arménien d’un coup de crosse aussi sec qu’un coup de bielle qui fit claquer la mâchoire du bonhomme, lui bloquant dans la gorge un étrange soupir de relâchement.

   - Nous voilà tranquille pour un moment marmonna l’inconnu en se relevant et en glissant son colt dans la poche de sa vieille gabardine beige.

   Il ramassa son chapeau noir, regarda Djasun du coin de l’œil. L’ingénieur iranien balbutia :

   - Vous… vous l’avez tué ?

   - N’ayez crainte, persifla l’homme masqué, ces gens-là ne meurent pas si facilement ! L’essentiel, c’est que nous ayons le temps de filer d’ici… Etes-vous en état de marcher ?

   Djasun se remit debout avec effort, passa une main lasse sur ses yeux.

   - J’ai des douleurs dans la tête, dit-il, mais je peux marcher.

   - Tant mieux ! Venez, suivez-moi…

   - Qui êtes-vous ?

   L’inconnu ôta le foulard noir qui lui cachait les traits.

   - Vous ne me connaissez pas, mais moi je vous connais, monsieur Djasun. Si vous le voulez bien, nous bavarderons plus tard. Faites-moi confiance et suivez-moi.

   L’ingénieur opina et sortit derrière son sauveur. Au lieu d’emprunter l’escalier de pierre qui menait directement au rez-de-chaussée, le mystérieux personnage obliqua sur la droite et s’engagea délibérément dans un couloir humide et sombre, au plafond voûté, où stagnait une odeur de moisi.

   Cinq minutes plus tard, après avoir escaladé les degrés d’un antique escalier de bois, les deux hommes émergèrent dans un entrepôt sale et sordide où pesait plus lourdement encore la senteur écœurante des figues et des dattes mises en séchoir.

   - Attention, souffla brusquement l’inconnu.

   D’un geste sans réplique, il poussa Djasun derrière une énorme pile de paniers emboités les uns dans les autres.

 

Extrait 2

   Grâce au zèle du commissaire de police qui procédait avec sévérité à la vérification des identités des « fauteurs de troubles sur la voie publique », Coplan espérait bien recueillir le renseignement qu’il n’aurait sans doute pas pu obtenir d’une autre manière.

   Il fut interrogé, puis fouillé. Les pièces d’identité et les documents commerciaux qu’on trouva sur lui concordaient avec ses déclarations à l’officier de l’ordre. Dès lors, sa radoucissant, le commissaire devint plus aimable et demanda au Français qu’il voyait un mobile pouvant expliquer l’attitude des trois individus qui l’avaient attaqué.

   - C’est justement ce qui m’intrigue, répondit Francis. Je ne comprends pas ce que ces voyous me voulaient. On ne provoque tout de même pas les promeneurs sans motif, que diable ! Peut-être ont-ils déclenché cette bataille pour me dérober mon argent ?

   - Nous allons tirer cela au clair, affirma le policier. Je vais vous prier de patienter un moment dans le bureau voisin pendant que j’interroge vos agresseurs.

   Durant plus d’une heure, Coplan fuma des cigarettes sous la surveillance discrète d’un autre agent du commissariat. Enfin, le commissaire le rappela dans son bureau.

   - Je suis désolé de vous avoir fait attendre si longtemps, monsieur Coplan, mais j’ai été obligé de consulter la Sûreté nationale et ces contrôles ne sont jamais très rapides. En définitive, nous n’avons rien découvert qui soit de nature à élucider le mystère de l’attaque dont vous avez été victime. Cependant, à quelque chose malheur est bon. Un de vos trois agresseurs est d’origine irakienne et il est fiché comme pouvant jouer un rôle d’agitateur à la solde du Front d’opposition, le parti clandestin qui lutte contre le gouvernement actuel.

   Coplan arqua les sourcils :

   - Je ne vois pas le rapport qu’il peut y avoir entre les attaches politiques et ces individus et… leur attitude scandaleuse à mon égard.

 

 

Descriptif

Editions Fleuve Noir Espionnage 28 de 1970, état général assez bon, couverture souple, tranche et dos un peu marqués et passés, pages moyennement jaunies, livre d’occasion broché format poche de 11,2x17,7 cm, 256 pages

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