Nathan

LINDGREN Astrid – Kati en Amérique

Réf: j-fnialka
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Description

Titre original « Kati in Amerika »

Traduit du suédois par Philippe Ranvin

Couverture de Gérard Aublé

Extrait 1

   Celles-là, les insignifiantes, les ignorées, les jamais embrassées, je les plains de tout mon cœur. Leur sort doit être beaucoup plus triste ici qu’en Suède, parce qu’en Amérique on attache une telle importance au physique. Et puis d’avoir à se comparer à un si grand nombre de filles très belles doit, à mon idée, vous donner un complexe d’infériorité tout à fait spécial. En revanche, le laideron américain a plus de ressources si elle veut changer d’aspect. Des tas d’instituts de beauté, d’écoles de charme, sont là pour la métamorphoser tout à fait. S’il faut en croire les prospectus de ces établissements, c’est fait en un rien de temps. Vous entrez laide et vous sortez belle à détruire le plus solide vieux ménage. Il ne vous faudra pas plus de temps pour ce joli travail que pour préparer une tasse de café.

   Une idée me poursuivait. Pourquoi ne m’offrirais-je pas, moi aussi, un peu de ce glamour, de ce charme américain, pendant que j’étais sur place ? J’ai toujours trouvé que j’avais l’air un peu trop « jardin de mon père ». Voilà donc la chance de ma vie d’y porter remède. Jan serait si content d’apprendre que j’ai embelli. Je savais bien que ce ne serait pas facile. Un nez comme le mien constituait une véritable épreuve pour un esthéticien – mais tant pis. Du moment que je me décidais à devenir quelqu’un d’un peu raffiné, l’institut de beauté tout entier n’avait plus qu’à se cracher dans les mains et à y aller, même si le matériau n’était pas précisément de nature à vous faire pâmer d’aise.

   Je n’en touchais pas un mot à Tante. Je ne crois pas en effet qu’elle ait tout à fait conscience que le premier devoir d’une femme est d’être belle – quand bien même il lui en coûterait quelques devises fortes. Je partis pour ma première séance de soins avec autant de trac et d’appréhension qu’un dynamiteur en face de son premier coffre-fort. Cela ne s’arrangea nullement quand, assise dans un bon fauteuil, j’eus à tendre mon visage à une jolie rousse aux yeux glacés. Celle-là, ce n’était pas du tout le jardin « jardin de mon père ». Elle avait évidemment poussé sur l’asphalte, et si jamais elle avait vu des salades, c’était au cinéma.

 

Extrait 2

   Vous souvenez-vous comme j’étais gentille quand j’étais petite ? demandai-je d’une vois fondante.

   Tante se contenta de grommeler.

   - Ah ! Tante, sans toi qu’aurait été mon enfance ? Qui m’aurait embrassée, fessée, bordée le soir, si tu n’avais pas été là ? Tu as recueilli chez toi la pauvre orpheline, tu as su lui doser admirablement à la fois l’affection et l’huile de foie de morue. Bref, tu as créé de toutes pièces ce véritable chef-d’œuvre : la jeune fille courageuse, mûre et consciente de ses responsabilités que je suis aujourd’hui.

   Tante se contenta de grommeler.

   - O ! Tante, que je te suis reconnaissante.

   - Bon ! bon ! ça suffit ! Dis-moi donc ce que tu veux.

   Tante était en train d’enfermer toutes nos affaires dans une grande valise. Je surveillais tout cela du bord de son lit. Nous allions partir, et quitter la famille Bates qui attendait une nouvelle cuisinière et une nouvelle femme de chambre pour le lendemain.

   Durant toute la semaine, ces braves gens avaient pu savourer le Sweedish cooking de Tante et mes dons exceptionnels pour dresser une table. Pendant tout ce temps, Mrs Bates n’avait poussé aucun hurlement. Chaque soir, en rentrant du bureau, Mr Bates nous guidait à travers le jardin pour nous faire admirer les massifs de fleurs. Marion Bates était retournée dans son pensionnat. En partant, elle m’avait embrassée et elle m’avait dit qu’elle espérait me revoir.

 

Descriptif

Editions Fernand Nathan Collection Isabelle année 1969, bon état général, couverture souple, tranche et dos un peu marqués et passés, intérieur assez frais, livre d’occasion broché grand format de 13,8x21,2 cm, 160 pages  

 

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