Balland

MAYRARGUES Samuel – Jean Dujardin

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Description

Extrait 1

   Plaisir, une localité des Yvelines, à quelques kilomètres de Trappes et de Versailles, aura sans doute un jour une rue ou une place Jean Dujardin. Cet ancien village rural, devenu au milieu des années 1970 l’une des villes nouvelles érigées à la périphérie de Paris, aime à honorer ses enfants d’adoption. Elle a ainsi donné le nom de sa salle de théâtre, installée dans le château autrefois propriété de la famille Le Tellier, à Robert Manuel, ancien sociétaire de la Comédie-Française qui était venu y passer la dernière partie de sa vie. Elle a toutes les raisons d’en faire de même avec l’interprète de The Artist.

   Car c’est à Plaisir que Jean Dujardin, né le 19 juin 1972 à Rueil-Malmaison, a grandi. Les siens sont venus habiter cette localité pavillonnaire qui attire les cadres moyens et les petits patrons en quête d’un cadre de vie agréable. Elle réalise le rêve formulé jadis par l’humoriste Alphonse Allais : installer les villes à la campagne. Ancien militaire de carrière, le chef de famille, Jacques Dujardin est devenu entrepreneur dans le secteur du bâtiment, un secteur alors en pleine progression. C’est un homme épris d’indépendance. Il se couche ainsi rituellement à 21 heures alors que sa femme attend 1 heure du matin pour le faire. Cela ne les empêche pas d’être un couple profondément uni, ce dont leur fils cadet s’émerveille : « Ils ont trouvé leur équilibre et son ensemble depuis cinquante ans. » Les affaires du père marchent plutôt bien et les enfants du couple, quatre fils, connaissent une jeunesse sans histoire. Rien à voir avec l’enfance plus chaotique et moins souriante d’une autre star du showbiz français, Jamel Debbouze, né trois ans plus tard que Jean Dujardin, qui grandit à Trappes, à dix minutes de Plaisir, dans un environnement très différent, quasiment une autre planète.

   A plaisir Jean Dujardin n’est pas le seul artiste en devenir, même s’il ignore tout de son futur métier. Une autre future star du grand écran y vit : Guillaume Canet, dont les parents rapatriés d’Algérie, possèdent un haras près de là, haras où ils veillent sur l’un des chevaux de Jean Rochefort. Du même âge, à un an près, les deux garçons évoluent ensemble au CM1 et au catéchisme. Ils font leur première communion dans la même paroisse. Cette proximité rend assez insolite la pique amicale adressée par Gilles Lellouche, en présence de Jean Dujardin, à leur partenaire dans Infidèles : « En fait, il (Guillaume Canet) ressemble au Versaillais de base, il joue au cricket, court les rallyes, danse le madison… » Caennais d’origine, Gilles Lellouche prend ses distances avec un modèle trop lisse à son goût. Dujardin ne moufte pas. Il adore chambrer ses proches et il ne répugne pas à ce qu’on lui rende la pareille…

 

Extrait 2

   Jean Dujardin n’aura qu’un temps éprouvé la passion de Louis XVI pour la serrurerie. A son retour du service militaire, il se lance sur les planches, du moins tente de le faire, en « montant » à Paris. La capitale est à trente minutes par train de Plaisir mais c’est un autre monde, très différent du cadre douillet et rassurant dans lequel il vit depuis son enfance. Devenu aujourd’hui aux yeux des Américains l’incarnation du titi parisien, il n’a rien cependant à l’époque de l’habitant de longue date de la capitale. C’est un banlieusard, mais d’une banlieue très différente de ce que l’on désigne communément sous ce terme au début des années 1990, ces tristes cités où l’on a parqué les pauvres, les exclus, les étrangers. La banlieue, ce sont « les banlieues », les zones dites sensibles, qu’on présente volontiers comme des territoires hors la République peuplés, entre autres, par des jeunes appartenant le plus souvent à la première ou seconde génération de l’immigration originaire de l’ex-empire français. Le 93 et le 94 en sont les lieux emblématiques, à des siècles-lumière des suburbs chics du 78 ou du 92, où Jean Dujardin a vu le jour et grandi.

   Lorsqu’il débarque à Paris, Jean Dujardin fait presque figure d’ovni. C’est une sorte de Lucien de Rubempré tout droit sorti d’Angoulême qui n’ose pas se prendre pour un Rastignac interpellant la capitale : « A nous deux Paris ! » Lorsqu’il le voit se présenter pour une audition, Éric Collado, son futur partenaire des Nous ç Nous, le prend pour un « pays », un méridional comme lui, qui a dû abandonner à regret la garrigue pour les rues sombres de la grande métropole. Dujardin ne s’en formalise pas. Il est né et a grandi en région parisienne mais a gardé des liens solides avec le Médoc dont son père est originaire. Etre assimilé à un Méridional ne le blesse pas même si son Midi diffère de celui de Collado.

   Cela crée en plus entre eux une complicité qui lui permet de faire oublier que ses titres sont plutôt minces : un bref passage dans un café de la rue Charonne qu’il a décroché au culot. Il est entré dans l’établissement et a dit au patron : » Vous avez une salle, j’ai un spectacle. »

   

 

Descriptif

Editions Balland année 2012 ISBN 9782350133508, état général assez bon, couverture souple, tranche et dos moyennement marqués, intérieur frais, livre d’occasion broché grand format de 14,3x22,7 cm, 256 pages

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