Fleuve Noir

MAZARIN Jean – Après toi, la révolution

Réf: esp-fne1332
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Description

Extrait 1

   Le représentant de la compagnie Avis lui fit parapher une liasse de papiers carbones puis lui remit les clefs d’un coupé Ford Sedan en lui précisant que les documents se trouvaient dans le coffre à gants de la voiture.

   - Surtout, ne laissez jamais rien traîner dans la voiture quand vous n’y serez pas, monsieur, conclut l’employé.

   Julien trouva facilement la longue voiture basse. Machinalement, il vérifia le bon état de toutes les serrures et s’assura que les lève-vitres électriques répondaient au premier appel. Il sortit du parking avec précaution. Des voitures passaient à toute allure, s’ouvrant la route à grands coups de klaxon. Il respira un bon coup et y alla.

   Il suivit la Carrera 10 qui s’enfonce vers la ville basse, vers le sud. Bien calé dans la file de droite, il ralentit à chaque carrefour pour déchiffrer le numéro de la Calle perpendiculaire. Quand il arriva à celle qui portait le numéro 9, il vira brusquement sur sa gauche, évitant de justesse une énorme voiture américaine qui doublait un bus surchargé qui avançait dans un grand bruit de ferraille malmenée.

   Un peu plus loin, il repéra l’adresse qu’on lui avait donné avant son départ de Paris. C’était celle d’une bâtisse de briques aux fenêtres étroites, garnies de solides barreaux d’acier. Devant la porte, sur le trottoir, trois hommes armés de carabines surveillaient attentivement les passants. Un quatrième garde était assis sur le dossier de la banquette arrière d’une de ces Jeep qu’on appelle à Bogota des Camperos. La voiture croulait presque sous le poids des enjoliveurs et elle était curieusement équipée d’une mitrailleuse MG42 montée sur pivot, une bande de cartouches engagée.

   Julien gara la Sedan derrière la Jeep. Il surprit les regards méfiants des gardes. L’un d’eux pivota légèrement pour mieux le tenir dans sa ligne de tir. Son index se posa sur la détente. Julien prit un air dégagé et sortit de la voiture pour se diriger vers l’entrée de la petite forteresse. Quand il arriva sur le seuil, il sentit le canon d’une carabine se planter entre ses reins, tandis que, rapidement, avec la dextérité d’un prestidigitateur, un autre garde le débarrassait de son arme.

   - Vous désirez monsieur ? demanda celui qui semblait commander.

   - Je veux voir M. Jimenez.

 

Extrait 2

   Il poussa la porte et pénétra dans une salle crasseuse au fond de laquelle se trouvait un vieux comptoir de bois, un peu comme on en voit dans les westerns mexicains. Sur des planches, derrière, se trouvaient exposées des bouteilles poussiéreuses. Toutes les tables étaient occupées par des hommes qui jouaient aux cartes. Le patron, un métis taillé en hercule, essuyait le comptoir avec un chiffon sale.

   Dehors, la quena s’était tue. Julien alla s’accouder au bar et deux consommateurs se levèrent pour venir silencieusement l’encadrer. L’un d’eux demanda en mauvais anglais :

   - C’est le padre qui vous envoie ?

   Il n’attendit pas sa réponse et lui montra une porte basse qui se trouvait à côté du bar. Julien en poussa le battant, toujours suivi par les deux hommes. Dès qu’il eut pénétré dans la pièce contigüe, l’un d’eux sortit un pistolet automatique qu’il lui braqua sur la tempe tandis que son compagnon le fouillait d’une manière maladroite. Julien ne portait pas d’arme.

   La pièce était plongée dans la pénombre. Peu à peu, Julien découvrit une resserre dans laquelle s’entassaient des tonneaux et un bric-à-brac poussiéreux. Au fond, près d’une porte à doubles battants, il y avait une vieille carriole dont l’une des roues était brisée. Sur une loggia soutenue par des madriers, on distinguait un amoncellement de sacs. Deux ombres y apparurent. Elles se laissèrent glisser au sol. C’étaient deux jeunes gens aux cheveux longs. L’un d’eux portait une barbe juvénile, rase et encore clairsemée. Ils étaient vêtus de treillis verdâtres qui rappelaient un peu l’uniforme cubain. Leurs tailles étaient serrées par des ceinturons de toile auxquels pendaient des étuis à pistolets. L’un d’eux portait un M58, le fusil d’assaut tchécoslovaque à long chargeur incurvé. Celui qui portait la barbe dévisagea longuement le Français.

   - Orlando m’envoie, dit-il. Que cherchez-vous monsieur Jendrejeski ?

   - Dutertre, le photographe que vous avez enlevé.

   - Est-ce le gouvernement français qui vous envoie ?

   - Je suis journaliste, comme Dutertre.

   Le jeune homme qui se disait être l’envoyé d’Orlando devait avoir un peu plus de vingt ans. Il n’avait pas l’allure d’un paysan, mais plutôt celle d’un étudiant égaré dans les méandres de l’action politique directe.

 

Descriptif

Editions Fleuve Noir Espionnage 1332 année 1977 ISBN 2265003360, état général assez bon, couverture souple, tranche et dos un peu marqués et passés, pages jaunies, livre d’occasion broché format poche de 11,2x17,7 cm, 224 pages   

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