Editions de la Seine

MCBAIN Ed – Trois souris aveugles

Réf: pt-slemtsa
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Description

Traduit de l’américain par Jean-Pierre Quijano

Extrait 1

   Tous les matins, réveil dans des draps moites, une humidité à couper au couteau. La ligne rouge sang du thermomètre marquait déjà 24° et elle allait grimper à plus de 35 degrés avant la fin du jour. En août, la chaleur était impitoyable.

   Il pleuvait tous les après-midi, cinq minutes ou une heure. Des torrents de pluie qui dégringolaient d’un ciel lourd et noir. L’asphalte fumait sous l’assaut de la pluie. De gros nuages de vapeur tentaient vainement de s’élever. Mais la pluie ne donnait pas de fraîcheur, et la chaleur persistait.

   Pas de répit non plus la nuit. Même après le coucher du soleil, l’humidité restait là, et la chaleur aussi. Au mois d’août, il n’y avait pas un souffle d’air en Floride, ni le jour ni la nuit. On souffrait.

   La pièce sentait le sang.

   En principe, le sang n’a pas d’odeur, mais, cette fois, l’odeur était puissante. Ou peut-être n’était-ce que la puanteur de cette chair jaune éventrée. Dehors, les insectes jacassaient dans les palmiers nains. Pleine lune ce soir. On pouvait facilement lire le cadran d’une montre sans lumière. 11h20. Et la trotteuse continuait d’avancer. Il attendait que Ho Dao Bat rentre de La Pagode. Il l’attendait pour lui dire bonne nuit.

   Les deux autres dormaient à poings fermés, mais les yeux grands ouverts.

   Une petite blague, excusez-moi.

   Désolé, vraiment désolé, missié, dolmez bien.

   Bientôt ce serait le tour de Ho Dao Bat.

   Mort en plein mois d’août, par une nuit chaude et humide. Désolé, vlaiment désolé, crétin.

   La maison se trouvait dans un quartier de Calusa connu sous le nom de Petite Asie, ainsi nommé car beaucoup d’Orientaux s’y étaient installés depuis quelques années. Dans une ville qui n’était pas particulièrement réputée pour son hospitalité envers les gens de couleur, tous les Chinois, Japonais, Coréens ou Vietnamiens qui arrivaient finissaient invariablement par atterrir dans ce quartier, entre les avenues Tango et Langhorn, juste à l’ouest du boulevard Tamiami. Au début du siècle, il n’y avait qu’un bordel et un saloon sur ce quadrilatère d’un hectare. Maintenant, on y comptait plus de trois douzaines de minuscules bicoques de bois éparpillées parmi les palmiers nains. Remplies d’Orientaux. Les nuits comme celle-ci, ils étaient tous dehors, espérant vainement une brise qui leur rappellerait un village de montagne à l’autre bout du monde.

 

Extrait 2  

   Elle était assise au bord de la piscine lorsque Matthew arriva, à 3 heures de l’après-midi. Costume de bain vert, de la couleur de ses yeux, cheveux châtain-roux à la garçonne dans lesquels le soleil faisait jouer ses reflets, bandeau vert sur le front, un léger voile de transpiration qui faisait luire la pente de ses seins, au-dessus du maillot. Elle lui demanda s’il voulait de la citronnade. Ou quelque chose de plus fort. Elle était en train de prendre un gin-tonic.

   - Excellente idée, lui dit-il, et elle rentra pour lui préparer un verre.

   Assis, il regardait les champs au loin, sous le ciel gris jaunâtre. La pluie se faisait attendre ; on avait dû oublier de mettre le réveil. Jessica revint moins de cinq minutes plus tard. Elle s’était drapée dans une courte étole vaporeuse, nouée au-dessus de sa poitrine. Elle lui tendit son verre, puis s’assit en face de lui. Le cocktail était frais, amer, pétillant. Surtout pour quelqu’un qui venait de passer des heures à lire des minutes dans une salle inondée de soleil.

   - Je suis désolé de vous déranger, mais il faut que je vous pose quelques questions, dit Matthew.

   - Vous ne me dérangez pas. Maintenant que Stephen est en prison…

   Elle n’acheva pas sa phrase.

   - Je lisais les minutes du procès, cet après-midi.

   - Invraisemblable… vous ne trouvez pas ?

   - Vous savez pourquoi on les a acquittés ?

   - Naturellement. Parce qu’ils étaient coupables.

   Il la regarda sans rien dire.

   - Non, pas eux, reprit-elle, nous. Notre incroyable culpabilité d’Américains. Pour les horreurs commises au Viêt-Nam. Une façon de réparer…

   - Peut-être, répondit Matthew. Mais je pense qu’il y avait une raison plus concrète.

   - Et laquelle ?

   - Le temps.

   - Le temps ?

   - Le jury ne parvenait pas à résoudre les contradictions entre les différentes versions sur les questions de temps.

   - Ils mentaient tous les trois. Du début jusqu’à la fin. Et notamment sur les questions de temps.

   - Et le cuisinier ? Il mentait lui aussi ?

   - C’était un de leurs amis. Oui, il mentait.

   - Et la police ?

   - Je ne comprends pas ce que vous voulez dire.

   - Le standardiste de la police a déclaré au procès qu’il avait reçu votre coup de téléphone) 1 heure moins vingt…

   - oui c’est exact.

   - Et que la voiture de patrouille qui a répondu à l’appel – la voiture David – est arrivée sur les lieux à peu près cinq minutes plus tard…

   - Oui, je crois bien que c’est exact.

   - Mais, madame Leeds… le centre commercial ferme à 10 heures.

   - Oui. ?

   - Et vous avez déclaré vous-même que vous aviez commencé à changer votre pneu à 10h15.

   - Oui ?

   - Et vous ne voyez pas que le jury s’est posé des questions ?

 

Descriptif

Editions de la Seine Succès du livre de 1997 ISBN 2738210376, bon état général, couverture souple, tranche et dos un peu marqués et passés, Intérieur assez frais, livre d’occasion broché grand format de 15x23,2 cm, 308 pages   

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