Albin Michel

PERRY Thomas – Une fille de rêve

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Description

Titre original « Vanishing act » Thomas Perry, 1995.

Traduit de l’américain par Jean-François Gallaud

Extrait 1

   Jane Whitefield braqua le revolver sur l’ouverture de la porte et alla tranquillement se poser à l’autre bout de la cuisine. Elle tenait l’arme à deux mains, faute de quoi le recul ferait basculer le canon vers le haut lui ôtant l’occasion de tirer une seconde balle. Elle visait un point situé à vingt-cinq centimètres sur la gauche du chambranle et à un mètre du sol. S’il n’avait pas de mauvaises intentions, il entrerait lentement, le corps bien droit. Il n’aurait pas l’impression qu’on lui fourrait un revolver sous le nez. S’il était malhonnête, il ferait irruption ramassé sur lui-même et l’arme se trouverait pointée à hauteur de sa poitrine. Elle passerait sa soirée à nettoyer le sol et à reboucher le trou dans le mur avec du plâtre.

   Il pénétra dans la cuisine les bras largement ouverts et les doigts écartés, comme s’il s’apprêtait à serrer quelqu’un sur son cœur. Il lui avait semblé que sa voix parvenait d’un point situé plus haut qu’elle, aussi ne fut-elle pas surprise par sa taille. Il était grand, mince mais musclé, ce qui n’était pas bon signe. Des cheveux châtains foncé, coupés court. Les yeux bruns. Probablement l’homme que Jake avait vu. Il approchait ou venait de passer la trentaine ; à cet âge-là, on ne vit plus de petits larcins. Il avait une barbe de trois jours et paraissait fatigué. Là, elle marquait un point.

   « Je m’appelle John Felker et… »

   - Comment avez-vous fait pour entrer ici ? demanda-t-elle.

   - Vous n’étiez pas chez vous et je ne voyais pas où chercher refuge. Les motels… »

   Il parut comprendre qu’il n’avait pas répondu à la question.

   « Vous voulez parler du système d’alarme ? »

   - Oui, et vous le savez très bien, dit-elle sans élever la voix. Comment avez-vous fait ?

   Il s’excusa d’un petit mouvement d’épaules.

   « Ils connectent toujours les fenêtres, les portes et tout ça. Impossible d’entrer par là. Mais dans toutes les maisons, il y a au grenier, une bouche d’aération située en haut du pignon, juste sous le toit. Une fois la grille ôtée, il arrive qu’un homme ait la place de passer.

   - A condition d’être grimpé jusque-là.

   - Votre voisin repeint sa maison, il a une échelle coulissante. »

   Jane décida que si elle s’en sortait vivante, elle ferait revenir l’entreprise qui avait posé l’alarme.

   « Ensuite ? 

   - Une fois que vous êtes dans le grenier, il y a une trappe pour descendre dans la maison. J’ai coupé le système d’alarme. »

 

Extrait 2

   C’était le matin, et ils étaient assis à la table de la cuisine, s’efforçant de ne pas voir les deux valises que Jane avait achetées à Brantford. Felker rompit le silence :

   « Est-ce qu’on laisse un peu d’argent en échange de la nourriture et du reste ?

   - Non, répondit-elle. L’hospitalité a ses règles. Un de ces jours j’enverrai un cadeau à Mattie.

   - Comme vous avez fait pour Wendell ?

   - Oui.

   - Je sais que ma question va vous paraître un peu bizarre, mais que se passerait-il si on restait ici, tout simplement ? Sans chercher plus loin ?

   - Il finirait bien par arriver quelque chose. Vous pourriez tomber malade et avoir besoin d’être hospitalisé, ou vous seriez repéré par l’agent du gouvernement qui commencerait à mener sa petite enquête. Vous pourriez attraper une contredanse pour excès de vitesse. »

   Et avec un sourire triste :

   « Il faut qu’on vous case. »

   On frappa à la porte. Jane alla ouvrir et, sur le seuil, il aperçut Carlton le Mohawk. Felker se leva et porta leurs bagages dans la camionnette. Ils se rendirent chez Mattie et Jane se rua à l’intérieur.

   Mattie était à ses fourneaux et la télévision débitait un feuilleton à l’eau de rose.

   « Bonjour, Janie. Vous nous quittez déjà ?

   - Oui. »

   Mattie vint à elle et la prit dans une forte étreinte. Jane reconnut des odeurs de plumes de poule, de farine et d’air frais, sans doute emmagasinées par le vaste et doux tablier dans l’accomplissement des tâches matinales. Tout en continuant de tenir Jane aux épaules, Mattie se recula pour mieux la voir.

   « Tu as pleuré »

   - Qu’est-ce que tu vas chercher là ?

   - Je sais ce que je dis. Peut-être pas juste maintenant, mais cette nuit, dans le noir… »

   Et montrant la porte d’un signe de tête :

   « Il t’a vu pleurer ? »

   Jane fit signe que non.

   « Bravo, dit Mattie, continue comme ça. Les hommes n’apprécient pas les problèmes qu’ils ne peuvent résoudre. Ça ne fait que les rendre dingues. »

   Jane déposa un baiser surla joue de Mattie et lui rendit les clefs de la maison de Jimmy.

   « A bientôt, Mattie »

 

Descriptif

Editions Albin Michel année 1995 ISBN 2226077243, état général assez bon, couverture souple, tranche et dos moyennement marqués, intérieur assez frais, livre d’occasion broché grand format de 14,7x22,7 cm, 348 pages

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