Albin Michel

ROVIN Jeff – La nuit des chauves-souris

Réf: fh-amjrncs
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Description

Titre original « Vespers » Cater Brown, Jeff Rovin, 1998.

Traduit de l’américain par Pierre Girard

Extrait 1

   Le quartier de Midtown South à New York est connu comme l’endroit au monde où la police a le plus à faire. Elle doit veiller sur Times Square et ses millions de touristes, sur Hell’s Kitchen et sa population hétéroclite d’apprentis comédiens, de vieillards et de prédateurs humanoïdes, sur les foules qui transitent par Grand Central Station, sur la zone hautement résidentielle de Park Avenue et sur le cœur du célèbre quartier commercial de la Cinquième Avenue.

   Gentry prit un taxi jusqu’au commissariat. Il écrivit « présent » à côté de son nom sur le tableau de service, puis se fraya un chemin parmi la foule des policiers et des gens venus parler de leurs problèmes. Il salua les inspecteurs Jason Anthony et Jen Malcolm assis derrière leurs bureaux dans « la fosse aux flics » comme on l’appelait, avant de s’engouffrer dans son bureau, petit et lumineux, à l’arrière du bâtiment. La porte refermée, il s’affala dans le fauteuil pivotant. Il y avait sur la table une pile de dossiers d’une bonne trentaine de centimètres de haut. Piétons renversés par des coursiers à bicyclette. Voitures écrasées contre des poteaux. Promeneur blessé à l’œil par une modèle réduit d’avion envolé d’un toit. Gentry se dit que la plupart de ces affaires pouvaient attendre. Il parcourut du doigt la liste, décolorée par le soleil, des numéros que son téléphone gardait en mémoire, composa le 34 et chercha un stylo.

   Gentry ne parvenait pas à se rappeler le nom et le titre officiel de la spécialiste des chauves-souris que Kathy Leung avait interviewée la veille au journal télévisé. Il ne se rappelait pas non plus si elle travaillait au zoo du Bronx ou celui de Central Park. Il décida donc d’appeler l’assistant de Kathy pour lui demander son numéro de téléphone. Mais ce fut Kathy elle-même qui décrocha, à son grand étonnement.

   - Kathy ?

   - Qui me demande ?

   - Robert Gentry.

   - Ah, l’inspecteur, dit-elle, d’un ton détaché. En voilà une surprise.

   - Agréable, j’espère.

   Elle ne répondit pas. Ça ne s’annonçait pas facile.

   - Je t’ai vue aux informations hier soir, reprit Gentry. Je ne m’attendais pas à te trouver d’aussi bonne heure.

   - J’ai dormi ici. Ecoute, je suis vraiment très occupée pour le moment. Il s’est passé des choses bizarres hier soir.

   - Comment ça ?

   - Tu devrais regarder plus souvent la télé. On a donné ce matin des infos qui n’étaient pas dans les journaux.

   - Désolé, mais mon papa était typographe au Trib.

 

Extrait 2

   La brigade spéciale progressait du côté gauche de chaque voie en suivant une traînée de gouttes de sang.

   - Si je me fiais uniquement à ce que je vois, dit Laurie Rhodes à Kilar, je penserai que la victime a été heurtée par une rame et qu’elle y est restée accrochée en perdant son sang. Les gouttes suivent le tracé des rails à mi-distance entre les deux voies.

   - Vous avez déjà vu quelque chose qui ressemble à ça, sergent ? demanda Lord.

   - Ouais, répondit Laurie Rhodes. Le jour où mon chat a attrapé une souris et l’a emportée à travers la moquette du living-room.

   - Les souris sont peut-être venues se servir, suggéra Lord.

   - En tout cas, dit Kilar, il est certain que la victime n’a pas été heurtée par une rame. Je viens d’en recevoir la confirmation. Aucun métro ne circulait sur ce tronçon de ligne au moment où c’est arrivé.

   - Donc, je n’ai pas d’explication, dit Laurie Rhodes. Il y a du sang, mais aucune empreinte de pas. Pas trace du Walkman non plus. Rien.

   Ils s’étaient avancés d’environ deux cents mètres dans le tunnel. Laurie Rhodes, de sa torche électrique, éclairait lentement et méthodiquement les parois, le plafond, les piliers.

   - Ce que vient de dire Lord me fait penser qu’on a pas vu de Jimmies depuis qu’on est là, observa Laurie Rhodes. C’est bizarre !

   C’est ainsi que les policiers, en hommage à une réplique célèbre de l’acteur de cinéma James Cagney, appellent les rats du métro. Les « Jimmies » circulent le long des rails à la recherche des restes de nourriture jetés sur les voies à proximité des stations. Et quand on traverse les voies, on les voit souvent se sauver.

   - Sergent Rhodes ? appela soudain Kilar.

   - Oui ?

   - Attendez.

   Laurie Rhodes leva la main gauche. Tout le monde s’arrêta.

   Quelques secondes plus tard, Kilar annonça :

   - Sergent, on vous conseille de rebrousser chemin. Nous venons de recevoir un ap… merde ! Une seconde, je ne comprends pas comment marche ce machin-là !

   Lord et Hotchkiss partirent d’un rire nerveux.

   Laurie Rhodes confirma qu’elle avait bien entendu, et attendit. Le lieutenant Kilar venait de lui donner un conseil, non un ordre. C’était maintenant à elle de décider ce que ferait son équipe. Elle pencha la tête à droite pour scruter le tunnel devant elle ; balaya une nouvelle fois l’espace du faisceau de sa torche. En haut, en bas, à gauche, à droite, en diagonale des deux côtés, avec des gestes lents. Elle ne vit rien.

 

Descriptif

Editions Albin Michel année 1999 ISBN 2226110720, état général assez bon, couverture souple, tranche et dos moyennement marqués, intérieur assez frais, livre d’occasion broché grand format de 15,7x24,3 cm, 368 pages

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