Plon

SICH Marc – Mortels abîmes

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Description

Extrait 1

   - La victime avait une trentaine d’années. Elle mesurait un mètre soixante-huit et pesait soixante-deux kilos, elle était très musclée. Elle devait exercer un métier physique ou faire beaucoup de sport. Le corps vitré de l’œil a été préservé et j’ai pu, en l’examinant, déterminer l’heure du décès avec une certaine précision : entre 21h30 et 22heures. Quant à la cause de la mort : commotio cerebri. Un choc à la tête. Un vrai court-circuit. La fracture est en coquille d’œuf sur la face postérieure de la boîte crânienne. Le genre de fracture que l’on se fait en tombant du deuxième étage. Elle est morte instantanément. On a pu la frapper avec n’importe quoi : une pierre, un marteau, une souche… Ou bien on lui a cogné la tête contre un mur, mais avec une violence extrême. Toutes les autres blessures et mutilations, y compris la crémation, sont post mortem.

   François Cardos s’interrompit, jeta un regard à l’horloge. Il était 21 heures. Il tourna la tête vers Victoire. Elle l’écoutait debout, immobile, les traits figés, avec sur le visage une expression de dégoût qu’il lui connaissait bien. Le légiste avait pratiqué l’autopsie dès que le corps avait été déposé à l’Institut. Lorsque Victoire et Jean Diaz étaient arrivés, ils s’étaient installés dans le bureau du médecin, une minuscule pièce aveugle éclairée par deux lampes au néon, et avaient attendu que le légiste en ait terminé et qu’il leur fasse la lecture de son rapport, sur un ton neutre, effrayant…

   - Je vous assure qu’elle n’a pas eu le temps de souffrir, reprit Cardos avec plus de douceur, comme pour apaiser Victoire. Les victimes d’incendie présentent souvent des os éclatés ou des traces d’hémorragies épidurales, ce qui peut donner l’impression que quelqu’un les a torturés avant de mettre le feu, mais ce n’est pas le cas. Il s’est peut-être écoulé une heure avant que le corps ne soit brûlé, à l’aide d’un chalumeau, comme je le pensais. Mais auparavant, il a bien été badigeonné avec des substances que j’ai pu prélever. J’ai aussi trouvé de nombreux débris, en particulier dans la mèche de cheveux qui n’a pas brûlé : de la terre, des petits morceaux de feuilles, une matière sèche, épaisse, des cadavres d’insectes, des fibres de coton et d’acrylique. Tout est parti au labo, il faudra la nuit pour que l’analyse microscopique soit achevée, ainsi que le décryptage des photographies aux infrarouges et aux ultraviolets. Nous en saurons plus demain matin.

   - Le produit avec lequel elle a été enduite était-il supposé favoriser la combustion du cadavre ? demanda Victoire.

   - Non. Si l’agresseur s’était contenté d’utiliser son chalumeau, ou un autre engin produisant une chaleur intense, le résultat aurait été le même. D’ailleurs les brûlures n’ont pas été infligées dans le but de faire disparaître le cadavre. Je crois qu’il souhaitait davantage présenter le corps de cette façon. Il n’a omis aucune partie du corps, il a donc fallu qu’il se livre à une opération minutieuse, en retournant le cadavre à plusieurs reprises ou en le pendant par les pieds.

 

Extrait 2  

   Elle avait appris à toujours garder l’initiative. Victoire n’aimait ni les surprises, ni les visiteurs imprévus qu’elle ne pouvait éconduire. Elle allait lui demander ce qu’il faisait là, dans son bureau, quand le téléphone sonna. Elle avait exigé qu’on ne la dérange qu’en cas d’urgence. Elle décrocha avec nervosité ; on lui annonça que Diaz voulait lui parler. Elle hésita, jeta un regard à son visiteur et demanda qu’on lui passe la communication.

   - J’ai fait le point sur notre affaire, dit le psychiatre.

   - Je ne peux pas vous écouter maintenant, monsieur. J’ai quelqu’un dans mon bureau et ça risque d’être long. Parlons-nous demain, à l’heure qui vous plaira.

   - Impossible. Demain, je serai indisponible.

   - Alors, ce soir. Je vous rappellerai de chez moi.

   - Je ne serai plus là.

   Elle s’assit sur son fauteuil rotatif.

   - Désolée, mais…

   - Il est de taille moyenne, coupa Diaz. Environ un mètre soixante-dix, très énergique, musclé, sans une once de graisse, sans doute bien entraîné comme un sportif de haut niveau ou un militaire des commandos, habitant la région depuis très longtemps, s’exprimant avec facilité, séduisant, conduisant un véhicule ancien et original… Vous branchez votre petite machine ou je vais me coucher ?

   Victoire avait enclenché le magnétophone relié au téléphone avant que le psychiatre n’ait terminé sa phrase. Elle fit pivoter son fauteuil pour tourner le dos à son visiteur.

   - Je vous écoute.

   Il y eut un court silence avant que Diaz ne reprenne. Et un soufflement, que Victoire interpréta comme un soupir de fatigue.

   - Je répète donc… Il est douteux que ça puisse être une femme. Les actes qu’il accomplit sont trop marqués d’une forte empreinte masculine : prise de pouvoir, manipulation et disposition du corps, l’utilisation du feu. Il ne doit pas être très jeune, plus proche de trente ans que de vingt, même s’il paraît immature. Pour que ce comportement mental pervers trouve une issue dans le meurtre, il faut que ses fantasmes, en relation avec le sexe et la mort, aient pris une place prépondérante dans sa vie. Ce sont des aspects de la personnalité qui ont aussi besoin de temps pour se faire jour. Il n’est pas d’une grande corpulence, parce que, dans la tour de Vias, il a pendu le corps à seulement deux mètres de hauteur, et, d’après le rapport d’autopsie, la lame a pénétré le flanc selon un angle de 30°…

 

Descriptif

Editions Plon année 1999 ISBN 2259184995, état général correct, couverture souple, tranche et dos un peu marqués et passés, pages jaunies, livre d’occasion broché grand format de 14,2x22,7 cm, 312 pages   

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