Pocket/Presses Pocket

SILVERBERG Robert – Les déserteurs temporels

Réf: sf-ppsf5222
1,50 € TTC
 Hors stock
Ajouter au panier
Description

Titre original « The Time-Hoppers » Robert Silverberg, 1967.

Traduit de l’américain par Bruno Martin

Extrait 1

   Quellen se sentait soulagé de s’éloigner de Koll et Spanner. Revenu dans son bureau, derrière sa table, petite mais bien à lui, il avait de nouveau conscience de sa position. Il était plus qu’un valet, malgré la façon qu’avait Koll de le bousculer.

   Il sonna pour convoquer Brogg et Leeward, et les deux sous-secrétaires apparurent pour ainsi dire instantanément.

   « Cela fait plaisir de vous revoir », dit Stanley Brogg d’un ton acide. C’était un homme corpulent, à l’air sombre, au visage lourd, aux doigts épais et poilus. Quellen lui adressa un signe de tête et tendit la main pour ouvrir l’admission d’oxygène ; il s’efforçait d’adopter l’air supérieur que Koll avait pris en faisant le même geste un quart d’heure plus tôt. Brogg n’en parut nullement impressionné. Il n’était qu’en Neuvième classe, mais il avait pouvoir sur Quellen, comme ils le savaient tous les deux.

   Leeward ne semblait pas non plus impressionné, pour diverses raisons. Leeward n’était tout simplement pas sensible aux petits gestes. C’était un homme de très haute taille, cadavérique, réservé, qui s’acquittait de son travail avec méthode, dans la routine. Pas un imbécile, certes, mais qui ne sortirait jamais de la Neuvième Classe, lui non plus.

   Quellen examinait ses deux assistants. Il tolérait mal que Brogg le scrute ainsi en silence. Brogg était le seul à connaître le secret de la cachette ; un tiers de l’important salaire de Quellen était le prix de son silence. Le grand Leeward n’en savait reien et il s’en moquait ; il recevait ses instructions directement de Brogg, non de Quellen, et le chantage n’était pas sa spécialité.

   « J’imagine que vous êtes déjà informés du fait que nous sommes chargés des récentes disparitions », commença Quellen. « Les déserteurs temporels, comme on les appelle, sont devenu le problème essentiel du Secrétariat Criminel, comme nous l’avions prévu il y a déjà quelques années. »

   Brogg montra une épaisse liasse de mémos. « En fait, j’allais justement me mettre en communication avec vous à propos de la situation. Le Gouvernement Suprême s’y intéresse fort. Koll vous a sans doute dit que Kloofman lui-même s’en préoccupe. J’ai les nouvelles statistiques. Durant les quatre premiers mois de l’année en cours, soixante-huit mille personnes ont disparu. »

 

Extrait 2

   Quellen n’avait pris aucun plaisir à cet entretien avec sa sœur. Elle était visiblement si malheureuse que sa seule vue lui avait causé du chagrin. Elle paraissait à présent cinq ou six ans de plus que son âge. Il se rappelait Hélène à treize ans, virginale et radieuse, assez naïve pour croire que la vie lui réservait des merveilles. Et elle était là, à quelques années de la quarantaine, cloitrée entre quatre murs, sortant ses griffes comme un démon pour se cramponner à un époux aigri et morose, uniquement parce qu’il était à peu près tout ce qu’elle possédait.

   Néanmoins, elle lui avait apporté des renseignements utiles. Lanoy préoccupait Quellen depuis que l’inconnu au visage jaunâtre lui avait fourré le papier dans la main, sur la rampe du transport. Le lendemain même, Quellen avait fait enquêter, mais sans résultat concret. Un simple nom de famille ne servait nullement à l’ordinateur. Il y avait des milliers de Lanoy dans le monde et il était impossible à Quellen de les interroger tous sous prétexte de possibles activités scélérates. Une rafle de hasard n’avait rien fourni de nouveau. Pourtant, à présent, il y avait Hélène avec sa conviction intuitive que Lanoy dirigeait toute cette histoire de resquille temporelle. Et cette autre femme qu’elle avait nommée, cette Beth Wisnack… Quellen nota d’envoyer un inspecteur la questionner de nouveau. Sans doute avait-elle été déjà interrogée sur la disparition de son mari, mais il faudrait cette fois la cuisiner sous l’angle Lanoy.

   Quellen réfléchit à l’intérêt d’une surveillance de Norm Pomrath pour prévenir son départ inopiné. Il avait reçu l’ordre explicite de laisser tranquille Donald Mortensen et de ne s’occuper d’aucun resquilleur enregistré. Koll avait reçu la directive de Giacomin, qui l’avait reçue de Kloofman en personne : « Ne pas toucher à Mortensen. »

   Ils avaient peur de modifier le passé. Quellen sentait bien leurs craintes jusqu’au sommet du Gouvernement Suprême. Il était en son pouvoir d’ébranler les assises de l’univers. Qu’il arrête Mortensen pour interrogatoire et lui colle un crayon laser dans le crâne, par exemple.

   « Désolé. A résisté à son arrestation et à dû être abattu. »

 

 

Descriptif

Editions Presses Pocket Science-fiction 5222 de 1986 ISBN 2266016814, état général assez bon, couverture souple, tranche et dos un peu passés et marqués, pages moyennement jaunies, livre d’occasion broché format poche de 11,2x17,8 cm, 192 pages.

Produits pouvant vous intéresser