France Loisirs

SLAUGHTER Frank G. - Maritza

Réf: re-flfsm
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Description

Titre original « Maritza »

Traduit de l’anglais par Chantal Jayat

Extrait 1

   Dans le fiacre qui les conduisait du débarcadère à l’Exchange Hotel, Maritza et Celestina contemplaient, peu impressionnées, la première capitale de cette jeune nation qui portait le nom pompeux d’Etats Confédérés d’Amérique. Située au cœur de l’Alabama, à une centaine de milles de Mobile, l’un des plus grands ports du Golfe du Mexique, la ville de Montgomery avait été choisie en fonction de sa situation géographique – au centre des états sécessionnistes -, et non de son importance. En l’espace d’une nuit, cette petite cité endormie de vingt mille habitants était devenue le point de mire du monde entier, bien qu’elle ne fût guère préparée à jouer le rôle qu’elle se voyait soudain attribuer.

   Pour les dirigeants de la Confédération – d’anciens membres du Congrès, pour la plupart – Montgomery ne pouvait en aucune manière être comparée à Washington. Dexter Avenue, l’artère principale de la ville, n’était qu’un fouillis de pavés brisés, tout comme Pennsylvania Avenue de Washington. Et ces deux rues étaient couvertes, quand le temps était sec, d’une poussière rouge que la circulation des voitures soulevait par nuages, lorsqu’il pleuvait, d’une mare de boue. Mais toute comparaisons s’arrêtaient là. Lourde des traditions du Vieux Sud, Montgomery ne correspondait guère à l’image qu’on se faisait de la Capitale d’une jeune nation, en constante ébullition depuis qu’Abraham Lincoln avait été élu, à l’automne 1860, président des Etats-Unis d’Amérique.

   Tandis que la voiture de louage, tirée par un cheval poussif progressait lentement en direction du centre de la ville, Maritza, un fin mouchoir collé contre sa bouche et son nez pour pouvoir respirer sans avaler trop de poussière, en venait presque à regretter de n’être pas restée après la mort d’Etienne, dans une ville civilisée, comme Londres ou Paris. Mais Jefferson Davis était le seul à pouvoir donner à Penn Darrow la lettre de marque qui l’autoriserait à prendre en chasse les navires de commerce fédéraux. Quel que soit l’inconfort qui en résultait, Maritza se devait de séjourner à Montgomery le temps qu’il lui faudrait pour obtenir ce document.

 

Extrait 2

   Il était près de cinq heures lorsque Maritza et Celestina arrêtèrent leurs montures au sommet d’une petite butte qui dominait une portion de la route Centreville-Faifax Courthouse. C’était à cet endroit précis de la grand-route que, la veille, les deux jeunes femmes avaient quitté la chaussée, trop encombrée pour y circuler à une allure décente, et décidé de prendre un autre chemin afin de gagner Blackburn’s Ford dans un temps raisonnable. A ce moment-là nul ne doutait de la victoire et le pré qui descendait en pente douce vers la route ressemblait plus à une scène de carnaval qu’à un éventuel théâtre de combats.

   Hier, tous ceux qui étaient venus de Washington pour voir la bataille avaient improvisé un gigantesque pique-nique sur l’herbe, en attendant que l’armée de McDowell entame une marche triomphante sur Richmond. Les ombrelles des dames s’étaient découpées sur le beau ciel bleu de juillet, rivalisant d’éclat avec les toilettes d’été aux couleurs vives. Les enfants, présents eux aussi, s’en étaient donné à cœur joie, livrant d’interminables parties de cache-cache et de ballon. Les rois incontestés de la fête, les soldats, avaient circulé de groupe en groupe, acceptant sans compter boissons et victuailles, et plus d’un s’était remis en route en titubant légèrement sur ses jambes amollies par l’alcool. Les membres du Congrès et les sénateurs, chacun entouré d’une petite cour d’admirateurs, avaient longuement disserté sur les finesses de la stratégie militaire – bien qu’étant parfaitement ignorants en la matière – ou bien avaient décrit avec une joie mauvaise le châtiment qu’ils réservaient aux rebelles. Le bruit avait même couru que le président Lincoln en personne se rendrait sur les lieux et qu’il avait déjà écrit un discours à l’intention de son armée victorieuse.

   Et maintenant, quelque vingt-quatre heures plus tard, la plus grande confusion régnait sur la route et aux alentours. Sidérées par le spectacle qui se déroulait à leurs pieds, Maritza et Celestina cherchèrent refuge sous le feuillage d’un grand sycomore, prêtes à croire que le soleil de plomb avait quelque peu troublé leurs cerveaux.

   Le désordre était indescriptible. Ici et là, des bogheis étaient couchés dans le fossé, les roues en l’air. Un flot de caissons et de cavaliers bousculaient les civils, tant était grande leur hâte de fuir l’horreur du champ de bataille. L’air hagard des soldats – certains blessés, d’autres non – avançaient d’un pas d’automate en direction de Washington. Quelques femmes dépenaillées, juchées sur des hauts talons, se traînaient à leur suite, tristes compagnes d’une armée en déroute.

 

Descriptif

Editions France Loisirs année 1980 ISBN 2724207424, bon état général, jaquette, couverture rigide, tranche et dos un peu marqués et passés, intérieur assez frais, tranches des pages moyennement salie, livre d’occasion relié grand format de 13,7x20,8 cm, 308 pages

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