Fayard

TAILLANTER Roger Le – Heures d’angoisse

Réf: pt-fqo1997
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Description

Extrait 1

   - Alors, tu démarres ?

   Le canon de l’arme, dans le dos de Roland Villiers, s’impatiente.

   Il prend une profonde inspiration et maîtrise le tremblement de ses mains en les posant bien à plat sur le volant gainé de cuir.

   Dans le parking souterrain, rien ne bouge. Il n’a rien à attendre d’un secours extérieur.

   - Ecoutez-moi, Louis XIV et Charlemagne. En fait de rois, vous êtes surtout les rois des cons ! Nous allons nous casser les dents sur la banque, ameuter tout le quartier et surtout la police. Je ne comprends pas comment vous avez pu être assez naïfs pour croire qu’un simple directeur d’agence pouvait, s’il perdait la tête, cambrioler son propre établissement. Ce que je vous ai dit tout à l’heure est vrai. A lui tout seul, ce trousseau de clés que vous avez dans la poche ne sert à rien. Il en faut un deuxième pour que les portes s’ouvrent. Maintenant, si vous voulez quand même tenter le coup, ne venez pas me dire que je vous ai mis dans les embrouilles, comme vous dites. Vous les aurez cherchées !

   Le chef reste un instant immobile et silencieux à l’arrière de la Mercedes. Puis, la voix pleine de colère contenue, il appuie à nouveau son arme contre le dos de son otage.

   - Et où est-il, ce deuxième trousseau de clés ?

   Roland Villiers hésite, jusqu’à ce qu’il sente une nouvelle fois l’acier lui masser douloureusement les côtes.

   - Chez mon sous-directeur. C’est la règle, à la banque. Mais ne vous faites pas d’illusions. C’est un célibataire. Il vit seul et, à l’heure qu’il est, il est parti depuis longtemps en week-end chez ses parents, ou peut-être chez une petite amie.

   Louis XIV gronde.

   - C’est ce que nous allons voir ! Tu vas nous emmener chez lui. De deux choses l’une. Ou bien il est là et tu lui demandes ses clés : tu es le patron, oui ou merde ? Ou bien il n’est pas là et Charlemagne s’occupera de ses serrures, et nous ramènera les clés. En toute !

 

Extrait 2  

   Les effets diurétiques de la bière sont bien connus. Charles VII les a ressentis après la troisième canette de Kronembourg.

   - Dis donc, directeur, où est-ce qu’on pisse dans ta boutique ?

   Ayant cessé de tressaillir aux lourds coups de masse venant du sous-sol, Roland Villiers, rivé à son fauteuil avait sombré dans une torpeur cauchemardesque. Il se redresse et contemple sans aménité son garde-chiourme masqué.

   - Au point où vous en êtes, vous pouvez bien pisser où vous coulez. Cela conviendrait assez bien à votre nature de sauvage !

   Un violent coup de crosse derrière l’oreille ramène l’otage aux tristes réalités.

   - Et si je te pissais dans la gueule, connard, tu serais content ?

   - Les toilettes sont au sous-sol, à côté de la salle des coffres.

   Avant de s’y rendre, Charles VII est venu vérifier que les menottes de ses deux prisonniers sont bien en place et, comme un maître d’école, leur fait ses recommandations.

   - Rappelez-vous qu’il est interdit de bavarder en classe. Le premier que j’entends parler se prend un coup de crosse sur la tronche !

   Puis, en silence, il prend le couloir en direction du sous-sol.

   Alain Chevilly n’attendait que cette occasion pour faire part à son directeur de ce qu’il pense du coup de fil qui a inquiété les malfaiteurs. Allongeant sa jambe à défaut de pouvoir tendre le bras, il réussit à atteindre le pied de Roland Villiers qui, sursautant, croise son regard.

   - Le coup de fil, Villiers.

   - Oui, quel coup de fil ?

   - Celui qu’ils ont reçu chez vous. C’était sûrement Carole…

   Il tombe des nues, Roland Villiers. Il n’a jamais entendu parler de cette Carole.

   - Qui est-ce Carole ?

   - Ma maîtresse, elle était chez moi quand vous êtes venu me chercher. Elle a dû s’inquiéter. Je me demande…

   L’acier glacé de l’arme s’abat sur l’arête du nez du sous-directeur, faisant craquer le cartilage et gicler le sang. Après un faux départ, Charles VII, méfiant, était revenu sans bruit derrière eux, sur ses semelles de caoutchouc.

   - Espèce d’enfoiré ! Tu ne pouvais pas le dire tout à l’heure, que tu avais une salope chez toi.

   Epongeant de son mouchoir déjà rouge le sang de son nez, Chevilly proteste.

   - Vous ne m’avez rien demandé, à moi ! C’est au directeur que vous avez posé la question. Il ne savait pas, lui, que j’avais une amie chez moi. C’est ma vie privée.  

 

 

Descriptif

Editions Fayard Prix Quai des orfèvres 1997 de 1996 ISBN 2213596956, état général moyen, couverture souple, tranche et dos moyennement marqués et passés, intérieur assez frais, livre d’occasion broché format poche de 11,3x17,8 cm, 288 pages   

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