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VIALATTE Alexandre – Antiquité du grand chosier

Réf: rf-pp3490
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Description

Extrait 1

   Le soleil

   Le soleil est vieux comme Hérode. Les écritures les plus cunéiformes en font déjà mention sur des murailles de briques dans les terrains qui contiennent des villes mortes. Le pâtre chaldéen fut le premier à le signaler dans les déserts d’Asie Mineure où il gardait le mouton à queue plate. D’ailleurs, plus le soleil brille sur le désert de Chaldée (où naquit toute astronomie), plus le mouton a la queue plate. C’est un effet de la dessiccation. Le soleil est donc le père du mouton à queue plate dont l’origine se perd elle-même dans la nuit des temps. C’est chiffrer son antiquité. Elle est reconnue par tous les bons esprits. Sans le soleil, jamais le Breton n’aurait pu peindre de « Bruyères au soleil couchant ». Phorcypeute le Microchire dit de lui le plus grand bien dans ses ouvrages posthumes. Chyme l’Environnaire le vante.

   Le vicomte d’Apreval en fait une vive peinture dans son Traité raisonné des saisons. Le dictionnaire de Dupiney de Vorepierre lui garde une place considérable à la page 1090 : ce ne sont qu’ellipticités, azimuts, lois coperniciennes et précessions des équinoxes, sans compter la plus haute algèbre et l’explication des éclipses. Aménophis IV lui-même disait qu’il « fait danser les moutons sur leurs jambes ».

   Le soleil n’éclaire pourtant que le jour, et les Gaulois lui préféraient la lune qui éclaire (plus utilement) la nuit. Contrairement à la plupart des astres, qui se lèvent et se couchent à n’importe quelle heure, c’est le seul qui se lève à l’aube et qui se couche le soir. Son exactitude est royale. Il est plus grand que le cheval, plus brillant que nos finances, plus solide que les grands barrages. Apollon le promenait avec quatre coursiers. L’Indien a toujours peur de le perdre au Nouvel An : il emplit la nuit de gémissements, il pend un chien, il se noircit le visage, il ne se rassure qu’en le voyant reparaître ; il mange le chien pour s’en féliciter. Le Chinois croit à chaque éclipse que le soleil est dévoré par un dragon ; il tape alors que les casseroles et mille ustensiles de ménage pour chasser le monstre : quand le soleil revient, il raccroche les casseroles. C’est pour que sa femme ne l’attrape pas. Josué l’arrêta trois jours, et le cacha bizarrement dans le ventre d’une baleine, puis le relâcha, ne trouvant rien à lui reprocher. Il sert à la photographie et à se bronzer le dos sur les plages. Le président Krüger pensait qu’il était plat, et La Rochefoucaud qu’on ne peut pas le regarder.

 

Extrait 2

   Histoire rapide des Bourguignons.

   Il n’est rien de tel que la Bourgogne : sans la Bourgogne, il n’y aurait pas de Bourguignons. On se demande où seraient nés Lamartine, Crébillon fils et même Crébillon père, sans compter Longepierre, que l’on connaît si peu. La moutarde de Dijon se fabriquerait en Alsace, le bœuf bourguignon chercherait sa patrie, son front ridé par l’effort.

   Les bourguignons ont eu le génie d’une civilisation énorme et plantureuse, grasse et vineune, qui roule les « r », drape l’éloquence et laisse des ronds de vin sur la table autour du jambon à la crème.

   Tout commença par les Burgondes, ils arrivaient des petits coteaux du Rhin, encore ivres de la vigne en fleur. Les Gaulois, dégrossis par les Romains de César avaient appris l’ablatif absolu, conservaient le vin dans des cratères sculptés et inscrivaient des vers latins dans leur baignoire. Ce n’étaient que torques, bijoux, raffinements hydrothérapiques et charcuterie du Mâconnais. Après les avoir massacrés, les Burgondes se logeaient chez eux, sciaient leur bois, ciraient leurs sandales, mangeaient leurs porcs avec la plus grande bonhommie et répandaient l’odeur barbare du suif de chèvre dont ils teignaient leurs cheveux en roux. Le matin, ils prenaient des leçons de bonnes manières en assistant avec les autres parasites au lever du père de famille qui parlait comme un livre et se mouchait avec grâce. Ce fut ainsi que les Burgondes prirent l’habitude du subjonctif : ils apprirent le plus gros des verbes déponents et versèrent des parfums dans leur moustache tombante.

   Cette leçon porta de si beaux fruits que la cour de Bourgogne, au XIVe siècle, se distinguait par son faste incroyable et le fouillis de ses blasons. Les hommes s’habillaient comme les femmes, les femmes s’habillaient comme le diable. « Elles menaient excessifs états et portaient cornes merveilleuses, larges et hautes » ; c’étaient d’incroyables hennins qui les gênaient pour passer les portes. Les broderies des pourpoints transformaient les seigneurs en hommes-bêtes, en hommes-musique, en hommes-grimoires.

 

 

Descriptif

Editions Presses Pocket 3490 année 1991 ISBN 2266034987, état général moyen, couverture souple, tranche et dos passés et un peu marqués, pages moyennement jaunies, livre d’occasion broché format poche de 11,2x17,8 cm, 320 pages.

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