WIDDICOMBE Susan – Le seigneur de la mer

Réf: re-emd334
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Description

Titre original « The love witch »

Extrait 1

   Seuls les pas de Mélanie rompaient le silence du couloir qui conduisait au bureau de la directrice. Et Mélanie s’inquiétait. Qu’elle eût été convoquée signifiait qu’elle avait fait une grosse sottise et qu’une réprimande l’attendait, ou que Mlle Davis allait lui annoncer une mauvaise nouvelle. Et elle redoutait également l’une ou l’autre éventualité ; il y avait déjà trop de tristesse en elle !

   Elle jeta un regard dégoûté, par la fenêtre, sur la cour au sol couvert de neige. Elle détestait le mois de février. Il lui semblait qu’à cette époque de l’année le chauffage central ne réussissait plus à tiédir l’atmosphère.

   Devant la porte, un instant elle hésita à frapper. Deux semaines plus tôt elle l’avait franchie pour apprendre que son père était mort. Elle essaya de se donner du courage en se disant qu’il ne pouvait rien lui arriver de pire et elle frappa enfin. Une voix lui cria d’enter.

   Le bureau était de petites dimensions et meublé avec austérité. Ses murs étaient badigeonnés de cette peinture crème qui recouvrait tous les murs de l’orphelinat.

   - Vous m’avez fait dire de venir, mademoiselle Davis ? dit la jeune fille avec appréhension.

   - Entrez et asseyez-vous. Et n’ayez pas l’air si malheureux.

   Elle était bonne. D’apparence austère, elle inspirait confiance. Elle était pour Mélanie ce qui ressemblait le plus à la mère que la jeune fille n’avait pas connue, bien que sa haute et maigre silhouette, toujours vêtue d’un tailleur sombre, ne fût pas exactement l’image que l’orpheline s’en faisait.

   Elle s’assit gauchement sur la chaise, devant la table, soulagée par le sourire qui l’accueillait : la nouvelle ne devait pas être mauvaise.

   - J’ai reçu une lettre du notaire de votre père, commença Mlle Davis, au sujet du testament.

   - Oh… ! dit Mélanie avec indifférence.

   Son père n’avait rien à laisser à personne. Pourquoi un testament ?

   - Il prévoit votre avenir, continua la directrice. Votre père n’avait pas d’argent, mais il a laissé certaines instructions. Il était anxieux à l’idée que vous restiez seule au monde. Il a veillé à ce qu’il y ait quelqu’un pour s’occuper de vous après sa mort.

 

Extrait 2  

   De plus en plus souvent, Mélanie pensait à la légende de « l’Ombre d’amour ». Nul ne lui avait donné de détails sur l’histoire et elle grillait d’en savoir davantage.

   Elle travailla très dur pour les nettoyages de printemps et Steven lui-même le remarqua.

   - Vous en faîtes trop ! dit-il. Pour l’amour du ciel, reposez-vous ! Je ne voulais pas que vous vous rendiez malade !

   Le jeudi suivant, elle alla rejoindre Joe.

   - Emmenez-moi sur la lande, pria-t-elle. Je veux voir votre fantôme.

   Joe était prêt à satisfaire ses moindres caprices. Il sourit.

   - J’espère que le vieux tacot nous emmènera jusque-là.

   Ils montèrent dans la vieille Ford. Mélanie sentait courir dans ses nerfs la joie de l’aventure : quand elle avait traversé la lande de « l’Ombre d’amour », n’avait-elle pas découvert que Steven était un homme séduisant ? La même chose allait peut-être se produire en ce qui concernait Joe, et cela simplifierait considérablement sa vie.

   - Vous n’imaginez pas, j’espère que « l’Ombre d’amour » sera là pour vous attendre ? dit le garçon en riant comme ils grimpaient la côte. Elle n’apparaît pas très souvent…

   - Je ne crois pas vraiment que je vais le voir, admit Mélanie. Mais dites-moi tout ce que vous savez d’elle.

   - Très bien. Pourtant, rappelez-vous que c’est seulement une légende. Il faudrait être un peu cinglé pour y croire.

   Il commença son récit.

   - C’est arrivé il y a deux cents ans environ. Elle s’appelait Maria Ashley, et elle était la fille du seigneur du pays, Jabez Ashley. Tous les gars du village étaient sous son charme : elle était si belle qu’elle les envoûtait. En fait, tous les hommes l’adoraient. Elle était comme un ange : on dit que même les animaux sauvages se couchaient à ses pieds. Mais pour elle, il n’y avait qu’un garçon, un pêcheur du nom d’Arthur, qui était très pauvre bien qu’il travaillât beaucoup. Ils se rencontraient secrètement dans une grotte, et une nuit Jabez les surprit. C’était un homme dur et cruel, tout le monde le détestait ; chargé de collecter les impôts, il avait envoyé nombre d’hommes aux galères pour contrebande. Quand il découvrit l’amour de sa fille pour Arthur, il devint fou de colère, car il avait promis la main de Maria à un riche seigneur. Il lui défendit de revoir le garçon, mais elle l’aimait trop, et elle retourna le voir sur la lande. Alors ce fut le drame, Arthur fut accusé de contrebande. On avait trouvé des flacons de brandy dans sa maison. Il jura, en vain, qu’il ne les y avait pas apportés. Jabez Ashley le fit condamner. Naturellement, les gens du village étaient sûrs que Jabez lui-même avait fait déposer les bouteilles chez Arthur, mais cela ne sauva pas le malheureux : il fut pendu et Jabez obligea sa fille à assister à l’exécution.

 

 

Descriptif

Les Editions Mondiales Collection Delphine 334 année 1974, bon état général, couverture souple, tranche et dos un peu marqués et passés, intérieur assez frais, livre d’occasion broché format poche de 11,3x17,8 cm, 224 pages   

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