Titre original « River of darkness »

Traduit de l’anglais par Jean Rosenthal

Extrait

   Serrant fortement les commandes le Marine ne quittait pas des yeux l’étroit couloir par où l’eau courait librement, avec la force d’un torrent, pour aller se précipiter dans l’espace libre, tout de suite après les récifs.

   - C’est par là que nous devons passer, murmura Sheridan, tout près du conducteur. Mais n’oublie pas, si le sol n’est pas profond, de faire marcher tout de suite les chenilles. Elles nous aideront à nous en sortir. Autrement, nous serons dans un sale pétrin !

   L’eau poussait le LVT. Curley devait maintenir une vitesse plutôt faible, retenant le blindé comme un cheval prêt à bondir.

   Derrière lui, immobiles, les hommes regardaient la barrière d’écume rageuse qui se dressait devant le char. Le rugissement des vagues qui éclataient sur les roches comme une pluie d’obus devenait de plus en plus assourdissant. De hauts éventails d’écume se levaient à plusieurs mètres au-dessus du niveau des eaux.

   - Un peu plus à droite, Thomas ! cria soudain le sous-officier. Un peu plus et nous roulions directement sur les récifs ! Fais donc attention, bordel ! A moins que tu veuilles nous faire écraser avant d’arriver sur la plage !

   Thomas ne répondit rien, mais se mordit les lèvres. Les bras lui faisaient mal. Il savait que tout allait dépendre du coup de volant qu’il donnerait quand la vague viendrait soulever l’arrière de l’engin, le poussant doucement vers le corridor… ou le jetant sur les récifs !

   - Très bien mon gars ! ça va comme sur des roulettes ! Maintient-le comme ça… la prochaine vague ne va pas tarder à arriver. Alors, un coup adroit et nous aurons sauté par-dessus cette saleté !

   Au brusque soulèvement de la partie arrière du Buffalo, Curley sentit la vague arriver. Il serra les dents tout en sentant son cœur battre la chamade.

   L’engin, enfin soulevé, roula sur la crête des vagues vers les récifs menaçants. Curley fit attention à l’étroit passage ; ses doigts serrèrent spasmodiquement la roue. Le temps semblait s’écouler tout doucement… comme le char amphibie. On eût dit que tout se déroulait avec une lenteur désespérante, au ralenti…

Descriptif

Editions du Gerfaut Guerre n°218 année 1973, bon état général, couverture souple, tranche et dos légèrement passés et marqués, pages jaunies, livre d’occasion broché format poche de 11,2x17,7 cm, 224 pages