Folio

ARTAUD Antonin – Le Moine (de Lewis)

Réf: rf-f690
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Description

Le Moine de Lewis raconté par Antonin Artaud

Extrait

1/   Antonia le suivit des yeux comme si elle ne pouvait se détacher de sa vue, et quand il eut tout à fait disparu derrière la porte, une larme silencieuse roula sur sa joue.

   - Il est séparé du monde, et peut-être ne le reverrai-je jamais plus !

   Comme elle essuyait cette larme, Lorenzo remarqua son mouvement.

   - Qui ne reverrez-vous jamais plus ? lui dit-il en se rapprochant et sentent qu’il avait enfin trouvé un objet sérieux de conversation.

   - Comme la parole de ce prédicateur m’a émue, lui répondit-elle en le fixant de ses yeux calmes et que le ravissement rendait plus beaux. Je ne savais pas que la parole d’un homme pût toucher à ce point le cœur, qu’il suffit d’une simple voix humaine pour éveiller en nous tant de sentiments cachés, profonds. Il me semble que cet homme m’a révélé mon cœur !

   Lorenzo sourit de la force de cette expression.

   - Vous êtes jeune =, lui dit-il, et votre cœur vierge de toute contamination se livre ardemment aux apparences qui l’assaillent. Pleine d’innocence vous-même et sans détours, vous ne soupçonneriez par le monde d’une duplicité qui vous est étrangère. Quel malheur que le contact du réel doive vous révéler la bassesse de vos semblables et vous enseigner à vous en gardez comme d’autant d’ennemis.

 

2/    Quand les premiers transports de sa tendresse maternelle furent un peu calmés, je la priai de m’expliquer comme elle, dont les principes semblaient si totalement en désaccord avec ceux de Baptiste, en était venue à vivre dans la promiscuité d’un pareil homme ; elle se releva en sanglotant et nous raconta sa lamentable histoire.

   Elle était née à Strasbourg, de parents respectables ; mais elle devait à son père, qui vivait encore et ne méritait guère d’être mêlé à sa honte, de cacher pour l’instant le nom de sa famille ; et nous aurions eu mauvaise grâce à insister pour le savoir.

   Voilà déjà longtemps qu’elle avait piétiné toute vertu pour suivre un misérable qui était parvenu à gagner son affection ; certes, elle ne se douta pas tout d’abord à quelles turpitudes elle prêtait la main ; mais elle aimait cet homme et lui fut fidèle ; et c’est de lui qu’elle eut les deux enfants qui étaient maintenant son unique consolation.

 

Descriptif

Editions Folio 690 année 1992 ISBN 2070366901, Bon Etat général, couverture souple, tranche et dos légèrement passés et marqués, intérieur assez frais, tranches des pages un peu salies, livre d’occasion broché format poche de 11x18 cm, 448 pages

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