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BANNEL Cédric - Baad

Réf: pt-pp4530
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Description

Sous-titre Une enquête à Kaboul

Une enquête de Nicole Laguna et du qomaandaan Kandar

Extraits

1/   Oussama s rembrunit. Leur plombier habituel était reparti en province et son remplaçant ne lui inspirait aucune confiance, avec son air de fouine et ses manières mielleuses.

   - J’essaierai de le réparer moi-même, sinon je demanderai à Babour, il est très débrouillard.

   - Que se passe-t-il ? Tu fais une drôle de tête.

   - Nous en avons une nouvelle.

   - Une fillette ?

   Il lui décrivit la macabre et conclut sur sa certitude qu’un prochain meurtre aurait lieu dans moins de dix jours.

   - Rien ne va plus décidemment, dans cette ville, répondit Malalai. De mon côté, j’ai eu plusieurs accouchements difficiles et il m’a encore fallu faire de la pédagogie auprès de maris obtus qui refusaient la péridurale pour leur femme. C’est une véritable épidémie, en ce moment. Les talibans font croire que les produits injectables contiennent du porc, voire du whisky. J’ai l’impression de devenir folle, la moindre piqûre exige des discussions à n’en plus finir avec des hommes bourrés de certitudes alors qu’ils ne savent même pas lire. Tu savais que quatre-vingt-dix pour cents des cas de poliomyélite dans le monde sont désormais enregistrés chez nous et au Pakistan ? Tout ça à cause du refus des vaccinations ?

   Oussama était au courant du développement de ces campagnes hostiles au progrès médical dans les villages reculés, mais il ignorait qu’elles avaient déjà atteint Kaboul. C’était une preuve supplémentaire de l’emprise de plus en plus sournoise des talibans sur le pays qui se révélait de multiples, et souvent absurdes, manières. Les talibans refusaient ainsi les rasoirs et le papier toilette car le Coran n’en faisait mention nulle part, mais ils utilisaient sans vergogne explosifs, fusils d’assaut et missiles modernes. Ils critiquaient la liberté d’expression tout en inondant Internet de leurs vidéos afin de diffuser le plus largement possible leur propagande anti-occidentale. C’était Kafkaïen et incompréhensible.

   Il alla prendre sa douche du soir puis revêtit le pantalon ample et la chemise d’intérieur confortable qu’il aimait porter chez lui.

   - J’ai besoin de toi pour m’aider dans l’enquête des fillettes, dit-il un peu plus tard dans la soirée, après un dîner frugal.

   - Mon aide ? Ce serait bien une première.

   - Je voudrais que tu assistes le docteur Katoun. Il pense qu’une expertise gynécologique supplémentaire à la sienne pourrait être utile.

 

2/   - Tu devines pourquoi je viens te parler ?

   - Allez-y.

   - Tu peux me tutoyer. Quel âge as-tu ?

   - Vingt-deux ans.

   - Moi, vingt-neuf. Il paraît que tu es à l’université de Kaboul ? J’en suis sorti il y a cinq ans. Qu’est-ce que tu étudies ?

   - Je voudrais devenir architecte. Notre architecture ancienne est magnifique, mais on ne construit que des horreurs depuis la guerre. J’aimerai aider à l’embellissement de notre pays, en retrouvant les bases de l’architecture afghane traditionnelle puis en les adaptant à la construction moderne.

   - Sacré pari !

   Rangin était ravi du tour pris par la conversation. Godratullah lui parlait déjà en confiance, comme il l’aurait fait avec un ami de son âge. Il décida qu’il était temps de se lancer.

   - La… jeune femme que tu rencontres en secret nous a parlé de ce que tu as vu. Je ne suis pas là pour te juger. Moi aussi, j’ai connu une femme mariée lorsque j’étais à l’université et nous avions des relations intimes inappropriées.

   - Rayela est très belle. Quand je pense qu’on l’a obligée à se marier à l’oncle de son ancien mari, c’est une honte. Il est si vieux. Il essaie tout le temps de l’honorer mais il n’y arrive presque jamais !

   - Encore une fois, je ne suis pas ici pour te juger, je suis policier à la criminelle et non chargé de la vertu publique. Notre enquête couvre l’assassinat de plusieurs enfants. La fillette qui a été enlevée là, près de chez toi, a été assassinée. Tout ce qui peut aider à la capture du tueur est important.

   - J’ai aperçu quelque chose, deux jours avant la mort d’Adiba.

   Rangin se tut. Godratullah, concentré, avait l’air pénétré par l’ampleur de sa révélation.

   - Le lundi soir, une voiture s’est arrêtée devant la maison des Altasangavih. Deux hommes en sont sortis.

   - Tu les as bien vus ?

   - Oui, j’étais à moins de cinq mètres, caché par un tas d’ordures. Le chauffeur a fait un rapide tour de la ruelle, mais comme le tas derrière lequel j’étais accroupi sentait très mauvais, il ne s’est pas approché. Quand il a eu fini d’inspecter les alentours, le second homme s’est dirigé vers la porte d’entrée des Altasangavih. C’était un Américain.

   - Comment tu le sais ?

   - Il a parlé à l’autre homme en anglais avec un accent américain très marqué, du Texas.

   - C’est très important. Tu en es certain ?

Descriptif

Editions Points policier P4530 année 2017 ISBN 9782757863640, état général assez bon, couverture souple, tranche et dos un peu marqués et passés, intérieur assez frais, tranches des pages un peu salies, livre d’occasion broché format poche de 11,2x17,8 cm, 504 pages

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