Extrait
1/ L’eau fraîche de la douche coule sur mes épaules, évacuant sueur et tension.
« N’ayez pas peur, nous sommes là ».
Cette peur, il arrive que nous l’éprouvions. De n’être pas à la hauteur de la tâche.
Mes boucles séchées – je revois la main d’Etienne se tendant timidement vers elles, vers la mère ? La femme ? -, je revêts une tenue de travail propre devant la fenêtre de la chambre que je partage avec une autre pompier pro comme moi. Une chambre spacieuse, confortable, où chacune a apporté un peu d’intimité avec des photos, un poster, un objet fétiche. On aperçoit un bout de campagne, quelques toits, des lumières qui ne tarderont pas à s’éteindre. » Dormez tranquilles, bonnes gens », scandaient les gardes d’autrefois tout au long de la nuit. Nous y veillerons. Puis je rejoins l’équipe dans la salle à manger.
Samedi ! ça tombe bien. Repas de la garde, pour tous un même menu. Les autres jours, chacun apporte son frichti ou commande à l’extérieur un plat à réchauffer. Nous disposons à cet effet d’une vaste cuisine royalement équipée : cuisinière gaz-électricité, micro-ondes, réfrigérateur, congélateur, casiers individuels, lave-vaisselle. Comme à la maison. Mieux qu’à la maison.
Ce soir, grillades sur le barbecue, installé dans la cour toute proche, frites, salade.
Thomas m’a gardé une place près de lui. L’officier major, notre capitaine, Jean-Marie Dubiez, en charge de l’organisation de la garde, préside. La cinquantaine, long, cheveux gris, regard gris, l’autorité incarnée, mais aussi la bienveillance, un père pour certains. En face de moi, Joseph Berthelot, lui, une autre affaire ! Cinquante-trois ans, trente de carrière, carré, robuste, brosse brune, fière moustache, le sous-officier, affectueusement nommé « garde-chiourme », est hostile à l’arrivée des femmes dans les camions rouges et ne s’en cache pas.
2/ Bien que de repos pour soixante-douze heures, j’ai déposé Sophie chez ma mère et je me suis rendue à la caserne.
9h15, sport, gym, musculation. Sans m’arrêter, je suis allé directement frapper à la porte du capitaine Dubiez.
- Entrez !
Lorsque j’étais venue dans ce bureau, trois jours auparavant, Roselyne Lancelin s’y trouvait, le sort de Myriam était en jeu. Trois sjours seulement ? Cela me paraissait si loin ! On vieillit d’un coup face à la mort d’un enfant, alors de trois…
- Asseyez-vous, Ninon
« Ninon »… Aujourd’hui, la compassion prenait le pas sur l’autorité, le père sur le chef.
J’ai pris place en face de lui, de l’autre côté du bureau. Sur celui-ci, des piles de dossiers, plusieurs téléphones, l’écran de l’ordinateur.
- Je vous écoute.
J’ai poussé sous ses yeux l’article que j’avais découpé. Comme si notre capitaine n’en avait pas eu connaissance ! Comme si tous, ici, ne l’avaient pas forcément lu, ligne après ligne, éloge après éloge, se sentant injustement traités. Et eux, n’étaient-ils pas sur la départementale 943 ? N’avaient-ils pas également sauvés des vies ?
J’ai pointé le doigt sur la signature.
- William Launay m’a appelée hier chez moi. Je lui ai dit ce que je pensais de son ridicule « papier ». L’ange, de quel droit ?
Le capitaine a réprimé un sourire.
- Celui du journaliste à exercer son métier, Ninon. Et n’oubliez pas que c’est le petit qui vous a baptisée ainsi.
3/ Résumé
Ninon est sapeur-pompier. Elle est l’un de ces héros du quotidien qui, où que le malheur frappe, portent secours à ceux qui sont en détresse. Son credo : entretenir l’espoir face à l’adversité.
Chez elle, Agnès, sa mère, lui prodigue douceur et compréhension, et Sophie, sa fille de 5 ans, qu’elle élève seule, joie et tendresse.
Sa vie tout entière est dévouée à sa mission de secouriste et à son rôle de mère. L’amour, Ninon a décidé de ne plus y croire. Jusqu’à ce qu’un accident, un geste héroïque fassent basculer sa vie…
Descriptif
Editions Pocket 14984 de 2013 ISBN 9782266221276, Bon état général, couverture souple, tranche et dos un peu marqués, intérieur assez frais, tranches des pages un peu salies, livre d’occasion broché format poche de 11,2x17,8 cm, 320 pages
