Le livre de poche

BOURIN Jeanne – La Dame de Beauté

Réf: rf-ldp6341
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Description

Extraits

1/   Le silence. L’obscurité et le silence. Au creux de la couette de plumes, entre les draps de fine toile, Agnès est étendue, les yeux ouverts sur la nuit. Ce calme inhabituel, au lieu de lui apporter la paix, ajoute à son tourment. Pour la première fois, elle couche loin de ses compagnes. Depuis longtemps, depuis son entrée au service de la duchesse, elle s’était habituée aux rires, aux bruits, aux murmures du dortoir des filles d’honneur.

   Se retrouver solitaire entre quatre murs ne l’inquiétait pas, cependant, si, à l’octroi de cette pièce pour elle seule, luxe déjà insolite, signe entre les signes, n’étaient venues s’ajouter toutes les étranges sollicitudes qu’on lui prodigue depuis quelques jours.

   Pourquoi Isabelle d’Anjou s’était-elle brusquement avisée d’une promiscuité qu’Agnès considérait comme toute naturelle, parce que conforme aux habitudes, et qui la gênait en rien ? En quoi une grande dame comme l’épouse du roi René, avait-elle) se préoccuper d’un aussi mince détail ? Cette façon de la séparer des autres suivantes ne donnait-elle pas à penser ?

   Les questions se bousculent sous le front haut et lisse comme un porche d’ivoire.

   Pourquoi ce lit à colonnes artistement sculptées, décorés d’une tenture brochée, avec des courtines et une courtepointe de même étoffe, comme pour une princesse ! Pourquoi des tapisseries sur les murs de la chambre ? Qui a changé son ancien coffre à vêtements contre un autre, plus grand, plus riche, contenant deux robes neuves, l’une de velours cramoisi, l’autre de brocatelle blanche ?

   Non, qu’Agnès méprise le luxe. Bien au contraire. Un penchant qui ne manque pas de force l’y inclinerait plutôt. Mais cette satisfaction même qu’elle ressent en tout son corps, doux et nu, blotti dans le duvet de cygne, enfoui sous les neigeuses couvertures de peaux d’agneaux, ce contentement animal, dont la sensualité lui paraît excessive, parce que trop intense, n’est-il pas inquiétant, lui aussi, comme la manifestation première de l’état qu’on veut lui proposer ?

 

2/   Résumé

   Agnès Sorel fut la première maîtresse royale reconnue officiellement, affichée, comblée de titres et de biens. Elle s’identifia si parfaitement au siècle charnière qui a été le sien qu’elle en reflète le double aspect. Médiévale par la gaieté et la foi, déjà moderne par le goût du confort et les besoins matériels.

   Fille d’honneur d’Isabelle de Lorraine, duchesse d’Anjou, Agnès a vingt et un ans lorsqu’elle rencontre, à Toulouse, Charles VII qui, lui, a quarante ans. La beauté d’Agnès fit de lui un amant subjugué, le transfigurant : de terne, inquiet, défiant, malchanceux, il devint joyeux, hardi, plein d’allant, habile.

   Avec ce talent reconnu par tous, ce sont des amours rayonnantes que nous fait vivre ici Jeanne Bourin, l’auteur de La Chambre des dames. Des amours qui sont aussi de l’Histoire. Agnès Sorel fut appelée « damoiselle de Beauté » tant parce qu’elle était tenue pour la plus belle du monde que parce que le roi lui avait donné à vie la maison de Beauté-lès-Paris.

 

Descriptif

Editions Le Livre de poche 6341 année 1993 ISBN 2253041696, état général assez bon, couverture souple tranche et dos un peu marqués, intérieur assez frais, tranches des pages un peu salies, livre d’occasion broché format poche de 11x16,7 cm, 256 pages.

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