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BRADBURY Ray – Celui qui attend

Réf: sf-l59
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Description

Dans ce volume

- Celui qui attend

- La fusée

- La pierre tombale

- Août 2002. Rencontre nocturne

- Le jour de la Grande Exhumation

- Icare Montgolfier Wright

- Le petit assassin

- Un coup de tonnerre

 

Extraits

1/   Celui qui attend

   Je secoue cette tête – ma tête – je repose mes mains qui tiennent les couverts d’argent – je ressens tous les éléments de ce qui m’entoure.

   - Qu’est-ce que vous voulez dire ? demande cette voix, cette chose nouvelle qui m’appartient.

   - Vous respirez drôlement, vous toussez… dit l’autre homme.

   Je prononce très distinctement.

   - Peut-être un petit coup de froid.

   - Il faudra voir le docteur.

   Je hoche la tête et c’est bon. C’est bon de faire toutes sortes de choses, après dix mille ans. C’est bon de respirer l’air, c’est bon, le soleil qui pénètre la chair, c’est bon de sentir l’architecture d’ivoire, le squelette parfait qui se cache sous la chair tiède, c’est bon d’entendre les sons bien plus distinctement, bien plus directement que du tréfonds d’un puits de pierre. Je reste assis, ravi.

   - Sortez de là, Jones. Décrochez. On doit s’en aller.

   - Oui, dis-je, hypnotisé par la façon dont ce petit mot se forme sur ma langue telle une bulle d’eau, et tombe dans l’espace avec une tranquille beauté.

 

2/   La fusée

   Il se rejeta sur son siège, épuisé, haletant. Ses mains tremblantes lâchèrent les manettes. Sa tête retomba en arrière avec violence. Il resta là, longtemps, respirant à grandes bouffées ; les battements de son cœur s’apaisaient.

   Très lentement, il ouvrit les yeux.

   Le chantier de démolition était toujours là.

   Il resta assis sans bouger. Il regarda un long moment l’amoncellement de ferraille. Puis il sauta sur ses pieds et frappa les leviers de commande. « Décolle, par l’enfer ! »

   Le vaisseau resta silencieux.

   - Tu vas voir !

   En trébuchant, il sauta à terre, se précipita sur son appareil de démolition, lança le moteur rageur, manœuvra la massive coupeuse, avança sur la fusée. Il s’apprêta avec ses mains tremblantes à déchaîner les marteaux, à écraser, à lacérer ce rêve faux et insolent, cette chose stupide qu’il avait payée de son argent, qui ne bougeait pas, qui ne voulait pas lui obéir.

   - Tu vas voir !

   Mais sa main s’arrêta. La fusée d’argent luisait au clair de lune. Au-delà, il voyait les lumières de sa maison, affectueuses. Il entendit sa radio jouer un air. Il resta assis une demi-heure, à contempler la fusée et les lumières de sa demeure ; ses yeux se rétrécissaient et s’élargissaient. Il descendit de son appareil de démolition et se mit à marcher ; en marchant, il se mit à rire ; quand il eut atteint la porte de sa demeure, il aspira l’air profondément et appela :

   - Maria, Maria ! fais tes valises. Nous partons pour Mars !

 

Descriptif

Editions Librio 59 année 1995 ISBN 2277300594, Assez Bon état général, couverture souple, tranche et dos un peu passés et marqués, pages moyennement jaunies, tranches des pages un peu salies, livre d’occasion broché moyen format de 13,3x20,7 cm, 100 pages

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