BYRON – Manfred suivi de Le Corsaire

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Description

Extrait 1 de Manfred

Manfred, seul.

   Il faut remplir d’huile ma lampe ; et toutefois, elle ne brûlera pas aussi longtemps que je dois veiller. Mon sommeil – si je dors – n’est pas le sommeil, mais le prolongement de ces pensées auxquelles je ne puis échapper. Mon cœur veille incessamment ; et si mes paupières s’abaissent, c’est pour reporter mes regards au-dedans de moi. Et je vis ! et je supporte l’aspect et l’image des autres hommes ! La douleur devait être l’école de la science : souffrir, c’est savoir. Ceux qui savent le plus, ceux-là doivent plus profondément gémir sur une fatale vérité. » J’ai essayé de tout, philosophie, science, recherche des secrets de la nature, sagesse du monde : car il y a en moi une puissance qui me rend maître de tout, et je n’ai trouvé qu’incertitude. J’ai cru à la bonté des hommes, moi-même, je me suis montré bon à la race humaine, et quel fruit en ai-je retiré ? Quel fruit ai-je retiré d’avoir déjoué les efforts de mes ennemis, d’en avoir fait tomber quelques-uns à mes pieds ? Le bien, le mal, la vie, la puissance, les passions, tout ce qui anime les autres êtres, tout a été pour moi comme la pluie tombant sur le sable, depuis cette heure qui n’a pas de nom. – Aussi n’ai-je désormais plus de craintes ; la malédiction qui pèse sur moi m’a rendu inaccessible aux terreurs du vulgaire ; ni les désirs, ni l’espérance, ni l’amour mystérieux d’un objet terrestre ne feront jamais palpiter mon cœur. – Maintenant, à ma tâche.

   Agents mystérieux ! esprits de l’infini univers ! vous que j’ai cherchés dans la lumière et dans les ténèbres. – Vous habitez dans une essence plus subtile, qui vivez sur les cimes inaccessibles des monts, ou descendez dans les profondes cavernes de la terre et de l’océan ; - par les lettres de ce charme qui me donne tout pouvoir sur vous, je vous appelle : - levez-vous et paraissez ! – Ils ne viennent pas encore ! – Or, donc, par la voix de celui qui est le premier parmi vous, - par ce signe qui vous fait trembler, - par le nom de celui qui ne peut mourir, - levez-vous, paraissez ! paraissez !

 

Extrait 2 de Le corsaire

   « Sur les ondes joyeuses de la mer sombre et bleue, nos pensées sont sans limites et nos âmes sont libres : aussi loin que la brise peut nous porter, aussi loin que les vagues écument, contemple notre empire et regarde notre patrie ! Ce sont là nos royaumes, et aucune frontière ne leur est imposée ; - notre pavillon est un sceptre auquel tous ceux qui le rencontrent obéissent. Elle est nôtre aussi la vie sauvage et tumultueuse qui passe de la fatigue au repos et du repos à la fatigue, avec la même gaîté dans chaque changement. Oh ! qui pourrait raconter – ce n’est pas toi, luxurieux esclave ! dont l’âme tomberait en défaillance sur la vague soulevée ; ni toi, souverain orgueilleux de l’indolence et du luxe ! que le sommeil ne délasse point, - pour qui le plaisir n’a plus d’attraits – Oh ! qui, excepté celui dont le cœur a été éprouvé, et qui a dansé en triomphe sur les flots écumants, pourrait raconter les transports exaltés, - le mouvement frénétique du pouls qui agitent ceux qui voyagent sur ces plaines sans vestiges ? Qui pourrait raconter comment nous aimons le combat pour le combat lui-même, et changeons en délices ce que d’autres appellent des dangers ; comment nous recherchons avec avidité ce qu’évite le lâche ; et comment, où le faible tremble, - c’est seulement là que nous commençons à sentir – sentir – avec toute l’énergie de la sensation la plus intime, quand l’espérance se réveille et redouble le courage.

   « Aucune peur de la mort – si nos ennemis meurent avec nous : - excepté qu’elle nous paraît plus ennuyeuse encore que le repos. Qu’elle vienne quand elle voudra : - nous jouissons avec profusion de la vie - ; quand on la perd, - qu’importe – que ce soit par la maladie ou par le combat ? Que celui qui rampe sur la terre, amoureux de ses propres ruines, se cramponne sur sa couche et végète ainsi languissamment pendant de longues années ; arrache péniblement son souffle de sa poitrine, en secouant sa tête paralysée : pour nous, - le frais gazon, et non pas un lit fiévreux. Tandis que, dans son épuisement, soupir par soupir, l’homme décrépit expectore son âme, la nôtre, dans une seule convulsion, - par un seul bond, - échappe, à tout contrôle.

 

 

Descriptif

Editions Grands Ecrivains de 1987 ISBN 285018232X, bon état général, couverture souple, tranche et dos légèrement marqués et passés, intérieur assez frais, livre d’occasion relié format poche de 11,7x18,2 cm, 192 pages   

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