Fleuve Noir

CHABREY François – Compte à rebours pour Matt

Réf: esp-fne1279
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Description

Extrait 1

   Bob Johnson

   M. L’attaché militaire se réveille ce matin-là avec la gueule pâteuse et la langue épaisse. La précision « ce lundi-là » n’intervient que pour situer les choses dans le temps car en fait c’est tous les jours que Bob Johnson se réveille de cette manière puisque c’est tous les soirs qu’il tient une belle muflée en se glissant dans ses draps.

   M. l’attaché militaire Bob Johnson décolle avec peine ses paupières et consulte longuement sa montre-bracelet.

   « Non seulement je te demande l’heure, a-t-il l’air de lui dire, mais je voudrais encore que tu me rappelles pourquoi je dois me lever ce matin. »

   La mémoire lui revient lentement. Ah ! Oui, l’ambassadeur ! Ce bon vieux Phil a insisté pour qu’il assiste à l’entrevue qu’il doit avoir avec deux délégués germaniques au sujet d’un déplacement d’athlètes est-allemand aux Etats-Unis.

   - Qu’est-ce que j’en ai à foutre de ces athlètes ? ronchonne Johnson. Je suis attaché militaire, pas ministre des sports.

   Mais il paraît que ce déplacement concerne aussi l’armée parce que certains de ces athlètes sont des militaires de carrière. Et puis O’Grady lui a demandé d’être là, c’est suffisant, car O’Grady est un brave type. Il l’aime bien, lui, O’Grady, même s’il est un peu bellâtre et s’il trompe sa femme.

   « Je la tromperais aussi, si c’était la mienne, se dit-il, et si j’avais vraiment envie d’une autre, ce qui n’est plus le cas. »

   Sa montre lui dit qu’il est huit heures et quart et que c’est à neuf heures qu’il a rendez-vous. Ça ira bien. Il sera peut-être un peu en retard, mais pas trop.

   Il titube légèrement en mettant ses pieds sur le sol et il ressent des martèlements dans le front et dans les tempes. Il trouve son paquet de cigarettes en tâtonnant, en allume une, prend deux aspirines dans sa table de chevet et les avale à l’aide d’une grande lampée de whisky. Il en a toujours une bouteille à portée de main. Celle-ci, ô miracle, merci Seigneur, est presque pleine. Il en tête encore deux gorgées au goulot pour faire passer complètement le goût de l’aspirine.

   Ce sera là son petit déjeuner…

   Plus tard, mais il ne le sait pas encore, il aura souvent l’occasion de repenser à cette bouteille presque pleine et de regretter de ne pas l’avoir emportée.

 

Extrait 2

   La rafale de mitraillette fut lâchée du balcon à 9h30 et épouvanta trois employés de l’ambassade qui venaient tranquillement prendre leur service. Et ainsi l’alerte fut donnée.

   - Vous pouvez enlever vos passe-montagnes, dit le chef à ses commandos, en donnant lui-même l’exemple.

   Les otages virent alors qu’ils avaient affaire à trois occidentaux et à un asiatique, japonais plutôt que chinois. Le cinquième, le blessé, qui reposait dans une petite annexe du grand salon était un blanc aussi.

   Ils étaient complètement désemparés, les otages, éparpillés dans la vaste pièce. Dorothy O’Grady était en train de reprendre ses sens, étendue sur le tapis. Dans un coin, Jimmy Smeet, les poignets toujours menottés, enrageait de s’être laissé surprendre si bêtement et se demandait comment Kathleen allait réagir à la nouvelle de la mort de son père. Allait-elle le tenir pour responsable de cette mort ? Prostrés, Wilfrid Hagen et Ranata Speicher s’étaient assis côte à côte sur le plancher, appuyés contre un mur. Ils pensaient l’un et l’autre que leur belle aventure aux Etats-Unis se terminait là. Barbara Phelps s’était installée devant un petit bureau. Elle paraissait la plus calme de tous. Helmut Berger semblait ne pas pouvoir tenir en place. Il arpentait littéralement le salon. Quant à Phil O-Grady, le premier moment de stupeur passé, il était en train de reprendre du poil de la bête, de retrouver sa dignité, son autorité d’ambassadeur.

   - Les hommes d’un côté, les femmes de l’autre, ordonna le chef que ses compagnons appelaient simplement Sieg, peut-être un diminutif de Siegfrid.

   Ils obéirent, amis il fallut traîner l’ambassadrice sur le tapis pour la placer à côté de Barbara et de Renata. Ce fut Bob Johnson qui s’en chargea. Il se comportait, lui, comme si toute cette affaire ne le concernait pas.

   - Luigi, garde les femmes en joue, dit encore Sieg en s’adressant à un de ses hommes. Si un des hommes fait un mouvement suspect, tu tires sur les femmes.

   - J’ose espérer que vous vous rendez compte de ce que vous êtes en train de faire ! protesta O’Grady d’une voix ferme. Vous violez les lois internationales et vous commettez un crime contre l’humanité. Vous êtes ici en territoire américain. C’est au nom de l’Amérique que je vous somme de mettre immédiatement fin à votre attentat. Il est encore temps de ne pas vous engager plus avant dans cet acte démentiel, malgré l’assassinat dont vous vous êtes déjà rendus coupables. Retirez-vous immédiatement et vous pourrez encore bénéficier de notre indulgence.  

 

Descriptif

Editions Fleuve Noir Espionnage 1279 de 1976 ISBN 2265000949, état général assez bon, couverture souple, tranche et dos un peu passés et marqués, pages jaunies, écrits au stylo sur la dernière page blanche, livre d’occasion broché format poche de 11,2x17,7 cm, 224 pages   

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