Extrait

1/   Etait-il possible de mieux commencé une journée ? Ce matin-là, il jouait au baby-foot en écoutant une chanson de Gainsbourg et, cerise sur le gâteau, le mec qui le défiait était moins fort que lui. Beaucoup moins fort même. Il venait de gagner la première partie 10 à 0.

   Pendant ce temps-là, Serge chantait :

   « Comment oses-tu me parler d’amour toi, hein

   Toi qui n’as pas connu Lola Rastaquouère

   Je lui faisais le plein comme au Latécoère

   Qui décolle en vibrant vers les cieux africains. »

   Tout roulait.

   Il entamait une nouvelle partie tandis que Gainsbourg se lançait dans sa Javanaise : »J’avoue j’en ai bavé pas vous, mon amour, avant d’avoir eu vent de vous, mon amour, ne vous déplaise, en dansant la Javanaise, nous nous aimions, le temps d’une chanson. »

   A cet instant précis, une main ferme, large et froide comme la mort s’abattit sur son épaule gauche, la plus faible, celle qui lui faisait mal depuis plusieurs jours. Les hyènes ont toujours un talent fou pour détecter les points faibles des hommes d’exception.

2/   - Ce sont des Nigérianes. Elles arrivent tout juste du pays. Mais je ne te conseille pas trop d’y toucher. Là-bas, il y a beaucoup de sida. Ces filles, on dit que ce sont de vrais pots à HIV.

   - Tu ne travailles pas à 60 millions de consommateurs que je sache. Et tu sais que je ne touche pas à ce genre de business crasseux. Je veux juste savoir ce qu’elles foutent là !

   - T’emballe pas, le Poulpe. Je plaisantais juste. D’après les flics, elles viennent toutes de la même ville au Nigeria, Benin City. Le réseau qui les recrute est très bien organisé. A ce qu’on raconte, elles subiraient même des rites vaudous pour empêcher qu’elles se révoltent. Elles pensent qu’elles vont mourir si elles tentent de s’échapper. En tout cas, c’est vraiment curieux la façon dont elles se tiennent toutes comme si elles étaient en position d’offrande, un rituel zarbi.

   Gabriel raccrocha. Il lut quelques articles sur Internet. Il était question de macs qui tuaient leurs filles en plein Paris comme on égorge des poulets. Un journaliste télé avait enquêté sur les réseaux de prostitution africaine. Il était en train d’interviewer une fille dans un bar de Château-Rouge quand son mac avait déboulé. Visiblement en colère, il avait exprimé son mécontentement de façon radicale : la gamine avait été poignardée à mort. Bienvenue dans le monde glauque de la putasserie.

3/   Résumé

   Le Poulpe crut d’abord à une mauvaise blague.

   Des ennemis du chef de l’Etat, ce n’est certes pas ça qui manque. Il y en aurait même des millions selon certains sondeurs…

   Mais pourquoi s’adresser à lui, libertaire dans l’âme, pour ce Président-là ? Parce que Chéryl aussi est impliquée. Gabriel Lecouvreur va être obligé de plonger dans les eaux sombres de la politique française. Bientôt, les courants, collectifs et tendances n’auront plus de secret pour lui.

   Des Villepinistes aux Ségolénistes en passant par les Marino-Lepénistes, les fous de Dieu et les séparatistes divers, rien ne lui sera épargné. Et notre Poulpe aura bien du mal à retrouver le Président… et dans quel état !

Descriptif

Editions Baleine Le Poulpe 274 année 2011 ISBN 9782842194932, Bon état général, couverture souple, tranche et dos un peu marqués, intérieur frais, tranches des pages un peu salies, livre d’occasion broché format poche de 11,2x17,8 cm, 232 pages