Extrait
 
   - En somme, conclut Chandu, vous le considérez comme mort ?
   - Voilà ! fit le Professeur en manifestant son impatience tandis que, d’un geste discret, l’infirmière montrait aux visiteurs la porte qu’elle venait d’ouvrir.
   A ce moment apparut au seuil de la pièce un personnage extraordinaire, dont les premières paroles furent aussi imprévues que l’était son aspect extérieur…
   - Je le guérirai ! annonça le nouveau venu. Je le guérirai par la prière.
   L’infirmière et les deux médecins dévisagèrent l’homme avec un mélange de respect et de stupeur. Vêtu de la robe jaune-orange des bonzes, ce dernier tenait dans la main droite un rosaire bouddhique. C’était un Jaune. Son crâne rasé aussi poli que l’ivoire. Ses petits yeux noirs plissés par une expression de malice possédaient un éclat, une force de pénétration qui mit ses interlocuteurs mal à l’aise…
   Il s’avança dans la pièce en faisant claquer ses guettas. La bride de son chapeau de pèlerin entourait son cou.
   L’infirmière s’apprêtait à l’éconduire poliment. Le Professeur Negawang s’y opposa d’un geste.
   - Qui êtes-vous ? demanda-t-il.
   - Bozu Samato, fit l’autre en se cassant en deux à la façon nippone. Je dois accompagner mon ami Foster à Lhassa, où je vais en pèlerinage.
   Chandu montra le grand corps aussi flasque et tassé qu’un cadavre :
   - Vous êtes au courant ? Voici Foster !
   Le bonze ne parut pas s’émouvoir outre-mesure :
   - Avons-nous le droit de lui refuser le secours de la prière ?
   - Certainement pas ! intervint Negawang.

Editions Fleuve Noir collection Espionnage n°297 année 1959, état général moyen, couverture souple, tranche et dos marqués, pages jaunies, livre d’occasion broché format poche de 11,3x17,8 cm, 224 pages.