Nathan

DAVY Pierre – Oran 62 la rupture

Réf: j-nrm2
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Description

Extraits

1/   Christophe descendit sur le quai de la gare Saint-Charles, à Marseille. Il était vingt heures quarante-cinq. Il avait quitté rennes à six heures trente. Quand le train s’était ébranlé, il avait agité la main à l’intention de sa tante et de Pierre Masselin. Il avait alors éprouvé l’émotion étrange de celui qui s’en va. Du plaisir de la peur, du regret ? C’était indéfinissable.

   Maintenant, sa valise à ses pieds, il se sentait abandonné, vulnérable, encore étourdi par ces heures de bruit, de secousses, de chaleur. Comme sa tante le lui avait recommandé, il ne bougea pas de l’endroit où il se trouvait, se laissant bousculer par des voyageurs encombrés de leurs bagages, surtout des groupes de militaires qui portaient de lourds paquetages sur leurs épaules. Enfin, il vit venir vers lui, fendant la foule à contre-courant, un grand marin vêtu d’un uniforme bleu foncé et coiffé d’une casquette blanche à trois galons d’or.

   - Bonsoir, dit l’homme, je suis Yvon Laquellec, second du Sidi bel Abbès. Le commandant m’envoie te chercher. Tu es bien Christophe Legensac, n’est-ce pas ?

   - Oui, monsieur.

   - Tu peux m’appeler lieutenant, ou Yvon, comme tu veux. Mais monsieur, ça ne me va pas très bien.

   - Bien… lieutenant…

 

2/   - Ecoute. Il n’est pas question que tu ailles dans la ville, du moins pour l’instant. Tu as tout le port pour te promener. C’est grand. Le dimanche, si j’ai le temps, nous irons à la plage. Tu verras, tu vas bien t’habituer.

   Christophe n’était pas convaincu. Il y avait trop d’incertitudes dans la manière dont son père envisageait les jours à venir, comme si, d’un moment à l’autre, n’importe quoi pouvait survenir. Cette insécurité l’inquiétait un peu, mais elle confirmait son sentiment qu’il était sur le point de vivre une aventure. Il attaqua le dessert avec résolution. C’était une sorte de petit beignet recouvert d’une épaisse couche de sucre. Ça collait un peu aux lèvres et aux dents, mais c’était délicieux.

   Le commandant repartit très vite à son travail. En revanche, après le repas du soir, selon ce qui était sans doute pour lui une habitude, il s’installa dans un fauteuil du salon et prit un livre, après avoir allumé sa pipe.

   - Tu as quelque chose à faire ? demanda-t-il à Christophe.

   - Je vais écrire à Pierre Masselin.

   - Eh bien, installe-toi ici, dit-il, désignant une petite table éclairée d’une lampe. Tu devrais aussi envoyer un petit mot à ta grand-mère. Elle ne va pas encore très bien et elle s’inquiète sûrement à ton sujet.

   Christophe ouvrit son stylo : la première phrase ne venait pas. Il écarta sa chaise.

   - Papa !

   - Oui.

   - Je suis content d’être ici.

   - Tu sais, ça risque de ne pas être toujours facile, et…

   - Non, je veux dire, je suis content d’être ici, ce soir, avec toi.

   Le commandant posa sa pipe et son livre, se leva et vint se placer derrière son fils. Il posa ses mains sur ses épaules.

   - Tu peux écrire à ton ami et à ta grand-mère que moi aussi, je suis heureux de te retrouver. 

 

3/   Résumé

   Qu’est-ce qui se passait donc là-bas pour qu’il soit si difficile d’en parler ? Peut-être y faisait-on quelque chose de plus terrible que la guerre. C’est sans doute pour cacher cela que tout le monde parlait des événements d’Algérie ! Il allait y aller, il allait savoir !

 

Descriptif

Editions Nathan Les Romans de la mémoire 2 année 2002 ISBN 2092111310, Bon Etat général, couverture souple, tranche et dos un peu passés et marqués, intérieur frais, tranches des pages un peu salies, livre d’occasion broché format poche de 13,2x19,2 cm, 144 pages

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