Grasset

ECO Umberto – Comment voyager avec un saumon

Réf: re-guecvas
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Description

Nouveaux pastiches et postiches

Titre original « Il secondo diario minimo »

Traduit de l’italien par Myriem BOUZAHER

Extraits

1/   Préface

   Les textes que j’avais publiés en France sous le titre Pastiches et postiches étaient essentiellement des parodies, d’où le premier mot du titre (le second étant un acte d’humilité, car je ne pouvais écrire « et mélanges »).

   Le goût de la parodie ne m’a jamais abandonné, et c’est à ce genre qu’appartiennent certains de ces textes, écrits au cours des dernières décennies, à diverses occasions, pas seulement pour une revue culturelle – comme ceux du premier recueil – mais aussi pour un hebdomadaire. Ces parodies ont en commun avec les précédentes le principe que j’exprimais alors ainsi : » [Elles] anticipent ce que d’autres ont ensuite écrit véritablement. Telle est la mission de la parodie : elle ne doit jamais craindre d’exagérer. Si elle vise juste, elle ne fait que préfigurer ce que d’autres réaliseront sans rougir, avec une impassible et virile gravité. » Certains textes de la Cacopédie sont de ce type, et il me semble même que quelques-unes ont été rattrapés, voire dépassés par la réalité.

   Entendons-nous bien : ces parodies (tout en ayant une fonction morale qui leur est propre) furent écrites sous l’égide du divertissement, et c’est sous cette même et unique égide que sont nés les textes présentés ici. Je ne dis pas cela pour m’excuser : je défends le droit au divertissement, surtout s’il sert à exercer le langage.

 

2/   Comment user du chauffeur de taxi.

   A l’instant même où l’on monte dans un taxi, se pose le problème d’une bonne interaction avec le chauffeur. Le chauffeur de taxi est un individu qui passe sa journée à se faufiler dans la circulation urbaine – activité qui mène soit à l’infarctus soit au délire paranoïaque – en conflit avec les autres conducteurs humains. En conséquence de quoi, il est nerveux et abhorre toute créature anthropomorphe. Cela fait dire aux radical chic que les chauffeurs de taxi sont tous des fachos. Faux. Le chauffeur de taxi se contrefiche des problèmes idéologiques : il hait les défilés syndicaux, non pour leur couleur politique mais parce qu’ils paralysent le trafic. Il vouerait aux gémonies une manif de la Cagoule. Tout ce qu’il demande, c’est un gouvernement fort qui colle au mur l’ensemble des automobilistes privés et instaure un couvre-feu raisonnable de six heures du mat à minuit. Il est misogyne, mais avec les femmes qui sortent. Celles qui restent à la maison pour éplucher les patates, il les tolère.

   Le chauffeur de taxi italien se divise en trois catégories. Celui qui éructe ce genre d’opinions tout au long de la course ; celui qui, très tendu, se tait et communique sa misanthropie à travers sa conduite ; celui qui résout les tensions grâce à la pure narrativité, détaillant à son passager tout ce qui lui est arrivé avec les autres clients. Ce sont des tranches de vie dépourvues de la moindre signification parabolique, qui, racontées au Café du Commerce, obligeraient le patron à mettre le narrateur dehors en lui disant qu’il est temps d’aller se coucher. Mais le chauffeur de taxi les juge curieuses et surprenantes, et vous avez intérêt à les ponctuer de quelques « Non, c’est pas possible, des gens pareils, on a pas idée, qu’est-ce qu’y faut pas entendre, ça vous est vraiment arrivé ? » Si cette participation ne tire pas le chauffeur de son autisme fabulatoire, du moins vous fait-elle vous sentir meilleur.

 

Descriptif

Editions Grasset année 1998 ISBN 224647711X, état général moyen, couverture souple, tranche et dos un peu marqués et moyennement passés, intérieur assez frais, tranches des pages moyennement salies, livre d’occasion broché grand format de 14,2x22,7 cm, 272 pages.

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