Folio

FARGUES Nicolas – Rade Terminus

Réf: rf-f4310
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Description

Extrait

1/   Amaury venait de passer au téléphone la totalité du trajet séparant la gare Saint-Lazare de celle de Garches-Marnes-la-Coquette. Ce temps-là, soit vingt minutes environ, il avait pourtant prévu, au moment de monter dans le train, de le consacrer tranquillement à refaire ses calculs sur son nouveau téléphone portable. Car, pour Amaury, étrenner les fonctions annexes d’un nouvel appareil (la fonction calculettes le cas présent) constituait toujours un moment privilégié de grande concentration et de détente combinées, surtout lorsqu’il pouvait s’affaler sur un carré de banquettes vides de la ligne Saint-Lazare-Saint-Nom-la-Bretèche, réputée sûre. Ce temps-là, donc, il le passa au téléphone. Non pas que les deux appels qu’il reçut fussent de prime importance (les conversations ayant consisté, précisément, en l’inventaire ostentatoire qu’il dit desdites fonctions annexes de son téléphone à deux de ses amis). Non. Mais Amaury redoutait peut-être davantage la solitude qu’il ne voulait bien l’admettre, fût-ce une solitude de vingt minutes.

 

2/   Venu du fond de la salle du café Les Flibustiers, l’homme marcha sans hésitation vers Philippe assis en terrasse. La fin de cinquantaine accusant dix ans de plus, une minuscule queue de cheval grisâtre reconstituée tant bien que mal afin de compenser une calvitie avancée, il  portait un débardeur trop ample marque Vas-y Mollo-Mollo au pays du Mora-Mora et aux pieds des sandales de plage en plastique.

   - Bonjour. Fait chaud, hein ?

   - Ah, ça oui, convint Philippe, qui, à quelques détails près, voyait venir la conversation.

   - Mais avec le vent, c’est quand même plus supportable que sans, insista l’homme avec un fort accent méridional. Vous n’habitez pas ici, vous ?

   - Ah, ça non, s’agaçait imperceptiblement Philippe.

   - Vous êtes arrivé aujourd’hui ?

   - Oui.

   - Hé hé ! Tourisme ?

   - Non.

   - Et vous venez faire quoi, à Diégo, si c’est pas indiscret ?

   Il voulait donner l’impression de faire bon accueil aux nouveaux arrivants mais c’est lui, manifestement, qui avait besoin de conversation.

   - Je viens en mission pour un organisme qui s’appelle Ecoute et Partage.

   - Ah oui, Ecoute et Partage. C’est pas un truc humanitaire ça ?

   - Si, si, c’est ça, allitéra involontairement Philippe, que le spectacle d’une grosse pellicule capillaire en précaire équilibre sur l’épaule de son interlocuteur obsédait (« Tu dois la lui épousseter avant qu’elle ne tombe toute seule, c’est impératif, ordre d’en haut. »)

   - non, ça m’étonnerait parce que si c’est pas pour du tourisme – si vous voyez ce que je veux dire, hé hé ! -, je vois pas ce qui peut amener quelqu’un de, je dirais, de normal à Diégo. Parce que, sans vouloir vous flatter, si vous étiez venu pour les filles, vous avez pas vraiment le physique de l’emploi. Le physique de l’emploi, c’est plutôt la soixantaine, petit, la calvitie et le bide. Un peu comme moi, quoi !

 

3/   Résumé

   Diégo-Suarez, Madagascar. Une baie sur l’océan Indien, du soleil, des vestiges coloniaux, des filles, des ONG. Des Blancs en fin de course dont le monde blanc ne veut plus. Des voyageurs qui débarquent. Si ce roman a un but, c’est bien de faire comprendre au lecteur occidental que, considéré depuis tous les bouts du monde de la planète, l’Occident, c’est le bout du monde.

 

Descriptif

Editions Folio 4310 année 2005 ISBN 2070307751, Bon état général, couverture souple, tranche et dos légèrement marqués, intérieur passé, tranches des pages un peu salies, livre d’occasion broché format poche de 11x18,2 cm, 310 pages

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