Librairie des Champs-Elysées

FERNIC Pierre-André – La belle aux sept fourrures

Réf: pt-lme24
3,00 € TTC
 Hors stock
Ajouter au panier
Description

Extrait

1/   J’avais suivi avec une sourde inquiétude toute cette conversation. J’évoquais la voix brève de Maréchal, ses recommandations presque dramatiques, ses allusions à l’étrange association d’Archibald Dood et de Rudy le Rouge, ses conseils de méfiance devant un dangereux mystère. Et la désinvolture de Diana m’ahurissait et me troublait à la fois. Fallait-il mettre James en garde ? Le moment me paraissait mal choisi. Je le voyais envelopper Miss Dood de sa somptueuse hermine avec des soins qui étaient moins d’un homme du monde que d’un admirateur et presque d’un amoureux. Devais-je d’un mot détruire le charme ? Et comment mon intervention serait-elle comprise ? Déjà Diana s’éloignait avec Muriel, se déclarant désireuse d’aller respirer sur le pont avant de gagner sa cabine. James s’approchait de moi. J’étais prêt à parler. Puis, lâchement, devant son sourire extasié, je renonçai.

   - Dites-moi, dit-il, est-il vrai que le service d’immigration fait procéder à un examen sanitaire rigoureux ?

   - Rien de plus vrai, vieux camarade, répondis-je en riant. A mon dernier voyage un médecin m’a retourné les paupières.

   - Vous plaisantez ?

   - Je dois dire que je voyageais comme immigrant. Mais votre faible constitution et votre teinte de moribond, vous pouvez vous attendre à tout.

   James eut un rire forcé qui m’étonna.

   Diana et ma femme nous appelaient d’un geste :

   - Allons voir, dit Muriel, les lumières de Long Island. Il est quatre heures du matin. Nous devons mouiller dans l’Hudson vers six heures.

   - Déjà, dit James, ému. Je croyais que nous n’arrivions que dans la matinée.

 

2/   Tandis que je lisais, Pox s’assit sur un coin du bureau et, ses jambes pendantes, m’expliqua avec une évidente satisfaction :

   - Il n’est pas certain que cet entrefilet soit lu, mais je suis en règle. Par contre, tout le monde aura vu la photo et la manchette dans les journaux du soir, et votre ami aura du mal à dissimuler sa silhouette de six pieds. J’ai déjà reçu quarante-huit indications que l’on est en train de vérifier.

   - Vous avez donc la preuve que James Astor est aux Etats-Unis ?

   - Moi, pas du tout, mais j’ai télégraphié à tous les bateaux qui ont quitté le port depuis l’arrivée de Normandie. Il n’a été trouvé à bord d’aucun d’eux. Et, comme il n’a pu traverser l’Atlantique à la nage, il faut qu’il soit chez nous ou qu’il soit mort.

   Je ne pus que m’incliner devant ces déductions irréfutables, et je me disposais à quitter Pox quand il m’arrêta d’une question.

   - Qui, selon vous a volé le carnet rouge ?

   - Je ne sais pas. N’importe qui…

   - Non, seule Diana Dood en connaissait l’existence et si Rudy le Rouge a été mis au courant, ce ne peut être que par elle.

   Je me mis à rire ironiquement :

   - Vous voyez ? Et pourquoi soupçonner ces deux-là et eux seuls ? J’ai le regret de vous informer que vous pouvez chercher le coupable parmi tous mes visiteurs, car vous ignorez un détail, James était un bavard. Il montrait son carnet rouge à tout le monde et je pense que tous les passagers de première de Normandie lui ont entendu dire qu’il avait réuni là-dedans de quoi éblouir tous les mauvais garçons des USA. Votre raisonnement ne tient pas debout.

   Pox prit un air déconfit qui me donna une revanche intérieure. J’avais menti à mon tour et j’étais soulagé. Mais, après tout, pouvait-on m’accuser de mensonge ? Bluff contre bluff, je jouais le jeu, tout simplement.

 

Descriptif

Editions Librairies des Champs-Elysées Le Masque série Emeraude 24 année 1940, état général moyen, une déchirure sur la page blanche de garde, couverture souple, tranche et dos moyennement marqués et passés, pages jaunies, tranches des pages moyennement salies, livre d’occasion broché format poche de 11,8x17,5 cm, 256 pages

Produits pouvant vous intéresser