Folio

GARY Romain – Chien Blanc

Réf: rf-f50
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Description

Extrait

1/   Je commençais à éprouver ce malaise bien connu de tous ceux qui sentent grandir autour d’eux une vérité pénible, de plus en plus évidente, mais qu’ils refusent d’admettre. Une coïncidence, me disais-je. Je me fais des idées. Je suis obsédé par le « problème ».

   Mon malaise devint un véritable désarroi lorsque le livreur d’un supermarché faillit se faire égorger par Batka. Au moment où j’ouvrais la porte, Batka était couché au milieu de la pièce, et d’un seul coup, dans ce silence prémédité et sournois qui recherche la surprise dans l’attaque, il avait sauté à la gorge de l’homme. Il s’en était fallu d’une seconde : j’avais tout juste eu le temps de refermer la porte d’un coup de genou.

   Le livreur était un Noir.

   Le jour même, j’embarquai la bête dans ma voiture et la conduisis dans le zoo de Jack Carruthers, le « Noah’s Ranch », dans San Fernando Valley. Je connaissais bien Jack Carruthers, un ancien cow-boy de l’écran, spécialisé depuis longtemps dans le dressage des animaux pour le cinéma. Son ranch s’enorgueillit entre autres d’une fosse à serpents où vous pouvez trouver les reptiles venimeux les plus représentatifs de l’Amérique. Jack et ses assistants extraient le venin nécessaire à la préparation des sérums. La fosse aux serpents est un endroit que j’évite soigneusement, lorsque je me rends au ranch : en regardant ce qui y grouille, on a l’impression de contempler le fameux subconscient collectif de Jung, ce subconscient de l’espèce dans laquelle nous tombons en naissant et c’est un spectacle assez déprimant.

 

2/   Je constate encore une fois que je ne me sens pas plus à l’aise en Amérique qu’en France. J’aime trop ce pays. J’y ai vécu trop longtemps pour m’y sentir un étranger.

   Je téléphone à mon agent et le charge e m’arranger un reportage au Japon. J’avais déjà été au Japon et, malgré la brièveté de mon séjour, c’est un des rares pays du monde où je me sois senti vraiment un étranger. Un merveilleux sentiment de ne pas être dans le coup. Il y avait une barrière de langage formidable, qui vous tenait délicieusement éloigné. Je dus partir trop rapidement, mais je commençais à éprouver pour les Japonais cette sympathie que l’on peut ressentir seulement envers ceux qui vous semblent totalement différents de vous-mêmes.

 

3/   Résumé

   « C’était un chien gris avec une verrue comme un grain de beauté sur le côté droit du museau et du poil roussi autour de la truffe, ce qui le faisait ressembler au fumeur invétéré sur l’enseigne du Chien-qui-Fume, un bar-tabac à Nice, non loin du lycée de mon enfance.

   Il m’observait, la tête légèrement penchée de c$oté, d’un regard intense et fixe, ce regard des chiens de fourrière qui vous guettent au passage avec un espoir angoissé et insupportable.

   Il entra dans mon existence le 17 février 1968 à Beverly Hills, où je venais de rejoindre ma femme Jean Seberg, pendant le tournage d’un film. »

 

Descriptif

Editions Folio 50 année 2011 ISBN 9782070360505, Bon état général, couverture souple, tranche et dos un peu marqués et passés, intérieur assez frais, tranches des pages un peu salies, livre d’occasion broché format poche de 11x17,8 cm, 224 pages

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