Fayard

GIROUD Françoise – Les taches du léopard

Réf: rf-ffgtl
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Description

Extrait

1/   J’ai fait la connaissance de Denis quelque dix ans après cette soirée mémorable, à Londres où il avait remonté avec succès une grande galerie d’art sur le déclin. Sa compagne, une Anglaise ravissante, portait un gros chignon blond croulant… J’étais venue lui acheter une toile de David Hockney pour le compte d’un collectionneur français qui en raffolait.

   Je le trouvai sympathique, dur dans le marchandage, comme il est normal, mais sympathique. J’étais étonnée mais contente de tomber sur un interlocuteur français.

   Je les ai invités tous deux à dîner ay Connaught, un peu vieux jeu, mais incomparable. Cette année-là, comme toujours, il y avait à Londres une floppée d’expositions plus attirantes les unes que les autres. Le problème, pour se rendre de l’une à l’autre, était la circulation, insensée, et le métro en panne une heure sur deux. Denis me proposa sa voiture et son chauffeur :

   - Vous avancerez lentement, me dit-il, mais prenez vos journaux, faites votre courrier, et le temps passera très bien. Je vous accompagnerai aux Vermeer.

   Pendant ces quelques jours où je restai à Londres, j’ai eu l’impression que nous semions les graines de ce qui pourrais devenir une amitié. Il adorait le jazz, le meilleur. Il était insomniaque et passait le plus clair de ses nuits dans un club où jouait un pianiste génial auquel il demandait en arrivant Lonely Woman. C’était un rite, en hommage à Ornett Coleman. J’ai vu tout de suite qu’il s’y connaissait. Le jazz, on ne peut l’écouter à côté d’un plouc. On communiait.

 

2/   Ils n’en avaient pas fini avec Michael Stern. Pour les obliger à l’écouter, le lendemain, il s’incrusta à la galerie. Comment l’évacuer ? Sarah avait peur de lui. Alors Denis essaya, entre deux clients, de lui faire entendre raison par la manière douce. Que voulait-il, à la fin ? On ne peut pas obliger un homme de trente-cinq ans qui ne vous connaît pas à vous aimer : était-il incapable de comprendre cela ?

   - Je comprends, je comprends, finit par dire Michael Stern après de longues tergiversations, mais cet homme dont vous dites qu’il ne peut pas m’aimer est mon fils, et je veux que mon fils dise le kaddish sur ma tombe. Sinon, mon âme ne trouvera jmais le repos.

   - Je ne connais pas le kaddish, mais je l’apprendrai et je le dirai sur votre tombe, je vous en fais la promesse, répondit Denis. Maintenant, il faut que vous partiez, que vous rentriez chez vous. Où est-ce chez vous ? A Boston ? Vous avez votre billet ? Le vol est à quelle heure ? Venez, le chauffeur va vous conduire à l’aéroport, il vous aidera s’il y a la moindre difficulté…

 

3/   Résumé

   Denis Sérignac est un jeune homme heureux comme on peut l’être à vingt ans. Il aime la vie et la croque à belles dents.

   Un soir, quelque chose se fane dans son univers, il apprend qu’il est un enfant adopté : un enfant de l’Assistance publique, né sous X, c’est-à-dire que le nom de sa mère naturelle est inconnu et qu’il est interdit de chercher à percer cet anonymat.

   Ses parents adoptifs ont été parfaits, il les aime et en est aimé, mais il supporte mal l’idée qu’il y a quelque part une femme qui est sa mère et qu’il ne peut la connaître. Il la retrouve naturellement et là, il fait une nouvelle découverte : c’est qu’elle est juive. Dès lors, il l’est aussi.

   Ce n’est plus une tragédie d’être juif, et d’ailleurs il ne le prend pas comme ça. Ce sera une péripétie dans sa vie, mais qui suppose d’assumer une nouvelle identité.

   En fait, la sienne sera toujours double, parce qu’on ne change pas de souvenirs, de culture, d’attachements en changeant de paroisse. C’est à la fois lourd et fécond. Des femmes – Marie, Sarah, Bess – l’aideront à porter cette croix dans une vie par ailleurs fort agréable, parce qu’il est un marchand d’art de bonne réputation.

   Un illuminé antisémite le tue d’un coup de poignard. Peut-être sa mère avait-elle raison de penser qu’il n’y a pas de place sur la Terre pour un juif heureux ? Denis exigera d’être enterré dans le caveau de sa famille adoptive, avec une bénédiction du curé. Dans la mort, il rentre chez lui.      

 

Descriptif

Editions Fayard de 2003 ISBN 2213615047, Assez Bon état général, couverture souple, tranche et dos moyennement marqués, intérieur assez frais, tranches des pages un peu salies, livre d’occasion broché grand format de 13,8x21,6 cm, 264 pages

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