Le livre de poche

GRIMBERT Philippe – Un secret

Réf: re-ldp30563
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Description

Extrait

1/   Mes parents, mes bien-aimés, dont chaque muscle avait été poli, comme ces statues qui me troublaient dans les galeries du Louvre. Plongeon de haut vol, gymnastique sportive pour ma mère, lutte, agrès pour mon père, tennis, volley pour tous les deux : deux corps faits pour se rencontrer, s’épouser, se reproduire.

   J’en étais le fruit, mais avec une jouissance morbide je me plantais devant le miroir pour inventorier mes imperfections : genoux saillants, bassin pointant sous la peau, bras arachnéens. Et je m’effarais de ce trou sous le plexus dans lequel aurait tenu un poing, creusant ma poitrine comme l’empreinte jamais effacée d’un coup.

   Cabinets de médecins, dispensaires, hôpitaux. Odeur de désinfectant couvrant à peine l’aigre sueur d’angoisse, atmosphère délétère à laquelle j’ajoutais mon obole, toussant sous le stéthoscope, offrant mon bras à la seringue. Chaque semaine ma mère m’accompagnait dans l’un de ces lieux devenus familiers, m’aidait à me dévêtir pour confier mes symptômes à un spécialiste qui se retirait ensuite avec elle pour une conversation chuchotée. Résigné, assis sur la table d’examen j’attendais le verdict, intervention à prévoir, traitement de longue durée, au mieux vitamines ou inhalations. Des années passées à soigner cette anomalie défaillante. Pendant ce temps, insolemment, mon frère exhibait ses épaules carrées, le hâle de sa peau sous son duvet blond.

 

2/   Dès le lendemain, rue du Bourg-l ’Abbé,  je racontais tout à ma vieille amie. A mes parents, j’avais servi une version qui m’évitait d’évoquer le documentaire : une bagarre dans la cour de récréation suite à un stylo volé, celui que j’avais reçu la veille en cadeau d’anniversaire. J’ai surpris une lueur d’étonnement dans l’œil de mon père, mêlée d’un rien de satisfaction : son fils serait donc capable de se battre ?

   A Louise j’ai dit la vérité, à elle seule je pouvais la dire. Je lui ai raconté la projection, je lui ai parlé des montagnes, je lui ai décrit la femme de caoutchouc, je lui ai dit comment j’avais lavé l’injure qui lui avait été faite. Mais je ne lui ai pas parlé de mon rire. J’ai avancé dans mon récit et soudain, submergé par l’émotion, j’ai pleuré devant Louise comme je ne l’avais jamais fait devant personne. Son visage s’est défait, elle m’a saisi dans ses bras et je me suis laissé aller, ma joue contre sa blouse de nylon. Bientôt j’ai senti des larmes mouiller mon front, surpris j’ai relevé la tête : Louise pleurait elle aussi, sans retenue. Elle m’a écarté d’elle pour me regarder, comme si elle s’interrogeait sur une décision à prendre, puis elle a souri et m’a parlé.

 

3/   Résumé

   Souvent les enfants s’inventent une famille, une autre origine, d’autres parents.

   Le narrateur de ce livre, lui, s’est inventé un frère. Un frère aîné, plus beau, plus fort, qu’il évoque devant les copains de vacances, les étrangers, ceux qui ne vérifieront pas… Et puis un jour, il découvre la vérité, impressionnante, terrifiante presque. Et c’est alors toute une histoire familiale, lourde, complexe, qu’il lui incombe de reconstituer. Une histoire tragique qui le ramène aux temps de l’Holocauste et des millions de disparus sur qui s’et abattue une chape de silence.

   Avec un secret, couronné en 2004 par le Prix Goncourt des lycéens et en 2005 par le Grand Prix des lectrices de Elle, Philippe Grimbert démontre avec autant de rigueur que d’émotion combien les puissances du roman peuvent aller loin dans l’exploration des secrets à l’œuvre dans nos vies.

   « Un texte splendide qui donne à lire l’indicible. » Philippe-Jean Catinchi, Le Monde des Livres.

 

Descriptif

Editions Le Livre de poche 30563 année 2017 ISBN 9782253117186, Bon Etat général, couverture souple, tranche et dos légèrement marqués et passés, intérieur frais, tranches des pages un peu salies, livre d’occasion broché format poche de 11,3x17,8 cm, 192 pages

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