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HARRISON Jim – Un bon jour pour mourir

Réf: re-1018de1988
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Description

Titre original « A good day to die » Jim Harrison, 1973.

Traduit de l’américain par Sara OUDIN

Extraits

1/   Je me réveille. Dans une confusion totale. Qu’est-ce que c’est que ce bruit ? Le visage de Tim s’encadre dans la vitre de la voiture. Le jour s’est déjà levé. Mon oreille est toujours appuyée contre sa hanche et ma tête est légère. Tim, qui fume une cigarette, a l’air un rien mal à l’aise. Sa cicatrice ressort davantage. Il est pâle et fatigué. La tête à moitié engagée dans la portière, il regarde la fille endormie. Blonde en haut et brune en bas. Tromperie. Je me frotte le visage et je m’extirpe de ses bras, mais elle reste inerte. Je prends mes vêtements sur le siège avant et je me glisse dehors. La plupart des voitures sont encore là, mais elles sont toutes recouvertes de rosée. Je m’habille et j’allume une cigarette.

   - On peut dire que tu as du pot, murmura Tim ne matant la fille.

   - Je ne savais pas qu’elle était si jolie.

   Malgré mes efforts, je n’arrivais pas à me souvenir de quoi que ce soit d’agréable, si ce n’est la courbe de ses reins, quand elle avait grimpé à l’échelle, sous le projecteur, avec des gouttes d’eau qui perlaient sur sa peau. Et une sorte de halo nostalgique.

   Nous marchâmes en direction de la maison. Tim me raconta qu’il avait sniffé quelques lignes de cocaïne mais qu’elle n’était pas très bonne. Et puis quelqu’un avait mis presque une capsule entière de poudre dans une gigantesque pipe à eau et les gens avaient quasiment sombré dans le coma. Quel pied ! Dans la cuisine, la grosse fille que nous avions emmenée avait préparé du café, que je n’aimais pas du tout, mais que je bus quand même. Cela me donna l’impression d’avoir à nouveau sept ans. Ma moustache sentait la mer.

   - Où avez-vous donc disparu, Marylin et toi ? demanda-t-elle.

   - Il est allé prendre sa dose de protéine, lança Tim en riant. Je le soupçonnais d’avoir avalé encore quelques pilules. Ses doigts tambourinaient sur la table et il gigotait sans cesse autour de la pièce.

   Je m’approchai de l’évier pour me laver le visage. Même l’eau sentait mauvais. Je pris un glaçon de la carafe de jus d’orange et le fis tomber dans mon café. Les éclaboussures me brûlèrent la main. La première sensation de la journée.

   - Personne ne va à Miami ?

 

2/   Frank arriva avant le dîner et Rosie et lui s’enlacèrent pendant quelques minutes. Puis elle l’abandonna pour retourner à ses fourneaux. Il m’observait d’un air plutôt renfrogné, comme si nous étions rivaux, dans une course à la médaille. Je lui offris un peu de Wild Turkey, de la bouteille que j’avais achetée une heure plus tôt et que j’étais en train de siffler nerveusement pour lutter contre l’impression que je me trouvais au mauvais moment, à la mauvaise place, et que ce décalage pouvait être fatal. Sylvia et Tim s’étaient absentés pendant plusieurs heures pour aller acheter le lecteur de cassettes, et la musique résonnait maintenant dans la voiture. Frank me dévisagea en saisissant la bouteille pour boire au goulot. Sa pomme d’Adam montait et descendait.

   Frank ressemblait à un dindon coupable, avec un visage émacié et jaune. Jadis on l’aurait sans doute traité de « ravagé ». Il me faisait penser à ces Anglais dégénérés, si nombreux à partir du XVIIIe siècle, à cause de la malnutrition et de cette reproduction en chaîne qui est à l’origine des monstres génétiques chez les animaux domestiques. Le Sud. D’une certaine manière, des gens plus chaleureux que dans le Nord. Mais, curieusement, un plus grand potentiel de méchanceté. Le chancre est à ciel ouvert et l’imagination se perd dans cette course effrénée à l’argent, pourtant plus inventive et malicieuse. Dans le Nord, Frank aurait travaillé à l’usine Buick de Flint et ses revenus auraient représentaient une petite fortune dans le comté de Harlan, Kentucky.

   Peut-être le froid stimule-t-il nos ressources en matière d’économie. Tout en fixant le col ambré de la bouteille de Wild Turkey, je me souvenais de ces petits matins bleus et glacés à l’époque où je distribuais des journaux, dans une petite ville dont les chemins étaient trop verglacés pour que je puisse utiliser ma bicyclette. Les voitures avaient toutes des pneus neige et les chaînes cliquetaient.

 

Descriptif

Editions 10 18 Domaine Etranger 1988 année 2012 ISBN 9782264036711, état général assez bon, couverture souple, tanche et dos un peu marqués et passés, un coin corné, intérieur assez frais, tranches des pages moyennement salies, livre d’occasion broché format poche de 11x18 cm, 224 pages

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