KOSZTOLANYI Dezsö – Le traducteur cleptomane et autres histoires

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Description

Texte français de Maurice REGNAUT en collaboration avec Péter ADAM

Dans ce recueil

- Le traducteur cleptomane

- L’argent

- Le contrôleur bulgare

- La ville franche

- La disparition

- Le pharmacien et lui

- Misère

- Le manuscrit

- Le président

- Le chapeau

- La dernière conférence

 

Extraits

1/   Le contrôleur bulgare

   - C’est une chose qu’il faut que je vous raconte, dit Kornél. L’autre jour, nous étions entre amis, quelqu’un a déclaré que jamais il ne voyagerait dans un pays dont il ne parle pas la langue. Et je lui ai donné raison. Moi aussi, quand je voyage, c’est avant tout les gens qui m’intéressent. Beaucoup plus que les pièces de musée. Si je ne fais que les entendre parler sans les comprendre, le sentiment me saisit d’être en quelque sorte atteint de surdité intellectuelle, comme si on projetait devant moi un film muet, sans accompagnements musical et sans panneaux explicatifs. Ce qui est énervant et ennuyeux.

   Ce développement à peine achevé, il m’est venu à l’esprit que tout le contraire était tout aussi valable, comme pour toute chose en ce monde. C’est un plaisir mais diabolique, que d’aller et venir à l’étranger, quand le brouhaha des bouches nous laisse indifférents et que nous fixons stupidement quiconque nous interpelle. Quelle solitude distinguée, mes amis, quelle indépendance et quelle irresponsabilité ! Nous nous sentons d’un coup redevenus nourrissons, enfants sous tutelle.

 

2/   L’argent

   C’était vers l’aube, nous étions dans une boite de nuit. L’orchestre nègre faisait une pause. Nous, nous bâillions.

   Kornel Esti me chuchote à l’oreille :

   - Vite, passe-moi cinq pengös.

   Il paie, puis il me dit :

   - C’est drôle.

   - Qoui donc ?

   - Cette expression : « ennuis d’argent ». On croirait que c’est l’argent qui est la cause de ces ennuis. Alors que c’est non pas l’argent, mais le manque d’argent, au contraire, le désargentement. Dis-moi – il s’est retourné vers moi d’un air vivement intéressé -, toi qui d’habitude occupes tes heures creuses à faire aussi de la linguistique, existe-t-il une expression qui fasse sentir que l’argent quelquefois peut lui-même être une charge ?

 

3/   4e de couverture

   Comme Kornel Esti, son personnage favori et son propre double, Kosztolanyi vécut à Budapest aussi solitaire qu’il l’aurait été n’importe où ailleurs. Auteur à succès, fêté il restera pourtant l’un des écrivains les plus isolés de sa génération.

   Dans ce recueil, chaque aventure de Kornel Esti est racontée avec une drôlerie sarcastique. Mais qui est donc ce Kornel Esti ? « Héros » dans une nouvelle, narrateur dans une autre, ou bien encore les deux à la fois, ce noctambule, cet habitué des arrière-salles de café est un être on ne peut plus énigmatique et contradictoire. Qu’il soit homme du monde voyageant en avion, écrivain célèbre se déplaçant en train express ou poète famélique vivotant dans de misérables garnis, qu’il soit farceur cynique et capricieux, ou l’ami compatissant et secourable, c’est l’éternel déraciné de passage, sans foyer, sans attaches, au-delà des conventions, c’est l’homme qui a beaucoup vécu, qui, comme on dit « connaît la vie », et pour lequel en définitive il n’est au monde qu’une seule valeur, laquelle a pour nom « littérature ».

 

Descriptif

Editions Alinéa année 1985 ISBN 290463116X, état général assez bon, couverture souple, tranche et dos un peu marqués et passés, intérieur assez frais, tranches des pages moyennement salies, livre d’occasion broché moyen format de 12,2x19,3 cm, 144 pages.

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