Gallimard

LAWRENCE D.H. – L’homme qui était mort

Réf: re-gdhlhqem
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Description

Traduit de l’anglais par Jacqueline DALSACE et Drieu la Rochelle

Préface de Drieu la Rochelle

Extraits

1/ Extrait de la préface de Drieu la Rochelle

   Voici un conte philosophique, pourrait-on dire. On pourrait le dire si l’auteur n’en était pas un romancier anglais. Bien que cette fable prenne son point de départ dans la légende fertile en symboles d’un dieu et qu’elle prodigue les complaisances autour de quelques-uns des thèmes moraux qui ont illustré l’œuvre de D.H. Lawrence, l’intérêt porté à un caractère particulier l’emporte si bien dans ses meilleurs endroits que nous hésitons à retenir cette dénomination de conte philosophique au pays de Villiers de l’Isle-Adam, d’Anatole France, de Voltaire pour qui, au contraire, la parole resta dans toutes leurs pages plus importante que le porte-parole.

   Non, décidément, ce n’est pas un conte philosophique. Mais, comme Lawrence a sans doute prétendu en écrire un, cette intention l’a aidé du moins à ne jamais tomber dans l’espèce l’allégorie autobiographique qu’il frôle parfois. D’ailleurs, il avait trouvé dans l’idée d’une seconde vie du Christ un de ces sujets qui conviennent si parfaitement à un écrivain, où il peut si heureusement transposer le fond de ses propres expériences, le rythme de sa vie, qu’aussitôt la plume en mouvement, toutes ses velléités subjectives s’évanouirent et, ayant reconnu dans son héros un frère, il effaça volontiers ses propres particularités devant celles, nombreuses et frappantes, d’un parent qui témoignerait si sûrement pour lui de l’essentiel.

 

2/   L’homme vêtu de blanc foula la pièce de terre battue, apportant d’étranges parfums. Le paysan referma la porte du dehors et, traversant son intérieur, gagna la cour où l’âne attendait, entre de hauts murs, à l’abri des voleurs. Là le paysan, dans la plus grande agitation, rattacha le coq. L’homme au visage de cire s’assit sur une natte près du foyer, car il était épuisé et à peine conscient. Pourtant il entendit le paysan parler à voix basse avec sa femme, car elle avait tout vu de la terrasse de la maison. Maintenant ils entraient, et la femme cacha son visage. Elle versa de l’eau et posa du pain et des figues sèches sur un plat de bois.

   - Mange, Maître ! dit le paysan. Mange, personne n’a vu.

   Mais l’étranger ne désirait aucune nourriture. Cependant, il trempa un peu de pain dans de ‘eau et le mangea : la vie doit être. Mais tout désir était mort en lui, même celui de manger et de boire. Il s’était levé sans aucun désir, pas même le désir de vivre, vide de tout sinon de l’écrasante désillusion qui restait au fond de lui, à la place même de sa vie, écœurante. Pourtant, peut-être, plus profonde même que la désillusion, il y avait en lui une résolution sans désir, au-delà de la conscience.

 

Descriptif

Editions Gallimard L’imaginaire 6 de 1981, Assez Bon Etat général, couverture souple, tranche et dos un peu passés et marqués, intérieur assez frais, tranches des pages un peu salies, livre d’occasion broché moyen format de 12,6x19,2 cm, 196 pages

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