Traduit de l’américain par William Olivier DESMOND

Titre original  « The girl of his dream » Donna Leon, 2008

Extrait

1/   La foi soulevait peut-être des montagnes, mais Brunetti ignorait toujours pour quelle raison le prêtre était venu le voir à la questure. Antonin avait essayé de se placer sous un éclairage flatteur en évoquant le sort tragique des Congolais, mais même une pierre aurait pris ces malheureux en pitié. Brunetti s’interrogeait sur cet homme qui paraissait croire qu’il faisait preuve d’une sensibilité particulière en tenant de tels propos.

   Brunetti ne réagit pas. Le prêtre resta immobile et silencieux, s’imaginant peut-être que sa dernière remarque – qui avait sonné aux oreilles de Brunetti comme la pire des pieuses platitudes – était tellement profonde qu’elle ne méritait que des félicitations silencieuses.

   Le policier laissa le silence se prolonger. Il n’avait aucun service à demander au prêtre et il le laissa mijoter sur sa chaise. « Comme je te l’ai dit, j’aimerais te parler du fils de cette personne, finit par déclarer Antonin. 

   - Bien sûr, répondit Brunetti d’un ton neutre. Qu’a-t-il fait ? »

   Antonin pinça les lèvres et secoua la tête, comme s’il venait de se voir poser une question à laquelle il aurait été trop difficile, sinon impossible, de répondre.

   « Ce n’est pas tant qu’il a fait quelque chose. Mais plutôt qu’il a l’intention de faire quelque chose », finit-il pas dire.

   Brunetti se mit à envisager les possibilités : le jeune homme (il devait s’agir d’un jeune homme) envisageait de commettre un délit, voire un crime. Ou bien il s’était acoquiné avec des personnes qu’il aurait mieux valu pour lui ne pas fréquenter. Il s’agissait peut-être d’une affaire de drogue.

   « Et qu’est-ce qu’il a l’intention de faire ? demanda Brunetti.

   - De vendre son appartement. »

2/   Reprenant le chemin de l questure, Brunetti réfléchit à ce que le prêtre lui avait dit. Après des dizaines d’années passées à étudier des crimes, mais aussi à observer le quotidien, sa capacité à faire instinctivement confiance à quelqu’un s’était émoussée. Peut-être était-ce une question de choix, de la même façon que la comtesse choisissait la foi au mépris de son expérience.

   Le bon sens lui rappela que parmi ce qu’on lui avait dit, rien ne rendait Antonin suspect à un titre ou à un autre. En réalité, il s’était contenté de donner sa bénédiction lors de l’enterrement de la mère d’un ami : qu’est-ce qui empêchait donc Brunetti de n’y voir qu’un simple geste de générosité ? Quelque décennies auparavant, Antonin avait eu des rapports rugueux avec lui et depuis, il était devenu prêtre.

   En dépit de la foi qui animait sa mère, Brunetti était pétri d’anticléricalisme. Depuis la guerre, son père n’avait que mépris pour le pouvoir, et ne disait que du mal du clergé. Sa mère ne s’était jamais opposée aux convictions de son mari, et elle-même n’avait jamais eu le moindre mot positif sur le clergé, alors qu’elle était femme à toujours trouver quelque chose de gentil à dire sur les gens – et même, une fois, sur un politicien.

3/   Résumé

   Des cheveux soyeux encadrent son visage d’enfant, sa robe blanche ondule autour d’elle. Elle a onze ans, son corps flotte dans un canal de Venise. Qui est-elle ? Seuls indices sur son identité : des bijoux trouvés dans ses vêtements. Meurtre ou accident ? La petite noyée hante les rêves de Brunetti. Il part sur ses traces et s’aventure en territoire inconnu : les camps de Roms en marge de la ville.

   « D’une rive à l’autre, d’une page à l’autre, le suspense est tenu… et on frémit de plaisir. » Madame Figaro.

Descriptif

Editions Points P2742 année 2012 ISBN 978782757826492, Bon Etat général, couverture souple, tranche et dos légèrement marqués et passés, intérieur assez frais, tranches des pages un peu salies, livre d’occasion broché format poche de 11x18 cm, 336 pages