Illustrations de Gilbert MAUREL
Titre original « The sea wolf »
Traduit de l’anglais par Georges BERTON
Extraits
1/ Tout aussi soudainement qu’elle avait commencé, la colère de Loup s’apaisa. Il alluma un nouveau cigare et promena autour de lui son regard. Ses yeux rencontrèrent Mugridge, qui, depuis la porte de sa cuisine, continuait à m’observer.
- Dis donc, cuistot…
La voix du capitaine était douce et tranchante à la fois, comme le fil d’un rasoir bien affûté.
- Voilà, capitaine. A votre service, capitaine, répondit l’autre, toujours aussi servile.
- Tu ne devrais pas tendre le cou comme cela. C’est mauvais pour la santé. Mon second vient de partir ; je voudrais garder au moins mon cuisinier. Il faudra prendre grand soin de toi, cuistot, tu m’as compris ?
- Oui, capitaine.
Et le coq disparut dans sa cabine comme un diable dans sa boîte. Le reste de l’équipage n’avait guère prêté attention à ce discours. Chacun vaquait à sa besogne, comme s’il n’y avait pas eu la mort du second. A ‘arrière cependant, se tenait un petit groupe d’hommes immobiles. Ils parlaient à mi-voix. Leur allure ne les désignait pas comme faisant partie de l’équipage. Je sus par la suite que c’était l’équipe des chasseurs de phoques.
- Johansen ! hurla le capitaine.
Aussitôt, un matelot s’avança.
- Va me chercher ton gant à coudre et ton aiguille. Et fourre-moi ce bougre-là dans un sac de toile. Il y a tout ce qu’il faut dans la soute à voile. Débrouille-toi.
- Oui, capitaine. Bien sûr. Est-ce qu’il faudra le lester aux pieds ?
2/ Entre-temps, Harrison avait commencé à grimper. Je suivais son ascension de la porte de ma cuisine. Même à distance, je le voyais trembler. Il progressait lentement, centimètre par centimètre. Sa silhouette se détachait sur le ciel bleu comme celle d’une araignée tissant sa toile. Il grimpait presque à pic, prenant appui des pieds et des mains sur les drisses fixées aux vergues et au mât. A mi-course, Harrison fut surpris par un brusque mouvement du Fantôme plongeant dans la houle. Il cessa de grimper et se cramponna aux cordages de toutes ses forces. D’en bas, je pouvais voir sa figure se crisper sous la tension douloureuse des muscles. Avec un claquement sec d’artillerie, la grand-voile faseya, alors qu’Harrison avait repris son ascension vertigineuse. Le vent tomba. La voile se vida d’un coup ; Harrison fut surpris par le brusque relâchement des drisses et perdit prise, d’une main d’abord, de l’autre main ensuite.
Le corps piqua dans le vide. Par un réflexe désespéré, Harrison s’accrocha des jambes, il réussit et resta pendu, la tête en bas. D’un coup de reins, il réussit à se redresser et reprit sa position première.
- Attention, Johansen, cria le capitaine. Si jamais il tombe, tu es juste dessous. Tombera. Tombera pas. Il n’aura pas grand appétit ce soir, de toute façon…
Harrison s’était arrêté à nouveau. Il était livide, comme s’il avait eu le mal de mer. Près de moi, Johnson grommelait, dans son anglais laborieux et correct.
- Ce garçon est plein de bonne volonté. Il ne demande qu’à apprendre son métier. Mais il faudrait lui laisser sa chance… Ce qui se passe est un ass…
- Boucle-la ! murmura Louis. Si tu aimes ta mère, boucle-la !
3/ résumé
La raison du plus fort : telle est la devise de Loup Larsen, capitaine de la goélette phoquière Le Fantôme. Violent, brutal, ne vivant que pour dominer les autres, Loup terrorise son équipage. Recueilli à la suite d’un naufrage, Humphrey Van Weyden, un homme de lettres, va être contraint de vivre dans l’enfer du diabolique Loup Larsen, le loup des mers.
Un fabuleux roman d’aventures en haute mer, le duel de deux personnages fascinants que tout oppose. Un des premiers écrits de Jack London.
Descriptif
Editions Folio Junior 652 année 2016 ISBN 9782070618415, Bon état général, couverture souple, tranche et dos très légèrement passés et marqués, intérieur frais, tranches des pages un peu salies, livre d’occasion broché format poche de 12,7x18 cm, 288 pages
