Mercure de France

MAKINE Andreï – Le testament français

Réf: rf-mdfamtf
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Description

Dédicace manuscrite de l’auteur sur la page de garde

Extrait

1/   - Même le président en était réduit aux repas froids !

   C’était la toute première réplique qui résonna dans la capitale de notre France-Atlantide. Nous imaginions un vénérable vieillard – unissant dans ses traits la noble prestance de notre arrière-arrière-grand-père Norbert et la solennité pharaonique d’un Staline -, un vieillard à la barbe chenue, assis devant une table tristement éclairée par une bougie.

   La nouvelle avait été rapportée par cet homme d’une quarantaine d’années, œil vif et mine décidée, qui apparaissait sur les photos des plus vieux albums de notre grand-père. Accostant en barque le mur d’un immeuble, il redressait une échelle et grimpait vers l’une des fenêtres du premier étage. C’était Vincent, oncle de Charlotte et reporter de l’Excelsior. Depuis le début du déluge, il sillonnait ainsi les rues de la capitale à la recherche de l’événement clé du jour. Les repas froids du Président en étaient un. Et c’est de la barque de Vincent qu’était prise cette photo époustouflante que nous contemplions sur une coupure de presse jaunie : trois hommes dans une précaire embarcation traversant une veste étendue d’eau bordée d’immeubles. Une légende expliquait : « Messieurs les députés se rendent à la session de l’Assemblée nationale »…

   Vincent enjambait l’appui de la fenêtre et sautait dans les bras de sa sœur Albertine et de Charlotte qui se réfugiaient chez lui durant leur séjour à Paris… L’Atlantide, silencieuse jusque-là, se remplissait de sons, d’émotions, de paroles. Chaque soir, les récits de notre grand-mère libéraient quelque nouveau fragment de cet univers englouti par le temps.

 

2/   Charlotte quitta la mission dès son retour à Moscou. En sortant de l’hôtel, elle plongea dans la cohue bigarrée de la place et disparut. Au marché de Soukharevka où le troc était roi, elle échangea un cinq francs d’argent (le marchand estampilla la pièce avec sa molaire, puis la fit sonner sur la lame d’une hache) contre deux miches de pain qui devaient assurer les premiers jours de son voyage. Elle était déjà habillée comme une Russe, et à la gare, dans l’assaut violent et désordonné des wagons, personne ne fit attention à cette jeune femme qui, rajustant son sac à dos, se débattait dans les secousses frénétiques du magma humain.

 

3/   Résumé

   Ce roman, superbement composé, à l’originalité de nous offrir de la France une vision mythique et lointaine à travers les nombreux récits que Charlotte Lemonnier, « égarée dans l’immensité neigeuse de la Russie », raconte à son petit-fils et confident. Cette France, qu’explore à son tour le narrateur, apparait comme un regard neuf et pénétrant sur le monde.

   Andreï Makine, né en Russie, vit en France depuis huit ans. Il est l’auteur de trois romans, dont le plus récent Au temps du fleuve Amour.

 

Descriptif

Editions Mercure de France année 1995 ISBN 2715219369, Etat général Moyen, couverture souple, tranche et dos moyennement passés et marqués, intérieur assez frais, tranches des pages moyennement salies, livre d’occasion broché grand format de 14,2x22,7 cm, 312 pages

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